La Grande-Bretagne a dû négocier avec les Etats-Unis pour participer à l’escorte d’un porte-avions américain dans le détroit d’Ormuz

  • Dernière mise à jour le 8 février 2012.

La Grande-Bretagne a été forcée de négocier avec les Etats-Unis pour obtenir de participer à la flottille "défiant" le pouvoir iranien dans le golfe Persique, après que le commandement américain ait décidé que la Royal Navy n’avait rien à apporter à la mission.

De source militaire britannique, les Américains n’auraient assoupli leur position et permis la participation d’une frégate de la Royal Navy qu’après intervention de Nicolas Sarkozy.

Cette révélation de la faible valeur militaire -aux yeux des responsables militaires américains- d’une participation britannique , va soulever de nouvelles questions sur le poids international de la Grande-Bretagne, après la réduction des crédits militaires par la coalition au pouvoir à Londres .

En pleine tension dans la région, la Royal Navy a envoyé le mois dernier la frégate HMS Argyll dans le golfe Persique.

Le bâtiment accompagnait un groupe de bâtiments américains (un porte-avions, un croiseur et plusieurs frégates).

Une frégate de la marine nationale, le La Motte-Picquet, participait aussi à la force qui a emprunté le détroit d’Ormuz. L’Iran avait lancé des exercices dans la zone et menaçait de bloquer le détroit, une route vitale pour les exportations de pétrole.

Les Etats-Unis ont aussi un autre porte-avions dans le golfe et un troisième est en cours de ralliement.

Le déséquilibre dans le nombre de bâtiments montre que la présence britannique et française dans la force était d’une importance plus diplomatique que militaire.

La question d’une participation alliée à l’opération navale aurait déclenché une inquiétude au ministère britannique de la défense et conduit à une brutale évolution de la position britannique.Le gouvernement britannique aurait indiqué, dans un premier temps, qu’il acceptait la décision de Washington de ne pas associer d’alliés à l’opération. La position britannique a changé lorsque M. Sarkozy a insisté auprès des Etats-Unis pour qu’un bâtiment français soit présent dans la force.

Des sources indiquent que Philip Hammond, ministre britannique de la défense, a conclu que, si les Français envoyaient un bâtiment, la Grande-Bretagne devait faire de même. Sa décision a été reprise par David Cameron, premier ministre.

Ne pas participer alors que les Français le faisaient, aurait pu soulever des questions sur la “Relation Spéciale”, qui a déjà été remise en cause depuis l’élection de Barack Obama. L’an dernier, M. Obama avait qualifié la France d’allié le plus proche des Etats-Unis.

Selon une source diplomatique le commandement américain avait initialement prévu une opération navale purement américaine, et n’a changé d’avis qu’après les protestations des dirigeants européens.

La source a expliqué que : « Les Américains avaient d’abord prévu d’y aller seuls. Ils ont indiqué clairement qu’ils ne voyaient aucun avantage militaire dans la participation de bâtiments européens. »

« Mais, après l’insistance du Président [français] pour une participation nationale, le gouvernement britannique a décidé que “la Grande-Bretagne devait également y participer quelque soit l’intérêt militaire.” »

La source aurait qualifié l’approche de la France et de la Grande-Bretagne de « caprice », la position des deux nations visant à masquer l’inutilité de leur présence dans la confrontation avec l’Iran.

Une source du ministère britannique de la défense a confirmé les événements, qualifiant d’« humiliantes » pour le Royaume-Uni les négociations inter-étatiques sur cette flotte ; de même expliquait-elle que, après l’intervention française, la Grande-Bretagne « devait négocier avec Washington pour permettre l’alignement de la Royal Navy. »

Source : The Telegraph (Grande-Bretagne)