Le sous-marin espagnol S-80 peut maintenant flotter, mais ses problèmes ne sont pas terminés pour autant

  • Dernière mise à jour le 9 octobre 2014.

Le sous-marin espagnol S-80, que l’entreprise publique Navantia construit pour la marine espagnole, a désormais résolu ses problèmes de sur-poids, mais il connait toujours la plus grande incertitude concernant son système de propulsion. On ignore toujours combien de temps il pourra rester en plongée, sans avoir besoin de remonter à la surface pour recharger ses batteries. A ce stade, le ministère espagnol de la défense confirme le nouveau retard de la livraison, désormais prévue en 2018.

Pour Navantia, le bureau d’études a fini de définir les modifications à apporter au sous-marin pour corriger le problème de sur-poids (un écart de 8 %) découvert en 2012. Un audit réalisé par l’entreprise américaine Electric Boat, pour un montant de 204 millions €, prévoit que la coque soit allongée de 7 m au-delà des 71 prévus à l’origine. Cela permettra de compenser les 75 t qui alourdissaient le S-80.

Désormais, l’obstacle se situe au niveau du système de propulsion. Pour l’Espagne, le S-80 sera le sous-marin le plus avancé et ayant le plus de capacités au monde, parmi ceux qui n’utilisent pas l’énergie nucléaire. Encore faut-il qu’il soit terminé. Pour lui permettre de rester plus longtemps en plongée, sans avoir besoin de remonter en surface ou à l’immersion périscopique pour recharger ses batteries, le S-80 doit être équipé, en plus des moteurs diesel et électrique traditionnels, d’un système de propulsion anaérobie. Or, le développement de celui-ci a pris énormément de retard.

L’entreprise Abengoa a été chargée de développer et fabriquer ce système anaérobie, qui permettra au S-80 de naviguer pendant 15 à 20 jours en plongée.

Le ministère espagnol de la défense reconnait qu’il n’est pas satisfait de l’avancement du développement du système de propulsion, même si Abengoa a obtenu des avancées au cours des derniers mois, en réussissant à produire de l’hydrogène à partir du bio-éthanol. Mais elle est encore loin de parvenir à faire entrer l’ensemble des équipements nécessaires dans l’enveloppe de poids et de volume prévus à l’intérieur de la coque du S-80.

Compte-tenu de l’impasse dans laquelle se trouvait le développement du système anaérobie, Navantia a fait appel au printemps à une autre entreprise spécialisée dans le secteur du pétrole et des gaz, Técnicas Reunidas. Le ministère de la défense considère cette coopération comme une sorte de “plan B” pour faire avancer la construction du sous-marin, mais au sein de la compagnie publique, on préfère parler de coopération. Ils se disent confiants que la coopération des 2 sociétés, Abengoa et Técnicas Reunidas, permettra sous peu de résoudre les problèmes du développement du système anaérobie.

Actuellement, la date de livraison du 1er S-80 a été repoussée à 2018, ce qui constitue un nouveau problème pour la marine espagnole : elle doit continuer à utiliser et à entretenir ses anciens sous-marins, alors qu’elle prévoyait de les remplacer par les nouveaux à partir de 2013.

La marine espagnole a un autre problème : le budget alloué pour les S-80 n’a pas été augmenté et il est encore impossible de calculer, à cause des retards et des dépassements de budget, le cout final. Lorsque la date de livraison du 1er S-80, qui sera baptisé Isaac Peral, le gouvernement espagnol devra décider soit d’augmenter le budget alloué, soit de réduire le nombre de sous-marins commandés à seulement 3.

Source : El Confidencial Digital (Espagne)