Le ministère Britannique de la défense aurait “dissimulé des éléments àpropos du naufrage d’un chalutier Françaisâ€

  • Dernière mise à jour le 11 février 2007.

Le ministère Britanique de la défense (MoD) a été accusé de dissimulation dans l’affaire du naufrage d’un chalutier dans lequel 5 pêcheurs sont morts.

Le Bugaled Breizh

Un nouveau livre prétend que le chalutier a été entraîné vers le fond par un sous-marin de la Royal Navy au cours d’exercices au large de la côte de Cornouaille.

Il reproduit les détails d’un document confidentiel de l’OTAN qui contredit l’affirmation du ministère selon lequel le sous-marin, le HMS Turbulent, se trouvait dans la base navale de Devonport à Plymouth lorsque le chalutier français, le Bugaled Breizh, a coulé en janvier 2004.

Les auteurs du livre, “Le Bugaled Breizh - Secrets d’états autour d’un naufrage”, accusent le MoD et les marines Française et Britannique de dissimuler la bourde et le “délit de fuite” du sous-marin.

Andrew George, parlementaire Libéral Démocrate pour l’Ouest de la Cornouaille et les Îles Scilly, a écrit à Adam Ingram, le ministre des forces armées, et a posé des questions parlementaires en lui demandant de répondre aux allégations. M. Ingram n’a pour l’instant pas répondu.

Le document de l’OTAN, récemment déclassifié et transmis aux enquêteurs Français, indique que le Turbulent faisait partie de 6 navires qui "n’étaient pas prévu d’être à quai / au mouillage" lorsque le chalutier français a été coulé le 15 janvier 2004.

M. George indique que le document "contredit" les réponses parlementaires qui lui ont été faites en mars 2005 par M. Ingram et "suggère que le Turbulent se trouvait en mer dans ce voisinage au moment de cette tragédie".

Les familles des pêcheurs décédés, tous originaires de Bretagne, ont prétendu que le Bugaled Breizh avait été entraîné vers le fond par un sous-marin qui s’était pris dans ses funes et qu’il a coulé en moins d’une minute.

Le HMS Trafalgar
Le HMS Turbulent est un sous-marin du même type. Photo : Royal Navy

M. Ingram avait déclaré que le Turbulent était resté à Devonport "toute la journée du 15 janvier 2004".

Il avait aussi indiqué que le sous-marin avait appareillé le 16 janvier, le lendemain de l’accident, pour des essais en mer, subi des dégâts à un câble remorqué ce même jour et était rentré à la base.

Mais le document de l’OTAN place le HMS Turbulent dans une liste de navires qui ne devaient pas être au mouillage à Devonport "entre le 15 janvier 2004 à 06 heures 45 et le 15 janvier à 16 heures 00." Le naufrage du chalutier a été enregistré à 12 heures 53 le 15 janvier.

M. George a déclaré : "Il y a des questions sérieuses qui doivent obtenir une réponse sur la manière dont un équipage expérimenté a pû couler par une mer calme. Le MoD devrait présenter des preuves à l’appui de leurs démentis."

Sébastien Turay et Laurent Richard, les auteurs français du livre, ont indiqué que les autorités judiciaires qui enquêtaient sur le naufrage du chalutier avaient ajouté le livre et ses hypothèses dans le dossier.

M. Turay a déclaré : "Plus nous creusons dans cette affaire, plus nous sommes convaincus que le chalutier a été coulé par un sous-marin et que la Royal Navy ment à propos de l’implication du HMS Turbulent."

Le livre décrit comment un bref message de détresse, "Viens vite, nous coulons !", a été envoyé par le patron du chalutier à 12 heures 23, et que 50 secondes plus tard, il n’y avait plus que le silence.

Un plongeur de la Royal Navy a décrit dans un documentaire français, un an après l’accident, comment il avait reçu l’ordre de couler le radeau de sauvetage avec son couteau et récupéré ses documents d’identification.

Les auteurs indiquent que l’OTAN a donné les positions des navires Français et Britanniques à 12 heures 53 - 30 minutes après l’accident - à cause de "problèmes de satellite" et décrit comment un rapport des Gardes-Côtes Français indique qu’un enregistreur au Cap Gris Nez qui enregistre les messages des navires "s’est éteint tout seul à cause d’un problème mécanique" à 12 heures 53 et est resté hors service pendant 6 heures après que le chalutier a coulé.

Le MoD a nié que des "exercices militaires" aient eu lieu jusqu’au printemps 2005 après des questions posées par M. George. Le parlementaire a établi que 4 sous-marins, dont le Turbulent, se trouvaient dans la zone.

Le MoD a indiqué que le Turbulent n’était pas prévu de prendre part à l’exercice, mais seulement à des essais à la mer le lendemain lorsqu’il a été endommagé et a dû rentrer à la base.

Les autorités Françaises enquêtent sur des accusations, contre X, d’homicide involontaire et non-assistance à personne en danger.

Anna Kayanakis, le procureur de la République de Quimper, a déclaré que, à la lumière des hypothèses du livre, le juge d’instruction "étudiait activement les documents de l’OTAN".

Christian Bergot, avocat des familles des pêcheurs, a déclaré que le livre contenait des "révélations intéressantes" sur la position du Turbulent au moment de l’accident.

Un porte-parole du MoD a indiqué que le ministre maintenait ses réponses parlementaires [1] et rejetait les hypothèses du livre comme "totalement infondées". Il a indiqué que le plan d’amarrage dans le document de l’OTAN était "périmé" et a ajouté : "le programme des navires change tout le temps pour des raisons telles que des pannes ou des maintenances imprévues."

Notes :

[1NdT : de mai 2005

Source : Sunday Telegraph