L’incendie est un danger mortel à bord d’un navire de guerre

  • Dernière mise à jour le 28 juillet 2008.

L’alarme incendie retentit. "Au poste de combat !" crie une voix dans les haut-parleurs.

22 marins se ruent pour intervenir, revêtant combinaisons de protection, bouteilles d’oxygène, gants et casques. Dans le haut-parleur, la voix ordonne aux marins, une équipe d’intervention du destroyer Porter, de découvrir ce qui a déclenché l’alarme.

Stagiaires à l’entraînement
Surveillé par des instructeurs derrière eux, des stagiaires revêtent leur combinaison de protection et préparent les tuyaux. ©Stephen M. Katz / The Virginian-Pilot

Deux investigateurs se dirigent un pont en dessous, puis reviennent quelques minutes plus tard pour signaler des feux brûlant dans un local de stockage et au central opérations. Un incendie encore plus important ravage la salle des machines, la remplissant de fumée et faisant monter la température à 225°.

La première équipe d’intervention est descendu dans le local mais a dû s’arrêter lorsque son tuyau s’est bloqué dans une échelle. Quelques minutes plus tard, les 2 équipes se tenaient dos à dos, essayant d’éteindre les flammes avec des lances envoyant 360 litres à la minute.

En 24 minutes, ils avaient éteint les flammes.

L’incendie était en réalité un exercice dans le simulateur de la base navale de Norfolk. L’intervention de l’équipe a été jugée satisfaisante. Si un incendie de ce type se déclenchait sur le Porter, ils seraient prêts.

Avec les différents carburants, les équipements chauds et les autres produits dangereux présents à bord des navires, l’incendie est un risque quotidien, indique le maître principal Mike Redmond, directeur du simulateur de la base de Norfolk.

Stagiaires à l’entraînement
Des stagiaires éteignent un incendie d’hélicoptère. ©Stephen M. Katz / The Virginian-Pilot

Cette année seulement, 13 incendies se sont déclenchés sur des sous-marins et des navires de la Navy, y compris l’incendie du porte-avions George Washington le 22 mai dernier. Cet incendie a fait rage pendant des heures, endommageant le câblage électrique et les équipements présents dans 80 locaux du porte-avions et blessant 24 marins. La cause fait toujours l’objet d’une enquête.

La Navy estime que les réparations vont couter 55 millions $ (35 millions €), précise John Scott, un porte-parole du Centre de Sécurité de la Navy. C’est près de 5 fois le coût de tous les incendies survenu sur des navires de la Navy au cours des 5 dernières années.

Entre 2003 et 2007, il y a eu 158 incendies sur les navires et les sous-marins de l’US Navy, dont 7 ont provoqué des dégâts de plus d’un million de $, selon le centre de sécurité. Les incendies sont la principale cause de dégâts importants et sont le plus souvent déclenchés par des problèmes d’origine électrique.

Stagiaires à l’entraînement
©Stephen M. Katz / The Virginian-Pilot

"Si l’incendie devient hors de contrôle, il peut tout simplement stopper votre navire et même, s’il est suffisamment grave, couler le navire et provoquer des morts," explique Redmond. "Un incendie peut empêcher un navire d’accomplir sa mission et cela peut mettre en danger la sécurité nationale."

Les dégâts de l’incendie ont empêché le George Washington de participer ce mois-ci à un exercice majeur au large d’Hawaï et ont retardé son départ vers le Japon. Les réparations devraient durer jusqu’en aout.

C’est pourquoi l’entraînement des marins pour contenir et combattre les incendies est si important, insiste Redmond. "La prévention est notre première ligne de défense."

"Notre travail est l’un des plus importants," explique le pompier Brent Alan Carter, le chef de l’équipe de pompiers du Porter. "C’est énorme parce que nous sommes responsables de la vie des 300 marins de l’équipage."

Ne pas être préparé peut se révéler désastreux, comme l’a douloureusement appris en 1967 l’US Navy.

Le 29 juillet, 134 maris sont morts en combattant un incendie qui s’était déclenché à bord du porte-avions Forrestal, en opérations réelles dans le golfe du Tonkin. Un missile a été accidentellement lancé et touché un des appareils stationnés sur le pont du porte-avions, provoquant explosions et incendies en chaîne.

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Reportage sur l’incendie du Forrestal. Son un peu faible mais en français.

Il a changé la Navy à jamais.

"Une des leçons que la Navy a tiré de la tragédie du Forrestal est que tout le monde doit être entraîné," explique Carolyn Anderson, porte-parole du Naval Personnel Development Command. "Cela a complètement changé la façon dont la Navy organise la formation et l’entraînement."

Désormais, chaque marin apprend les techniques de lutte contre l’incendie pendant ses classes. Avant l’incendie du Forrestal, seule une partie du personnel suivait cet entraînement.

Pour mieux préparer ses pompiers, la Navy possède 7 installations d’entraînement incendie qui permettent instruction et évaluation. Le centre de Norfolk en fait partie. Il entraîne 9.500 militaires et civils chaque année pour des entraînements de base et avancé sur navire et aéronef.

Une cérémonie a commémoré vendredi dernier les victimes du Forrestal et a marqué le 41è anniversaire. L’école porte le nom du Chief Petty Officer Gerald W. Farrier, qui a essayé d’éteindre un des avions du Forrestal avec un extincteur portable et qui est mort lorsqu’un de ses bombes a explosé.

"Il est mort en héros," indique Stuart Carson, 66ans, qui était spécialiste aviation à bord du Forrestal lors de l’incendie de 1967.

"Les avancées qu’ils ont fait à l’école des pompiers et dans les procédures de lutte contre les incendies, c’est phénoménal," déclare Carson.

"Un incendie est une chose très, très horrifiante, et cela leur donne la confiance d’y aller et leur donne les compétences nécessaires pour combattre cet incendie."


Incendies à bord des navires et sous-marins de la Navy
 Coût des réparations du porte-avions George Washington : 55 millions $ (35 millions €), selon des estimations préliminaires.
 Nombre d’incendies entre 2003 et 2008 : 171
 Nombre d’incendies entre 2003 et 2007 ayant provoqué plus d’un million $ de dégâts : 7
 Coût des réparations entre 2003 et 2007 : 11,8 millions $ (7,42 millions €)
 Origine la plus courante : plus de 50% étaient d’origine électrique

Source : Centre de sécurité de la Navy

Source : The Virginia Pilot (Etats-Unis)