Le grand retour des sous-marins côtiers

  • Dernière mise à jour le 15 mai 2008.

Le sous-marin classique moderne est reconnu pour être un matériel de recueil de renseignements et d’interdiction de zones maritimes extrêmement puissant et, entre de bonnes mains, un adversaire très difficile même pour les forces anti-sous-marins les mieux équipées.

Même 26 après, l’expérience de la Royal Navy lors de la guerre des Malouines en 1982 continue de rappeler de façon salutaire à quel point un sous-marin classique peut être une cible difficile. Bien qu’elle ait déployé une force importante équipé d’un large éventail de moyens ASM, elle n’a pas réussi à détecter le San Luis, le seul et unique sous-marin classique argentin de type U-209 déployé sur la zone d’opérations. Elle est persuadée que seul un système de lancement des armes défaillant a empêché le sous-marin d’effectuer une attaque réussie contre une frégate anglais opérant près des côtes.

L’Office of Naval Intelligence souligne : "En opération près de voies de navigation très utilisées ou de points de passage obligés, les sous-marins peuvent discrètement poser des champs de mines ou attaquer et interrompre la navigation commerciale. De cette manière, même une nation n’ayant que peu de sous-marins même très peu sophistiqués peut interdire l’accès à une zone maritime et exercer une influence régionale.

"Equipés de moyens de discrétion améliorés, d’armes et de systèmes de propulsion déjà disponibles sur le marché aujourd’hui, les sous-marins peuvent opérer sans être détectés près des côtes d’un adversaire, en assurer la surveillance discrète, attaquer les forces navales de l’ennemi et étendre l’impact de leur pays."

La discrétion amène un autre élément. Naviguant invisible et sans être annoncé, le sous-marin peut être déployé sans que cela soit considéré comme une provocation, évitant par là-même une escalade de la crise ou un embarras politique. Il peut aussi être utilisé pour soutenir l’insertion et l’extraction de commandos en mission clandestine.

Et donc, pour de nombreuses nations, le sous-marin classique reste un équipement prisé à cause de l’impact disproportionné qu’il peut avoir sur les opérations militaires dans le domaine maritime, à la fois au-dessus et en-dessous de la surface de l’eau. Son principal argument de vente est d’être un moyen d’interdiction de zone maritime au rapport efficacité-prix unique, même contre des adversaires potentiels beaucoup plus puissants.

Au cours des 2 dernières décennies, le marché du sous-marin classique a été dominé par des modèles d’un déplacement allant de 1.400 à 1.800 tonnes, comme par exemple les U-209 et U-214 allemands et leur rival le Scorpène. Extrêmement puissant, adoptant désormais des technologies de propulsion anaérobie pour étendre l’autonomie en plongée et réduire l’indiscrétion, ils disposent d’une capacité de dissuasion puissante et d’un bon rapport efficacité-prix.

Cependant, un ’bon rapport efficacité-prix’ ne signifie pas bon marché et il serait faux de suggérer que l’acquisition même d’un petit nombre de sous-marins classiques ne constitue pas en soi un investissement financier important. Plus encore, utiliser une force sous-marine quelle qu’elle soit d’une manière sûre et efficace exige les plus hauts niveau de conception, d’entretien, de formation et d’entraînement des opérateurs et de contrôle opérationnel.

Par conséquent, quelques marines aux moyens financiers et aux ressources techniques limitées — tout en étant attirées par les intérêts du sous-marine — ont, à ce jour, renoncé à leur acquisition. D’autres, en particulier en Amérique du Sud, s’inquiètent des couts prévus du remplacement de leur flotte actuelle de sous-marins classiques qui approchent de leur fin de vie opérationnelle.

Quatre des bureaux d’études européens proposent maintenant tous un modèle de sous-marin compact, très automatisé, d’entrée de gamme, conçu spécifiquement pour réduire le cout financier et les exigences en terme de soutien et de personnel. Tout en cherchant à intéresser des marines désireuses d’acquérir pour la première fois une force sous-marine, les propositions rivales peuvent aussi intéresser des nations envisageant de renouveler leur force existante.

Source : Jane’s (Grande-Bretagne)