L’Inde a besoin de 18 sous-marins pour faire face au Pakistan et à la Chine

  • Dernière mise à jour le 13 novembre 2011.

La flotte sous-marine indienne meurt de vieillesse. De nouveaux sous-marins n’arriveront pas à temps puisque l’Inde estime qu’il lui faut au moins 18 sous-marins classiques pour faire face au Pakistan et à la Chine.

Ce n’est pas une surprise : la bureaucratie indienne est depuis longtemps qualifiée de lente, laxiste et entêtée, en particulier lorsqu’il s’agit d’aller vite.

L’histoire de l’achat de sous-marins est particulièrement douloureuse. Le projet était de construire, d’ici à la fin de la décennie, 12 nouveaux sous-marins. A ce jour, il y en aura (avec un peu de chance) seulement 6 opérationnels à cette date. Les 6 autres pourraient arriver 5 ans plus tard. C’est difficile de dire exactement quand, parce que le construction de ces 6 sous-marins n’a toujours pas été choisi. La bureaucratie des achats parle de projet “rapide”, mais les observateurs des responsables de cette bureaucratie ne s’attendent pas à la vitesse.

Le début de la construction par l’Inde de sous-marins Scorpène sous licence a été retardé plusieurs fois, et le prix est passé à 5 milliards $ pour les 6 sous-marins. Et alors que ce projet va permettre à l’Inde de disposer de milliers de techniciens expérimentés dans la construction de sous-marins modernes, tout cela va être gaspillé [1] parce que les bureaucrates chargés des achats ne semblent avoir rien appris.

Ces responsables ont déjà provoqué de nombreux retards, et des augmentations de prix, pendant la négociation du contrat pour la construction des Scorpène. Les bureaucrates ont tellement mal géré ce contrat qu’il a pris 3 ans de retard. Mais il est encore plus en retard si vous prenez en compte les quelques années pendant lesquelles les bureaucrates indiens l’ont retardé, avant même de lancer le projet.

Les retards et problèmes de gestion ont, pour l’instant, fait grimpé le prix du contrat de 25%. Le premier Scorpène devrait entrer en service en 2015, puis les autres au rythme d’un par an.

Pour la flotte sous-marine indienne, il y a urgence : à partir de l’an prochain, 5 des 16 sous-marins indiens actuellement en service seront désarmés — 10 sous-marins Kilo et 2 Foxtrot d’origine russe, et 4 U-209 d’origine allemande. Certains sont déjà dans une semi-retraite à cause de leur âge et de leur mauvais état. Dans 3 ans, il ne restera plus que 5 sous-marins opérationnels.

Mais les politiciens et les bureaucrates indiens ont tergiversé pendant près de 10 ans. Ce n’est qu’en 2005 que l’Inde a signé un contrat pour la construction de 6 Scorpène. Les retards ont conduit DCNS, le concepteur français de ces sous-marins, à augmenter le prix de certains composants clé, et l’Inde a eu des problèmes à lancer la construction. Le premier Scorpène devait au départ être construit en France, et les 5 autres en Inde. Même si on s’attendait à certains problèmes (l’Inde construit depuis des décennies des armes complexes sous licence), la bureaucratie du ministère de la défense n’a jamais cessé de surprendre lorsqu’il s’agissait de retarder les travaux, ou seulement de se mettre en travers du chemin.

Les Scorpène sont similaires aux Agosta 90B que le Pakistan a acheté à DCNS à peu près à la même époque. Le 1er Agosta a été construit en France et les 2 autres au Pakistan. L’achat des Scorpène était considéré comme une réponse à l’achat d’Agosta par le Pakistan. La conception des Scorpène est plus récente, le résultat de la coopération entre Français et Espagnols. L’Agosta est un sous-marin d’un déplacement de 1.500 t en surface, avec un équipage de 36 marins et 4 tubes lance-torpilles de 533 mm (il emporte 20 torpilles ou missiles anti-navires).

Le Scorpène est un peu plus gros (1.700 t), a un équipage moins nombreux (32) et est un peu plus rapide. Il dispose de 6 tubes lance-torpilles et emporte 18 armes. Les 2 modèles peuvent être équipé d’un système de propulsion anaérobie, qui permet au sous-marin de rester plus longtemps en plongée et le rend plus difficile à détecter : le système anaérobie permet au sous-marin de rester en plongée pendant plus d’une semaine, à faible vitesse (5 à 10 km/h). Les Pakistanais ont pris une option pour installer un système anaérobie sur leurs 2 Agosta actuels.

Alors que, lorsque le contrat Scorpène a été négocié et signé, la principale inquiétude indienne était la marine pakistanaise, c’est désormais la Chine qui est considérée comme l’adversaire principal. Les sous-marins chinois ne sont pas aussi efficaces que les pakistanais, à la fois à cause de technologies moins modernes et d’équipages moins bien entraînés.

L’Inde pourrait utiliser ses Scorpène pour affronter n’importe quelle tentative chinoise d’étendre sa présence navale en océan Indien.

Par conséquent, les retards et dépassements de budget des Scorpène provoquent un grand émoi en Inde. Mais au rythme où va l’Inde, il va falloir près d’une dizaine d’années avant que les 6 Scorpène ne soient en service.

A ce moment-là, l’Inde aurait environ une douzaine de sous-marins (y compris des sous-marins nucléaires, actuellement en construction). De son côté, la Chine aura plus de 60 sous-marins, dont environ 20% est à propulsion nucléaire.

Notes :

[1Notez que l’Inde avait déjà commis la même erreur, en arrêtant toute construction de sous-marins pendant près de 20 ans, après la fin de celle des U-209 allemands.

Source : The News (Pakistan)