USS San Francisco : au moment de l’accident

  • Dernière mise à jour le 11 février 2007.

Le San Francisco a été construit par ce qui est maintenant devenu les chantiers Northrop Grumman Newport News, a été admis au service actif en 1981, a d’abord été basé àPearl Harbor, Hawaï. Après avoir changé le combustible nucléaire de son réacteur en 2002, il a été affecté àla nouvelle base sous-marine de Guam.

L’USS San Francisco avait terminé tous les essais à la mer lorsqu’il a effectué son premier déploiment l’an dernier, revenant à Guam le 1er décembre 2004. Le 7 janvier, il a pris la mer pour Brisbane, en Australie, pour une visite de courtoisie. Les marins étaient probablement très excités - les Australiens se souviennent encore que les sous-marins U.S. ont empêché les Japonais de les envahir durant la 2nde guerre mondiale et, généralement, ils accueillent très bien les sous-mariniers américains.

Samedi matin, peu après la fin du petit-déjeuner vers 6 heures, le sous-marin a effectué un “field day” (grande occasion) pendant lequel le sous-marin est entièrement nettoyé, de haut en bas. Les 137 membres d’équipage à bord ont dû y participer jusqu’avant le repas qui a été servi à 11 heures. Ils avaient dû démonter les plaques de pont pour nettoyer les chemins de câbles et autres endroits difficiles à atteindre.

Le chef de officiers-mariniers a avertit tout le monde pendant qu’ils finissaient de se “préparer pour la mer” - s’assurer que tout est fermé ou attaché. En cas de collision, des objets non attachés peuvent devenir des missiles non guidés, très dangereux. Par conséquent, le sous-marin était probablement mieux préparé que d’habitude, ce qui a probablement évité de plus graves blessures, ont indiqué des sous-mariniers.

En fin de matinée, le sous-marin se trouvait à l’immersion périscopique, vérifiant qu’il était sur la bonne route. Tout était normal ; le navire se trouvait à environ 560 km au sud-est de Guam, près de l’arc des îles Caroline, mais les cartes montraient qu’il y avait près de 2.000 mètres de fond sur au moins 7 milles autour du sous-marin, plus q’il n’en faut pour une plongée en toute sécurité, pour des sous-mariniers connus pour être très précautionneux.

Aux environ de 11:30, après avoir déroulé une checklist de sécurité pour s’assurer que le sous-marin était prêt à plonger, l’officier de quart a ordonné de plonger. Le San Francisco a utilisé la plongée pour prendre de la vitesse, et avançait bientôt à une vitesse de plus de 30 noeuds.

Bien que sa destination se trouve au sud-ouest, il avait un cap à l’est, probablement pour vérifier son sillage, un changement de direction destiné à s’assurer qu’il n’y a pas de sous-marin le suivant directement dans l’arrière, là où les senseurs sonar normaux ne peuvent entendre.

A 11:42 heure de Guam (1:42 GMT), environ 4 minutes après avoir plongé, le San Francisco a heurté violemment une falaise presque verticale, une montagne sous-marine n’apparaissant pas sur les cartes. En un instant, la vitesse horizontale du navire est passé de presque 33 noeuds à 4 noeuds alors que l’avant s’écrasait sur l’obstable et que le sous-marin essayait de passer au-dessus - sans succès.

Des membres d’équipage ont raconté à leur famille et à des amis que cet instant avait paru irréel, si inattendu qu’il avait fallu un moment pour réaliser ce qui étai arrivé : le sous-marin avait heurté quelque chose et était hors de contrôle. Un marin a dit à un ami que cela lui avait rappelé le film “Matrix”, lorsque tout se passe au ralenti et qu’un désastre est détaillé image par image.

L’officier de plongée de quart, normalement attaché dans un siège au poste central, venait juste de détacher sa ceinture pour mettre à jour un tableau de situation. Il a heurté le panneau de contrôle si fort qu’il a brisé quelques jauges. Certains membres d’équipage ont été projetés sur 7 mètres, plusieurs manquant de peu de tomber dans des escaliers.

Deux marins fumaient au niveau inférieur de la salle des machines, et plusieurs attendaient leur tour - c’est le seul endroit du sous-marin où fumer est autorisé. Cet endroit contient beaucoup d’arêtes coupantes qui ont causé beaucoup des coupures et fractures qui ont du être traitées plus tard.

Le second maître mécanicien Joseph Allen Ashley, qui venait juste de signer un deuxième contrat de 4 ans, se trouvait devant la station eau de mer à l’arrière du sous-marin. Il a été projeté sur 7 mètres sur la station de lubrification, heurtant de l’avant de la tête une grosse pompe métallique. Il a été assommé et est décédé le jour suivant sans reprendre conscience.

Dans ce chaos, cependant, l’équipage a suivi les procédures auxquelles il avait été entraîné, jour après jour, depuis l’école de formation sous-marine. En quelques secondes, un des membres d’équipage, son bras cassé dans l’accident, a actionné le “chicken switch” (littéralement le "bouton des peureux") [1] qui déclenche l’envoi d’air à haute pression dans les ballasts principaux pour forcer le retour en surface.

Le commandant en second a subi une sérieuse blessure au dos quand il a été projeté sur une prise d’air d’urgence, mais il a rapidement pris la direction des efforts de contrôle des dommages. Les blessés ont été rassemblés dans la cafétariat et le mess de l’équipage, où les tables étaient dressées pour le repoas. Le "médecin" du navire, un infirmier entrainé à la médecine d’urgence, a commencé à traiter les blessures.

L’un des jeunes officiers du sous-marin, ancien officier marinier, avait été formé lui-aussi et a participer aux soins. D’autres membres d’équipage ont été réquisitionnés pour garder éveillés les hommes blessés à la tête jusqu’à ce qu’ils puissent être examinés, pendant que les plus graves coupures étaient pansées et les plus graves fractures réduites.

Lorsque l’équipe médicale est arrivée de Guam par hélicoptère le matin suivant, un chirurgien, un médecin sous-marinier et un autre infirmier ont souligné que les soins donnés aux blessés étaient remarquables, compte-tenu de la situation particulière.

ROBERT A. HAMILTON

Pour en savoir plus :
 L’accident du San Francisco a défié les compétences de l’équipage
 USS San Francisco : une leçon de physique
 USS San Francisco : le retour au port

Notes :

[1En France : les chasses rapides. Beaucoup plus efficace que la chasse normale, elle n’est utilisée qu’en cas d’accident et sous une certaine immersion. Utilisée au-dessus, elle pourrait endommager les ballasts.

Source : The Day