Les marins du Kitty Hawk en liberté surveillée pendant leurs escales au Japon

  • Dernière mise à jour le 18 décembre 2007.

Donc, vous voulez sortir en escale au Japon ? D’abord, remplissez ce formulaire. Puis, obtenez l’accord de votre chef. Et si vous voulez boire, n’oubliez pas votre "copain de liberté". Et rappelez-vous de téléphoner chaque jour, même pendant le week-end de permission.

Ce sont certaines des règles pour les marins embarqués à bord du porte-avions Américain Kitty Hawk, basé au Japon, au moins jusqu’à ce qu’il laisse la place l’été prochain au George Washington avant son désarmement.

Les marins du Kitty Hawk doivent respecter certaines des règles les plus strictes de la Navy, même lorsque leur navire est à son port-base de Yokosuka avec d’autres unités basées au Japon.

Plan individuel détaillé

Tous les marins du Kitty Hawk d’un grade équivalent ou inférieur à second-maître, et tous ceux qui prévoient de boire en dehors de la base, doivent avoir un copain de liberté [1] autorisé et un plan individuel détaillé qui nécessite l’approbation de son supérieur. Tout changement au plan doit être signalé et approuvé par le premier officier marinier supérieur dans la chaine de commandement. Ces restrictions de liberté — souvent renforcées après une série d’incidents liés à l’abus d’alcool impliquant des marins — ne s’arrêtent pas toujours là, selon des marins et le porte-parole de la flotte.

Plusieurs incidents se sont produits dans la semaine qui a suivi le retour du Kitty Hawk le 27 novembre dernier. En réaction, le commandement a durci la politique en exigeant que les chefs de service ou les officiers contactent chaque soir par téléphone ou rencontrent en personne chacun de leurs subordonnés de garde E-6 (second-maître) ou inférieur — même pendant le week-end et quelque soit le statut marital — pour s’assurer qu’ils respectent les plans de liberté approuvés.

Les restrictions ont rendu furieux certains marins.

“Le Kitty Hawk est entré dans une nouvelle phase de stupidité avec ses exigences de plans de liberté. 100% des marins contactés chaque soir par un officier marinier supérieur !” a écrit dans un email à Navy Times un marin non-identifié. “Les gentils sont punis avec les méchants.”

Un autre marin du Kitty Hawk regrettait dans un message de blog les nouvelles restrictions.

“Cela me rend malade de voir comment nous sommes traités. Le pire de tous est de voir les enfants de 16 ans d’autres marins sortir seuls et librement de la base.”

Et ce n’est pas forcément mieux pour les marins des autres navires basés au Japon.

Un second-maître du destroyer Mustin, dans un email relayé à Navy Times par un autre marin, racontait un rendez-vous impromptu avec sa femme dans un restaurant local, grâce à l’aide d’un ami qui avait offert de garder leur fils. Mais avant qu’ils ne puissent aller au restaurant pour dîner et boire cette nuit-là, il a dû retourner à son bâtiment pour remplir un plan de liberté et obtenir l’accord de son commandement.

Considérant son âge et son grade, “[Je] ne devrais pas avoir besoin de demander une autorisation pour consommer de l’alcool en public avec ma femme.”

Mais les responsables de la Navy indiquent que les règles de liberté sont nécessaires pour garantir de bonnes relations avec la population locale dans les ports-base ou dans les autres ports d’escale. Alarmés par certains crimes et des allégations impliquant des marins, les responsables ont revu les règles de liberté en 2003, mettant en place de nouvelles restrictions pour les marins les plus jeunes, et créant un système de badges de couleur.

“Les relations avec nos amis et partenaires peuvent être négativement affectées par des conduites inappropriées dans des ports étrangers,” a déclaré par téléphone mercredi le Cmdr. Dawn Cutler, un porte-parole de la 7è flotte.

Un incident hors service qui n’attire pas l’attention aux Etas-Unis devient souvent une tempête de protestations au Japon, expliquent les responsables.

Les restrictions récentes du Kitty Hawk étaient temporaires, “puisque la plupart des incidents sont survenus dans le passé dans les premiers jours après un retour de mission,” a-t-elle précisé.

Le porte-avions est revenu en arrière pour n’exiger que le contrôle de 20% des marins des grades inférieurs, a déclaré vendredi le Cmdr. Jensin Sommer, un porte-parole de la Task Force 70 à bord du Kitty Hawk, par email. Sommer a indiqué que c’est un niveau normal pour la flotte, soulignant que les contrôles sont laissés à la discrétion de chaque commandant.

“Ces contrôles sont un moyen d’insister sur le fait que, si voulez faire un changement dans le plan original, vous pouvez le faire mais vous devez obtenir l’accord d’un supérieur,” indique Sommer. “Cela donne au marin la flexibilité de faire un changement pour profiter de son temps libre.”

Pendant que les responsables parlent de la “flexibilité” de telles règles, des marins les qualifient de restrictives et un peu plus que du baby-sitting.

“Au cours de mes 21 ans dans la Navy et 10 ans dans la 7è flotte (Japon), je n’ai rien vu de pire,” a écrit dans un blog un officier marinier supérieur du Kitty Hawk. “Heureusement, l’avenir devrait être plus prometteur avec le George Washington.”

Des marins expliquent que ces restrictions strictes ont affecté le moral.

“Les navires sont très paranoïaques que des marins se comportent mal, parce que dans ce cas, le bâtiment doit prendre formellement l’incident en compte, déterminer pourquoi c’est arrivé, pourquoi ils n’ont pas pû l’empêcher et ce qu’ils vont faire pour que cela ne se reproduise plus,” a expliqué un marin affecté à bord d’un navire de Yokosuka.

Les restrictions du Kitty Hawk sont survenues au moment de l’arrestation très médiatisée d’un second maître, qui aurait frappé une Japonaise le 2 décembre à Yokosuka. Il est affecté à bord du Blue Ridge, un navire de commandement de la 7è flotte, selon des articles de Stars and Stripes.

Le marin qui a écrit le message a précisé que le Blue Ridge n’exige pas de ses marins qu’ils rédient des plans de liberté individuels.

Notes :

[1Une sorte de capitaine de soirée.

Source : NavyTimes (Etats-Unis)