Essais du missile Bulava : persister dans l’erreur ?

  • Dernière mise à jour le 15 novembre 2008.

L’armée russe prévoit de reprendre à la fin de l’année les essais du missile Bulava, a indiqué un officier de l’état-major de la marine russe.

Le nouveau missile stratégique devrait entrer en service en 2009, en même temps que le nouveau sous-marin conçu pour le recevoir, le sous-marin nucléaire lanceur d’engins Yury Dolgoruky, classe Borei, projet 955.

Il est néanmoins clair que le Bulava, aussi connu sous les codes R-30 pour la marine russe, 3M30 pour le directorat des missiles et de l’artillerie du ministère de la défense, RSM-56 dans le traité START et SS-NX-30 dans la désignation OTAN, n’a pas pour l’instant répondu aux attentes, avec 4 échecs sur les 7 lancements, et le dernier "partiellement réussi" selon les informations officielles.

Les spécialistes citent un certain nombre de raisons pour ces problèmes, qui se sont produits lors de différentes phases du vol du missile, de quelques minutes après le lancement jusqu’au moment de la dispersion des têtes, ce qui indique que les composants du missile doivent être améliorés. La cause initiale serait que le projet de développement du missile Bulava a été attribué au Moscow Institute of Thermal Technology, qui ne s’est jamais occupé de missiles basés en mer.

Les défauts du Bulava peuvent probablement être corrigés, mais cela prendrait jusqu’à 3 ans et de 12 à 14 lancements d’essai. Cela retarderait par conséquent la mise en service des sous-marins du projet 955, affaiblissant la force nucléaire stratégique de la Russie, puisque 7 SNLE du projet 667BDR (Delta IV) seront désarmés jusqu’au milieu de la décennie. Les derniers devaient être progressivement remplacés par des sous-marins du projet 955.

Désormais, la marine russe répare les SNLE 667BDRM construits à la fin des années 80 et au début des années 90 et effectue actuellement des réparations et des modernisations, les missiles R-29RM étant remplacés par des Sineva R-29RMU2. Le récent lancement réussi, effectué à une distance record de 11.547 km, a montré le grand potentiel du bureau d’études Makeyev, traditionnellement spécialisé dans le développement des missiles balistiques.

En ce qui concerne les missiles Sineva et Bulava, il est clair que le transfert du développement des missiles navals au Moscow Institute of Thermal Technology a été une erreur. L’avantage douteux d’une standardisation avec les missiles Topol-M de l’armée de terre, qui est en fait impossible que ce soit en taille, en poids ou en aspect, a fait reculer le développement de plusieurs années et conduit à des dépenses importantes, dont on n’est même pas sûr qu’elles produisent un effet significatif. le seul avantage du Bulava sur le Sineva est une phase d’accélération plus courte, ce qui rend plus difficile une interception par l’ennemi.

Le Sineva, cependant, dispose d’un avantage important de part sa capacité d’emport de charge utile de 2.800 kg contre seulement 1.150 pour le Bulava. Il est aussi équipé d’un système de pénétration des défenses plus moderne. De plus, une portée de tir plus longue signifie que les sous-marins restent loin des bases navales et des avions de lutte anti-sous-marine de l’OTAN.

Une solution possible est de moderniser le SNLE Yury Dolgoruky, déjà à flot, et ses sister-ships encore en construction et de les équiper du missile Sineva, dont le diamètre leur permet d’être lancer depuis des tubes conçus pour le Bulava. Cependant, le Sineva est plus long, ce qui exigerait d’installer des tubes légèrement plus hauts.

Un obstacle plus sérieux pourrait être que le Bulava est lancé depuis un tube à sec avec des générateurs de gaz utilisant de la poudre solide, alors que le Sineva exige le remplissage préalable du tube avec de l’eau de mer.

Ce problème pourrait cependant être résolu. Certaines sources indiquent en effet que le bureau d’études Makeyev a développé une version du missile Sineva, qui utilise la technologie du "départ à sec". Si cette version est testée dans un avenir proche, le premier SNLE du projet 955 armé de missiles Sineva pourrait entrer en service en 2010.

Un autre avantage du Sineva est qu’il a atteint sa maturité de production, permettant au constructeur de lancer rapidement sa production et par conséquent, de remplacer à temps les SNLE du projet 667BDR.

Il est probablement temps de corriger les erreurs.

Par Ilya Kramnik, commentateur militaire de RIA Novosti

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celles de RIA Novosti.

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