Les missiles nucléaires britanniques pourraient exploser comme du popcorn

  • Dernière mise à jour le 28 juin 2008.

Un défaut de conception qui affecte l’arsenal nucléaire britannique signifie que les têtes nucléaires pourraient déclencher une réaction en chaîne "comme du popcorn" si elles tombaient accidentellement, selon des documents du ministère britannique de la défense.

Plus de 1.700 têtes nucléaires sont concernées par le problème qui pourrait les faire exploser l’une après l’autre, un effet connu sous le nom de "popcorning."

Un missile nucléaire Trident contient de 3 à 6 têtes nucléaires, et certains sous-marins transportent jusqu’à 24 missiles, ce qui veut dire que les dégâts potentiels pourraient être énormes.

Les concepteurs des têtes essaient d’empêcher les explosions accidentelles des têtes en les concevant pour être "sûres en un point unique" ce qui signifie qu’un choc soudain en un point unique ne devrait pas provoquer l’explosion du cœur de plutonium.

Le scénario typique verra la tête être lâchée du haut d’une grue pendant son chargement ou son déchargement à bord d’un sous-marin.

Cependant, un manuel de sécurité des armes nucléaires, rédigé par le surveillant interne du ministère de la défense et déclassifié le mois dernier, explique que cette conception standard du point unique pourrait ne pas être suffisante pour empêcher le "popcorning".

Le manuel, obtenu par le New Scientist, explique que les têtes devraient pouvoir résister à de nombreux impacts simultanés, ce qui "contribueraient à la prévention du popcorning et devrait être un objectif de conception".

Il recommande aussi de remplacer les explosifs hautement sensibles qui entoure le cœur de plutonium de la tête, parce que si un choc unique ne serait pas suffisant pour faire détonner le cœur, il déclencherait l’explosif.

Des explosifs moins sensibles sont disponibles mais ils sont plus lourds et plus volumineux que ceux actuellement utilisés, les têtes devraient donc être redessinées.

Selon le manuel, dans le pire des scénarios, les personnes situées à moins d’un kilomètre recevraient une dose de radiation de 100 sieverts — 16 fois la dose mortelle — bien que la gravité de l’explosion dépende de la forme des explosions des têtes.

La National Nuclear Security Administration du gouvernement américain a indiqué que concevoir de nouvelles têtes pour résister à des impacts multiples et passer à des explosifs moins sensibles "améliorerait" la sécurité mais a souligné que les têtes actuelles "étaient, sont et continuent d’être considérées comme sûres".

Un porte-parole du ministère britannique de la défense a indiqué que le popcorning était une "éventualité théorique" et que, en réalité, c’était "un scénario qui n’est pas crédible".

Tout risque éventuel est limité par la façon dont les missiles sont maniés, transportés et stockés, a-t-il ajouté.

Les spécialistes des armes nucléaires indiquent qu’un accident pourrait toujours arriver.

Philip Coyle du Center for Defense Information, explique qu’il y a toujours le risque que le procédures de sécurité soient ignorées et rappelle le chargement accidentel d’armes nucléaires sur des avions l’an dernier.

Stefan Michalowski, un scientifique de l’OCDE à Paris, qui a étudié dans les années 90 la sécurité des têtes nucléaires, s’inquiète des risques d’un événement extrême comme l’impact direct de coups de feu.

"L’explosion au port de l’ensemble des missiles d’un sous-marin serait une catastrophe inimaginable," déclare-t-il. "C’est une pensée très, très effrayante."

Source : The Telegraph (Grande-Bretagne)