France et Grande-Bretagne pourraient partager un porte-avions

  • Dernière mise à jour le 4 juin 2011.

La France et la Grande-Bretagne pourraient partager un porte-avions dans le cadre des projets visant à une intégration plus étroite entre les 2 marines, a déclaré vendredi le chef d’état-major de la marine nationale.

L’amiral Pierre-Francois Forissier a aussi indiqué que la marine nationale était surprise par l’ampleur des réductions qui ont sévèrement touché la Royal Navy l’an dernier, avec le désarmement des porte-avions et des chasseurs Harrier ainsi que de bâtiments de surface.

« Du point de vue français, je dois dire que nous sommes véritablement choqués parce que la Royal Navy a toujours été un modèle pour nous. Elle se trouve maintenant dans une situation très difficile, » a-t-il déclaré.

Il a aussi souligné les manques de la flotte britannique diminuée, laissant entendre que la campagne libyenne aurait été « plus efficace » s’il y avait eu un 2è porte-avions en Méditerranée. Actuellement, il n’y a que le Charles de Gaulle. Ses avions embarqués sont responsables de plus d’un quart de toutes les attaques, mais il devra bientôt rentrer au port pour une période d’entretien.

« Si la Grande-Bretagne avait eu un porte-avions sur le théâtre libyen, cela aurait été un soutien pour la RAF parce qu’elle aurait eu besoin de moins d’heures de vol, et ses avions auraient été plus efficaces, » a déclaré l’amiral.

« Lorsqu’on n’a qu’un seul porte-avions, cela signifie qu’on n’a pas une disponibilité permanente à cause des problèmes de maintenance et, bien sûr, cela serait mieux d’avoir 2 porte-avions. »

Alors que la France n’a qu’un seul porte-avions, il est possible que le 2è porte-avions britannique soit partagé entre les 2 pays, uniquement pour des besoins de formation. Cette décision permettrait d’économiser des millions dans chaque pays. L’amiral Forissier précise : « Si nous avions le budget nécessaire, cela serait utile d’avoir chacun un porte-avions national, et d’avoir un porte-avions supplémentaire — pas aussi couteux et pour l’entraînement — pour une utilisation par les marines française et britannique. »

« Cela serait utile d’avoir un porte-avions en Europe pour former les pilotes. Sinon, nous aurions besoin d’avoir 2 porte-avions dans nos 2 pays, et je ne pense pas que cela soit faisable économiquement. »

Les appareils britanniques pourraient décoller à l’avenir de porte-avions français, a déclaré l’amiral. « Lorsque vous conduisez une attaque, c’est la nationalité de l’avion qui est importante. On peut donc imaginer que, à l’avenir, on puisse avoir des avions britanniques volant pour une mission britannique, depuis une base française. »

Sans porte-avions disponible pour la Royal Navy avant au moins une décennie, la marine nationale sera un partenaire important pour aider à former les marins britanniques.

L’amiral Forissier explique que : « La Royal Navy a perdu son savoir-faire pour les porte-avions à catapulte. »

« Pour savoir mettre en œuvre un porte-avions à pleine capacité, on a besoin de 10 ans de formation. Le défi est de nous préparer pendant ces 10 ans pour, lorsque le Queen Elizabeth, le 1er porte-avions britannique, sera prêt, il puisse être opérationnel en très peu de temps. »

Il a aussi suggéré que des troupes françaises et britannique en Libye pour des « missions humanitaires ».

L’amiral a ajouté que, suite à l’accord conclu en novembre dernier entre David Cameron et Nicolas Sarkozy, plus de marins français apprenaient l’anglais.

« Nous devons représenter la civilisation et les valeurs européennes dans un monde globalisé où il n’y a pas autant d’Européens, » a-t-il dit. « Nous n’avons pas d’autre choix que de commencer à travailler ensemble. »

L'analyse de la rédaction :

Cet entretien est rapporté à la fois par la presse britannique et la presse française. Mais on remarquera la différence de traitement entre les médias des 2 pays.
 la presse britannique s’intéresse au partage d’un porte-avions et à la coopération entre les marines. L’opération libyenne est évacuée en une phrase.
 la presse française consacre elle son article à l’opération libyenne, rapportant que le CEMM exclut tout déploiement de troupe au sol et ne consacre qu’un paragraphe aux porte-avions, excluant au contraire toute coopération : « Un porte-avions, dit l’amiral Forissier, ne se partage pas et ne se construit pas en commun pour des raisons de souveraineté nationale. »

Source : Daily Telegraph (Grande-Bretagne)