Aller jusqu’au fond du fiasco des sous-marins canadiens

  • Dernière mise à jour le 6 août 2011.

Ceux qui ont acheté une voiture d’occasion qui fonctionne rarement et est toujours chez le garagiste, exigerait probablement d’être remboursé ou, au moins, que le vendeur s’explique. Ils seraient certainement très en colère.

Pourtant, quelle qu’en soit la raison, la marine canadienne ne semble pas perturbée, aussi étrange que cela paraisse, par le fait qu’elle ait acheté 4 sous-marins à la coque rouillé auprès de la Royal Navy, ni qu’aucun d’entre eux n’ait eu la moindre activité opérationnelle depuis qu’ils ont été achetés pour le prix extraordinaire de 890 millions $ en 1998. L’un d’entre eux, le HMCS Chicoutimi, se trouve en cale sèche pour des réparations depuis qu’il a pris feu lors de son premier voyage de la Grande-Bretagne vers le Canada, en 2004.

En réalité, les soudures des 4 sous-marins ont été jugées défaillantes avant même qu’ils ne quittent la Grande-Bretagne. Dans le cas du Chicoutimi, les cloisons métalliques internes étaient corrodées, les vannes de coque étaient fissurées et les compresseurs d’air ne fonctionnaient pas.

Le HMCS Victoria a passé au moins 6 ans en cale sèche et le Corner Brook n’a été opérationnel que 81 jours entre 2006 et 2008.

Depuis 10 ans, le HMCS Windsor a seulement passé 332 jours en mer à cause de diverses pannes et des réparations nécessaires. Mais depuis un an, il ne peut plus plonger trop profondément à cause de problèmes de rouille.

Il faudrait dépenser 5 millions $ pour réparer les dégâts, donc la marine a décidé de nettoyer les parties corrodées puis de les recouvrir d’apprêt.

On ignore comment ou pourquoi le Canada se retrouve avec 4 canards boiteux, bien que le fait que les sous-marins classiques aient été mis sous cocon pendant des années avant la vente soit probablement un facteur. Il ne semble pas que les responsables de l’époque aient eu pleinement conscience de leur mauvais état et des réparations nécessaires.

A une époque, des sous-marins ont pu paraitre un luxe pour un pays comme le Canada, mais ils sont devenus de plus en plus importantes dans le nouveau contexte géopolitique. Ils sont idéalement adaptés par exemple pour accomplir des taches comme la sécurité du périmètre, dont l’importance augmente dans les relations bilatérales avec les Etats-Unis.

Mais ils doivent être fiables et disponibles.

Dans le même temps, le ministère canadien de la défense doit aller au fond des choses : le public mérite une explication sur ce qui s’est mal passé et comment éviter que cela ne se reproduise à l’avenir.

Source : Winnipeg Free Press (Canada)