Jusqu’au bout, le dernier bâtiment ukrainien a défié la Russie

  • Dernière mise à jour le 28 mars 2014.

Sa tentative de rejoindre la haute-mer bloquée par des épaves de navires sabordés par les Russes, le chasseur de mines ukrainien Cherkassy est parvenu jusqu’à mardi après-midi à conserver une distinction symbolique, même si elle était inévitablement brève : il a été le dernier navire militaire ukrainien en Crimée à n’avoir pas encore été saisi par la marine russe.

Depuis les rives du golfe découpant la façade occidentale de la péninsule depuis la mer Noire, les Russes regardaient le navire pris au piège se déplacer constamment. Ils ont ensuite envoyé des patrouilleurs à sa poursuite pour essayer de le capturer, mais en vain.

Tous les autres navires ukrainiens bloqués dans le même golfe, le lac de Donuzlav, avaient déjà été capturés au cours des jours précédents.

Mardi soir, les Russes ont une nouvelle fois tenté de prendre le chasseur de mines d’assaut. Il y a eu des coups de feu, des explosions et de la fumée, pendant que des hélicoptères survolaient le navire.

Les responsables de la base militaire russe la plus proche ont refusé de faire une déclaration au cours de l’assaut.

Les Russes se sont assurés qu’aucun navire ukrainien pris au piège dans le lac de Donuzlav, ne pourraient s’échapper.

Ils ont coulé 2 vieux bateaux en travers de l’étroit bras de mer qui le relie à la mer Noire, puis, ils ont cueilli un à un les bâtiments ukrainiens, lors d’opérations généralement non-violentes.

Le mardi après-midi, le Cherkassy, en service depuis 1977 et armé de 4 canons, avait réussi à échapper à toute capture.

Le chasseur de mines a essayer de forcer le passage, parvenant presque à s’échapper par l’étroit de passage rejoignant la mer Noire. Mais au dernier moment, il a été heurté par une embarcation russe, qui l’a contraint à faire demi-tour.

Les Ukrainiens ont utilisé des canons à eau pour repousser le navire russe le plus proche. Les 2 côtés étaient lourdement armés, mais le commandant du Cherkassy a reçu l’ordre de n’utiliser ses armes qu’en légitime défense. Les Russes n’avaient pas encore tiré sur son navire.

Les Ukrainiens ont aussi jeté des charges explosives autour de leur chasseur de mines pour maintenir les Russes à l’écart.

Une partie de la stratégie du Cherkassy était de garder le navire en mouvement, faisant des allers et retours d’un bout à l’autre du lac, rendant ainsi leur capture plus difficile.

Le Cherkassy disposait d’assez d’eau, de nourriture et de carburant pour tenir quelques jours.

Mardi soir, les Russes sont finalement parvenus à capturer le chasseur de mines.

Joint par téléphone, le commandant du Cherkassy a expliqué que l’attaque finale avait impliqué 3 patrouilleurs, 2 hélicoptères et un remorqueur.

L’équipage du Cherkassy a essayé de tenir les Russes au loin en jetant des grenades fumigènes, respectant les ordres de ne pas tirer. Les Russes ont tiré dans l’eau à la mitrailleuse. Puis ils ont lancé des charges explosives pour tenter de désemparer le gouvernail.

Ils y sont parvenus et le Cherkassy a perdu sa seule véritable protection : sa capacité à manœuvrer pour rester loin des navires attaquants.

Alors que les forces spéciales russes abordaient le chasseur de mines, le commandant a ordonné à son équipage de s’enfermer sous les ponts. Pendant ce temps, il négociait leur reddition avec les commandos russes.

« Nous sommes parvenus à un accord pour que personne ne soit blessé, » a-t-il expliqué.

Le chasseur de mines a été remorqué vers le port. Les Russes étaient polis, selon le commandant, et respectaient la longue résistance du Cherkassy.

Le commandant a obtenu une dernière faveur : lui et quelques officiers ont passé une dernière nuit à bord du Cherkassy, avec le pavillon ukrainien flottant. Ils ont ensuite débarqué le matin, laissant les Russes l’affaler eux-mêmes.

Source : Wall Street Journal (Etats-Unis)