Mystère dans les profondeurs

  • Dernière mise à jour le 26 février 2007.

Deux navires scientifiques de la Marine Australienne croisent depuis dimanche au large de la Nouvelle-Bretagne pour essayer de résoudre le mystère du premier naufrage de la Marine Australienne — la tragédie du sous-marin AE1.

Le HMAS AE1 devant Porstouth
Photo : Australian War Memorial

Alors que l’histoire de son sister-ship, le sous-marin AE2 coulé à Gallipoli, est parfaitement connue, l’AE1 et ses 35 hommes d’équipage ont été perdus en septembre 1914 dans le Pacifique sans laisser de traces, quelques semaines seulement après le début de la 1ère guerre Mondiale.

Il faisait partie d’une force expéditionnaire Australienne rassemblée en hâte de 1.500 hommes, qui ont appareillé pour conquérir des points clés de la Nouvelle-Guinée, alors sous domination allemande.

L’île de Mioko
Elle fait partie d’un groupe d’îles situé entre la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Irlande, (4.16° S, 152.45° E). Ces îles font parties de l’archipel Bismarck en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Dans les prochains jours, le HMAS Benalla et le HMAS Shepparton vont fouiller les récifs et la côte au large de l’île de Mioko, à environ 25 km de Rabaul.

Le vice-ministre de la défense, Bruce Billson, s’est arrangé pour que les équipages des catamarans équipés de sonar soient rejoints par le Commander en retraite John Foster.

Il avait été intrigué par la disparition du AE1 depuis qu’il avait commandé en Nouvelle-Guinée, il y a 30 ans. Il a écrit en 2006 un livre : AE1 : Entombed But Not Forgotten (disparu, mais pas oublié).

"Je suppose que j’ai été obsédé, mais c’était le premier navire que l’Australie ait perdu. C’est la tombe de 35 hommes, donc il est important que nous la trouvions," a-t-il indiqué.

Le Commander Foster a travaillé à partir de cartes, des marées et des récits des villageois de l’île de Mioko, transmis depuis 1914.

En 2003, il a dirigé une fouille par le Maritime Museum of Western Australia, mais son matériel ne pouvait rechercher à plus de 50 mètres.

Le sonar latéral du Benalla paut travailler largement au-delà de l’immersion de 80 m à laquelle il croit que le sous-marin repose.

"Les autochtones pensent qu’il est dans cette zone. Il y a quelques années, j’avais parlé à une femme de 102 ans dont le père lui avait raconté toute l’histoire," raconte le Commander Foster. "La famille se cachait dans une grotte alors qu’ils pouvaient entendre le pillomage et ils ont vu le “monstre”, le sous-marin, venir vers eux.

"Il s’est arrêté à l’extrémité du récif puis est revenu, et enfin il a disparu. Il pourrait avoir plongé, il pourrait avoir heurté un rocher ou avoir été touché par l’un des navires Allemands qui se cachaient dans le port."

Le pillonage qui avait poussé les autochtones pétrifiés dans la grotte venait du HMAS Encounter, le navire de guerre qui tirait sur les positions Allemandes près de Rabaul, en Nouvelle-Bretagne.

L’aventure Australienne en Nouvelle-Guinée Allemande est devenu sanglante le 11 septembre 1914.

Les Allemands et leurs troupes locales ont opposé une forte résistance. Au moment où la station de radio de Bita Paka a été prise, 6 Australiens, un Allemand et 30 soldats autochtones avaient été tués.

Mais le pire était encore à venir.

Le 14 septembre, les 35 membres d’équipage de l’AE1 ont disparu sans laisser de traces alors qu’ils patrouillaient au large de Mioko.

Le Commander Foster a indiqué que les recherches menées à l’époque avaient été peu méthodiques.

M. Billson a déclaré que la technologie sonar embarquée sur les catamarans pourraient localiser les épaves, mais pas les identifier de façon certaine comme l’AE1.

Cette année, un syndicat de l’Australian Submarine Institute va plonger en Turquie sur l’épave de l’AE2 pour examiner s’il peut être remonté en surface.

Mais le Commander Foster a indiqué qu’il n’y aurait pas de remontée pour le AE1.

Source : Herald Sun (Australie)