La marine australienne réforme les procédures de sécurité à bord de ses sous-marins

  • Dernière mise à jour le 26 décembre 2008.

La Royal Australian Navy a ordonné de mettre en place de nouvelles procédures d’urgence pour éviter un désastre du type du Koursk, après que l’équipage du HMAS Dechaineux soit passé à 20 secondes du naufrage.

Cette décision, qui comprend la modification des procédures de commandement et l’installation de nouveaux senseurs, vannes et boutons d’urgence, sont destinés à juguler en quelques secondes une voie d’eau, avant qu’elle ne soit plus maîtrisable par l’équipage.

Elle découle des études détaillées menées à la suite de l’accident du Dechaineux, survenu en février 2003 au large de Perth, révélé il y a 3 ans par The Weekend Australian. Plus de 12.000 l d’eau de mer avaient envahi le sous-marin en quelques secondes. Le sous-marin a échappé de peu au naufrage.

L’accident avait failli provoquer la noyade d’un sous-marinier, Geordie Bunting, et contraint le commandement à limiter de façon permanente l’immersion de plongée des sous-marins de la classe Collins, limitant par là même leur efficacité opérationnelle.

La perte du Dechaineux aurait été le désastre le plus grave survenu à bord d’un sous-marin depuis que le Koursk avait coulé en mer de Barents en aout 2000, faisant 118 morts.

Pour la première fois, la marine australienne a révélé toute l’étendue des mesures prises pour éviter une répétition de la voie d’eau à bord du Dechaineux.

"A la suite de la voie d’eau à bord du HMAS Dechaineux, les recherches se sont concentrées sur la réduction du temps de réaction face à une voie d’eau et l’amélioration de la résistance aux voies d’eau," a déclaré à The Australian un porte-parole du ministère australien de la défense.

"Ces améliorations comprennent des procédures d’urgence révisées, l’installation de senseurs supplémentaires pour avertir des voies d’eau possibles, le développement d’un système (“fermetures d’urgence”) pouvant fermer simultanément toutes les vannes de coque, et le remplacement des flexibles d’origine.

"Les sous-marins sont modifiés progressivement dès que leur disponibilité opérationnelle le permet."

Les nouvelles procédures de sécurité sont une bonne nouvelle pour la flotte sous-marine, dont les opérations ont été sévèrement limitées cette année par un déficit de 36% de personnel.

L’accident du Dechaineux s’est produit lorsqu’un flexible d’eau de mer s’est rompu dans la partie inférieure de la salle des machine, alors que le sous-marin naviguait à son immersion maximale.

L’alarme avait été transmise au poste central par des cris de "voie d’eau" sur le réseau d’interphones, puis le commandant a donné l’ordre de fermer toutes les vannes extérieures.

Les enquêteurs ont conclu que cette procédure était trop compliquée et pouvait se révéler mortelle lors d’une autre voie d’eau, lorsque la différence entre la vie et la mort ne tient qu’en quelques secondes.

De nouveaux détecteurs sont installés pour détecter rapidement les voies d’eau, tandis que des boutons d’alerte voie d’eau sont installés dans les coursives pour que l’équipage n’ait pas à courir pour signaler l’alerte.

Lorsqu’une voie d’eau est détectée, un nouveau système peut fermer instantanément et automatiquement toutes les vannes de coque.

"Cette automatisation permet de gagner des secondes indispensables lorsque l’équipage doit détecter et réagir face à une voie d’eau," a indiqué un porte-parole.

De nouvelles règles ont aussi été mises en place, permettant aux opérateurs dans le poste central de suivre immédiatement les procédures d’urgence en cas de voies d’eau, sans attendre l’ordre du commandant.

Malgré ces améliorations dans la sécurité, la marine australienne devra encore attendre 18 mois avant de recevoir les nouveaux flexibles devant remplacer ceux qui s’étaient rompus sur le Dechaineux.

Les tuyaux ont été commandés au début de l’an dernier, mais ils subissent encore des tests de laboratoire chez leur fabriquant, Oil State Industries au Texas.

Si les nouveaux flexibles résistent aux essais, la marine devrait supprimer les limitations d’immersion imposées après l’accident du Dechaineux. L’immersion maximale des sous-marins est classifiée.

L'analyse de la rédaction :

Les mesures annoncées par la marine australienne sont respectées depuis des années sur les sous-marins français : délégations d’agir au maître de central, au chef de quart machines, système de fermetures d’urgence, détecteurs voie d’eau...

Source : The Australian (Australie)