La marine Brésilienne prévoit une flotte nucléaire

  • Dernière mise à jour le 18 décembre 2007.

Le programme ne se limite pas pas àun seul sous-marin, mais le nombre total construit sera seulement décidé après la livraison de la première unité.

Le programme de développement Brésilien de sous-marins nucléaires ne se composera pas d’un seul navire. Le projet prévoit, certes, une flotte à long-terme — mais le nombre de bâtiments sera seulement décidé par le commandement de la marine "après que la première unité soit prête, complètement testée et que les améliorations devant être apportées soient entièrement étudiées," a déclaré l’amiral Julio de Moura Neto, commandant de la force.

La prévision est le sous-marin soit opérationnel d’ici 12 ans, vers 2020, pour un prix estimé d’environ 2 milliards de $. A partir de 2008, le projet nucléaire de la marine recevra 130 millions de $ par an.

Moura Neto explique que "ce n’est seulement que lorsque le projet sera suffisament solide qu’il sera possible d’entreprendre la construction et, à la lumière des contraintes rencontrées, de définir l’effectif de la nouvelle classe."

Le ministre de la défense, Nelson Jobim, pense que le projet est "essentiel pour la garantie de la richesse nationale qu’est l’Atlantique." Pour lui, il ne faut pas s’appuyer pour la protection "exclusivement sur des navires de surface, des bâtiments facilement localisables par satellite."

Jobim rappelle qu’avant les navires à propulsion nucléaire, "le pays devra construire des sous-marins classiques, à propulsion diesel-electrique."

La flotte sera composée de sous-marins nucléaires de 96 m de long, 4.000 tonnes de déplacement et 17,8 m de hauteur — l’équivalent d’un immeuble de 7 étages —, au niveau du kiosque, la tour qui abrite les antennes et les systèmes optiques, le périscope par exemple.

Pour les ingénieurs navals Brésiliens, il faut apprendre un concept entièrement nouveau, le début de la conception. Un sous-marin nucléaire, c’est un équipage de 100 marins, enfermés dans un tube d’acier de 9,80 m de diamètre. A l’intérieur de cet espace limité, il faudra installer du matériel électronique et des réseaux électriques, des tuyaux hydrauliques, des ordinateurs, des torpilles, des missiles et, bien sûr, un réacteur nucléaire.

La durée du séjour en plongée est indéfinie, répartie en cycles de 30 jours. "Pour réduire le stress provoqué par le confinement, les experts essayent de donner à l’organisation interne du sous-marins des références de dimensions humaines," indique le concepteur anglais Nigel Desmond, des chantiers Vickers. Ce qui ne veut pas dire grand chose. Dans le sous-marin étudié par le Brésil, l’effet se verra dans les couchettes, un peu plus larges que les modèles étroits adoptés sur les sous-marins classiques, plus petits et plus légers, ou dans le réfectoire, qui pourra aussi être utilisé comme cinéma.

Un autre point à prendre en compte : des menus variés, de la nourriture gouteuse et de bonne qualité, servie jour et nuit.

Ces géants navigueront à partir d’une toute nouvelle base navale, qui a de grandes chances d’être installée sur la côte de Sao Paulo, au nord de San Sebastian. Là, près d’eaux calmes et profondes, où la topographie de la côte est un peu accidentée, les sous-marins nucléaires, protégés par des batteries de missiles anti-aériens, seraient préparés pour effectuer les missiles permanentes de patrouille. Cela serait proche de la zone industrielle Pauline et un chantier spécial qui devrait être construit à Sepetiba, sur la côte sud de Rio, pour construire les sous-marins. A ces 2 endroits, les terrains appartiennent à l’Union.

Tous les bâtiments de la base seront recouverts pour échapper à l’oeil des satellites militaires. Le dock flottant fonctionnera avec de l’eau de mer. Toujours rapidement, souvent de nuit ou à l’aube, dans l’après-midi en automne ou quand il y a du brouillard. Des ressources minimum pour réduire, mais pas empêcher, l’observation électronique.

Tout cela, de la division de l’environnement au compartiment où sera installé le réacteur, le poste central et la nouvelle base est représenté par des maquettes à l’échelle, dans le discret pavillon M du centre technologique de la marine à Sao Paulo, sur le campus de l’USP [1]. Les modèles technologiques ont été régulièrement mis à jour depuis les années 80, quand le programme, alors considéré comme secret, a commencé.

Les maquettes sont destinées à essayer l’organisation interne du sous-marin, avec la place de chaque équipement. Une maquette montre à elle seule toute la propulsion. En dessous, une section en acrylique permet d’étudier la répartition des équipements qui font partie de l’unité de vapeur à haute pression. Les muscles de la machine.

Secrets

Il y a aussi de nombreux secrets. Le plus grand d’entre eux, relié au projet, est la technologie utilisée pour l’arbre d’hélice qui transmet le mouvement à l’énorme hélice qui fait avancer le sous-marin. Le plus grand problème dans cette zone est de limiter le bruit et les vibrations. Utilisant un concept dérivé des centrifugeuses utilisées pour l’enrichissement de l’uranium devant servir de combustible dans le réacteur, l’axe de 80 cm sera magnétique, fonctionnant sans bruit, et mieux encore, sans friction entre les parties mobiles.

Le tunnel de cavitation, un laboratoire d’essai, devra être construit au centre Aramar, à Iperó, dans la région de Sorocaba. Il s’agit d’un réservoir surveillé électroniquement de 400 m de long et de 7,5 m de profondeur. "Pour cela, il n’y a pas de partenaire international," a déclaré l’amiral Carlos Bezerril, le directeur général du centre technologique.

Bezerril estime que la marine est actuellement au niveau 40 des connaissances nécessaires pour la construction de sous-marins nucléaires, et le niveau 100 correspond à la livraison du sous-marin. "Grâce à la percée obtenue dans le domaine du cycle complet du combustible et de la propulsion, avec l’implantation d’un prototype, à Aramar. " Pour construire des sous-marins nucléaires, le programme prévoit que, d’abord, on construise un sous-marin classique, une façon de maîtriser la construction de la coque, en particulier l’installation des équipements.

Notes :

[1Université de Sao Paulo.

Source : Estadao (Brésil)