L’accident du San Francisco aurait-il pû être évité ?

  • Dernière mise à jour le 6 novembre 2005.

Les images satellite de la zone où un sous-marin nucléaire s’est échoué il y a deux semaines, montrent clairement une montagne sous-marine qui s’étend sur plus d’un mille dans cette région isolée du Pacifique Sud.

Des responsables de la Défense ont déclaré que la montagne, qui monte à quelques 30 mètres sous la surface, n’apparaît pas sur les cartes que la Navy utilise. Un marin est mort et plus de 60 autres ont été blessés lorsque le sous-marin, le San Francisco, a heurté violement la montagne, ou un récit submergé, à grande vitesse le 8 janvier.

Les images satellite, prises en 1999 et début 2004, suggèrent que la montagne fait partie d’une chaîne de volcans et de récifs sous-marins. Et elles montrent qu’elle se situe à plus de 5 kilomètres au nord-ouest de la zone de danger la plus proche indiquée sur les cartes.

Les scientifiques qui ont étudié les images ont indiqué qu’il est probable que ce que les officiers du sous-marin ont pensé qu’ils avaient évité la zone de danger — en naviguant à 160 mètres sous la surface — lorsqu’ils se sont écrasés sur la montagne.

David Sandwell, professeur de géo-physique à l’institut Scripps d’Océanographie à San Diego, dit qu’il est aussi possible que la zone de danger apparaissant sur la carte — un ovale décrit comme contenant des "eauw décolorées" — était une référence erronée et mal localisée à la montagne sous-marine.

Des responsables du département de la Defense ont précisé que l’annotation remonte au début des années 1960 et qu’il est probable qu’elle provienne d’un navire de surface qui a noté une surface d’eau de couleur différente. La décoloration pouvait être un problème temporaire, comme une tâche d’huile, ou un indice de la présence d’une structure sous-marine.

Mais les images satellite ne montrent aucun obstacle dans cette "zone de danger". Et comme il était difficile pour les navires de l’époque de donner une position précise avant l’arrivée des satellites, a indiqué Sandwell, il est probable que les eaux de couleur différentes constituaient un signe précurseur de la montagne sous-marine et que les marins ont rapporté une position erronée.

Une zone peu fréquentée

"Il est très probable que c’est ce qui est arrivé," dit-il.

La Navy enquête sur l’accident qui c’est produit dans une zone peu fréquentée, qui n’a jamais été complètement cartographiée. La semaine dernière, la Navy a donné une nouvelle affectation au commandant du sous-marin en attendant que les enquêteurs examinent s’il a commis une faute.

La carte principale utilisée à bord du sous-marin a été préparée par une autre agence du département de la Défense en 1989. Des responsables du bureau de cartographie ont indiqué qu’ils n’ont jamais eu les ressources nécessaires pour pouvoir utiliser l’énorme quantité de données en provenance des satellites pour améliorer leurs cartes.

En plus de s’appuyer sur les cartes, les sous-marins reçoivent aussi des corrections de satellites de navigation et effectuent des sondages de la profondeur de l’océan. Selon des responsables, les officiers du San Francisco ont déclaré avoir effectuer un sondage juste quatre minutes avant l’accident et qu’il avait indiqué une profondeur d’environ 2.000 mètres.

Il est possible que le San Francisco ait détecté la montagne sous-marin s’il avait utilisé son sonar actif. Mais depuis le début de la Guerre Froide, les sous-marins évitent d’utiliser le sonar actif, qui émettent des sons qui indiquent leur position. Même dans les missions d’entraînement, ils s’appuient sur leurs sonars passifs qui ne peuvent détecter que les navires et autres objets faisant du bruit.

Christopher Drew, The New York Times

Source : Minneapolis Star Tribune