Une frégate canadienne reçoit l’ordre de ne pas aider des victimes de pirates

  • Dernière mise à jour le 21 août 2008.

L’équipage d’une frégate canadienne a eu un aperçu de la piraterie alors qu’il naviguait autour de la Corne de l’Afrique, en route pour sa mission d’escorte de cargaisons de nourriture vers la Somalie.

Au cours des 5 derniers jours, le HMCS Ville de Québec est passé à moins de 25 km de 2 porte-conteneurs pris en otage par des pirates somaliens.

"Sur notre radar, ... nous avions 2 navires dont nous savions qu’ils étaient occupés par des pirates," a déclaré jeudi le Cmdr. Chris Dickinson, le commandant de la frégate canadienne, au cours d’un entretien par téléphone depuis la frégate, accostée à Mombasa (Kenya).

"Donc la menace est réelle. C’est presque mystérieux de descendre la côte et de voir un contact radar avec un nom à côté ... et de savoir que ces navires sont retenus par des pirates."

Le bâtiment de guerre canadien a l’ordre de rester à l’écart des navires qui sont déjà retenus par des pirates.

"La vie des membres d’équipage est en danger, et des rançons (de millions de $) sont exigées des compagnies propriétaires," a expliqué le Cmdr. Dickinson.

"Le risque (de s’approcher trop près ou de tenter de contacter les navires attaqués) est que si nous les menaçons, ils peuvent penser que nous appartenons aux commandos de marine qui viennent pour tenter un sauvetage, et nous risquons d’avoir des otages morts."

Les pirates somaliens utilisent des embarcations rapides pour s’approcher des navires qu’ils prévoient d’attaquer.

"Ils connaissent visiblement très bien l’océan, ils sortent par une météo assez mauvais et s’arrangent pour aborder ces gros navires," explique le Cmdr. Dickinson.

"Généralement, ils menacent les navires de tirer des roquettes, des mortiers ou des armes de poing. Donc, ils montrent leur force, les forcent à ralentir et ils ont construit des échelles qu’ils accrochent sur le côté des navires pour embarquer."

Pendant les 6 prochaines semaines, le Ville de Québec va naviguer avec des cargaisons de nourriture de Mombasa à Mogadiscio. Le Programme Alimentaire Mondial avait lancé au début de l’été une demande d’aide urgente à cause des attaques de pirates dans les eaux somaliennes.

"Nous allons escorter cette première cargaison aujourd’hui," a indiqué le Cmdr. Dickinson.

"Nous allons ensuite rejoindre un gros navire venant d’Afrique du Sud et l’escorter vers Mogadiscio et revenir ici pour le 3è. Donc nous avons des journées très chargées devant nous."

Les pirates somaliens ont attaqué 24 navires cette année et 31 l’an dernier.

Mais le Cmdr. Dickinson est convaincu que les pirates ne vont pas s’attaquer aux navires sous sa protection.

"Il n’y a aucun pirate qui dispose des systèmes nécessaires pour s’attaquer à un bâtiment de guerre," a-t-il expliqué. "Il est simplement impossible qu’ils puissent essayer de faire ça."

"Aucun des navires des autres pays qui ont escorté les cargaisons du PAM n’a jamais vu de pirates," explique le matelot Tyler Hatfield, membre de l’équipe de visite du Ville de Québec qui va naviguer sur les navires transportant la nourriture.

"Pour de petites embarcations, un bâtiment de guerre de cette taille, qui est aussi bien armé, il est très improbable que des pirates l’approchent, et s’ils le font, je ne pense pense qu’ils s’approchent des navires du PAM. La présence visuelle va probablement les dissuader avant que quelqu’un ne fasse quoi que ce soit."

La combinaison des 35° et de l’humidité fait que la température ressentie approche les 50°, explique le marin qui porte environ 16 kg d’armes, de munition et de gilet parre-balles.

"Nous sommes sous l’Equateur, donc la chaleur est très forte pendant la journée," explique le marin de 30 ans.

"Il faut absolument s’assurer de boire beaucoup d’eau."

Le matelot Matthew Bergmann va aussi faire des quarts de 12 heures à bord des navires civils que le Ville de Québec escortera en Somalie.

"La frégate est la principale arme ; nous allons rester prêt pour protéger la nourriture et l’équipage," explique le matelot Bergmann.

"Nous pensons être prêts pour à peu près n’importe quel scénario, mais nous espérons toujours le meilleur."

Le bosco déclare qu’il est "absolument optimiste" à propos de la mission.

"Un seul navire est suffisant pour nourrir un million de persones," indique le marin de 22 ans. "Si on peut faire ça en un voyage, c’est merveilleux."

Source : The Chronicle Herald (Canada)