La sécurité nucléaire se dégrade dans les installations nucléaires britanniques

  • Dernière mise à jour le 26 août 2011.

Le risque d’accidents et de fuites radioactives provenant des bombes nucléaires et sous-marins britanniques vieillissants empire progressivement en raison des réductions budgétaires importantes, selon un audit interne du ministère britannique de la défense.

L’audit, qui a été publié dans le cadre de la loi sur la liberté d’informer, révèle que le ministère va avoir de plus en plus de difficultés pour maintenir la sécurité des activités nucléaires militaires du pays, alors que les réductions deviennent encore plus douloureuses. Il y a un manque de budget pour assurer la sécurité des programmes militaires de la défense, indique l’audit.

Rédigé par le responsable de la surveillance de la sécurité nucléaire du ministère, l’audit avertit que le nombre d’incidents sur les sites nucléaires est « trop élevé ». Cela constitue un « risque pour le personnel, pour la sécurité du public et pour l’environnement, à la fois sur le court et le moyen terme ».

Il indique aussi que des mesures prises pour faire face au manque prolongé d’ingénieurs en sécurité nucléaire, « pourraient ne pas être suffisantes », et critique le ministère pour ne pas avoir alloué les financements nécessaires pour le désarmement et le démantèlement de 17 sous-marins nucléaires, désormais au mouillage à Devonport près de Plymouth et à Faslane.

L’audit concerne 2010 et a été rédigé par Howard Mathers, directeur du bureau environnement et sécurité nucléaire militaire au ministère britannique de la défense.

Il donne l’assurance que le niveau de sécurité nucléaire est actuellement « acceptable ». Mais il ajoute : « En donnant cet avis, j’ai moins confiance en l’avenir qu’en 2009, en raison de la tendance à diminuer les budgets (dont je pense qu’ils diminueront encore plus), encore aggravée par les contraintes sur la capacité de régulation. »

Il est peu probable que les programmes nucléaires militaires soient épargnés par la pression budgétaire, le ministère prévoyant de supprimer 17.000 postes de militaires et 25.000 de civils, explique l’audit. L’annonce d’une réduction de 25% des couts de fonctionnement « est évidemment une mauvaise indication compte-tenu du manque actuel de financements ».

L’audit insiste pour que les responsables « fixent des lignes à ne pas franchir et les défendent vigoureusement ». Il avertit que la décision du gouvernement de prolonger la durée de vie du système d’armes Trident actuel pour économiser de l’argent « constituera un défi pour le maintien de la sécurité nucléaire ».

« Cela montre que la réduction continue des budgets, soumet la sécurité du personnel du ministère et du public à un risque croissant et en effet inacceptable, » déclaré Fred Dawson, ancien responsable de la sécurité nucléaire au ministère de la défense.

« Le ministère n’a pas affecté les fonds suffisants pour la sécurité nucléaire, » a-t-il expliqué au Guardian. « L’audit confirme que la situation empire et ne s’améliore pas. »

Dawson a travaillé pendant 31 ans au ministère et était responsable de la politique de protection contre les radiations lorsqu’il a pris sa retraite en 2009. Les avertissements répétés lancés par Mathers et ses prédécessurs n’ont pas réussi à persuadé les ministres d’allouer assez d’argent à la sécurité nucléaire, explique-t-il.

De son côté, le ministère de la défense souligne qu’il a maintenu les standards les plus élevés en sécurité nucléaire et qu’elle a un très bon niveau sur les 50 dernières années.

« Cela est confirmé par l’audit, qui décrit le large éventail de mesures que nous avons déjà prises pour garantir que nous ayons le nombre suffisant de personnel expérimenté et qualifié, » indique un porte-parole.

« Comme pour tous les programmes du ministère, le projet de démantèlement des sous-marins nucléaires est financé par étapes. La phase d’évaluation actuelle est désormais entièrement financée. »

Source : The Guardian (Grande-Bretagne)