Le réacteur du sous-marin nucléaire indien n’est pas encore fonctionnel

  • Dernière mise à jour le 14 août 2009.

Le sous-marin nucléaire indien, l’INS Arihant lancé le 26 juillet dernier, n’a pas encore de “réacteur nucléaire qui fonctionne”, explique un scientifique nucléaire familier avec le projet depuis son début.

“Si vous avez l’impression qu’il a touché l’eau avec un véritable réacteur installé à l’intérieur de la coque, vous vous trompez,” a indiqué le scientifique à IANS.

Le scientifique réagissait à un article paru dans Defence Professionals Daily, un site internet allemand, qui expliquait que l’Arihant “est actuellement un peu plus qu’une coque flottante” sans réacteur nucléaire ni systèmes d’armes. Le scientifique, qui ne veut pas être identifié parce qu’il n’est pas autorisé à parler aux médias, précisait les articles de presse laissant entendre que l’Arihant est propulsé par un réacteur nucléaire et que l’Inde est devenu la 6è nation à disposer de sous-marins nucléaires.

“Je pense que les médias ne rapportent pas correctement ce qui leur a été indiqué par le centre de recherche nucléaire Bhabha (BARC), ou que les responsables ont volontairement voulu ne pas être trop explicites au-delà d’un certain point,” a-t-il indiqué.

La presse a indiqué que l’Arihant est équipé d’un réacteur nucléaire qui est la réplique du réacteur de 80 MW construit secrètement à Kalpakkam, près de Chennai, et qui a été présenté à la presse le 2 aout.

Construire ce réacteur à terre — pour la formation et l’entraînement du personnel de la marine — est sans aucun doute possible une réussite du BARC, qui considère que “fabriquer les tubes de combustibles était un véritable défi”, a indiqué la source.

De plus, dit-il, cela a prouvé la capacité de l’Inde à produire l’uranium enrichi nécessaire pour concevoir des réacteurs suffisamment petits pour pouvoir être installés dans le sous-marin.

Plus l’enrichissement est élevé, plus le réacteur est petit et, selon la source, le réacteur indien utilise un uranium enrichi entre 15 et 20%. Le réacteur civil Tarapur, par exemple, utilise de l’uranium importé, enrichi à 3%.

“Cependant, déclarer qu’un réacteur, identique à ce réacteur construit à terre, est déjà à bord de l’Arihant et fonctionne, n’est pas exact”, a-t-il déclaré. Il a souligné que, selon les communiqués officiels, il faudra au moins un an avant que le réacteur de l’Arihant ne devienne critique, une façon de dire qu’il n’y a pas de cœur dans le réacteur actuellement, puisque rend un réacteur critique prend seulement quelques jours, pas des mois.

Le scientifique a indiqué que plusieurs étapes devaient être franchies après la criticité, et que le réacteur devrait être complètement testé avant que le sous-marin ne puisse prendre la mer. Intégrer les missiles balistiques ou de croisière va prendre du temps et il va falloir quelques années pour tester la plateforme et ses systèmes, d’abord au port, puis en mer et enfin, en plongée, à des profondeurs croissantes.

“Par conséquent, l’annonce de l’entrée de l’Inde dans le club des sous-marins nucléaires, avec un produit à moitié terminé sans réacteur nucléaire ni les systèmes d’armes, est peut-être prématuré”, a déclaré le scientifique.

“Après tout, le projet est demeuré secret pendant plus de 20 ans, et quelques années de plus n’aurait pas fait de différence.”

Au contraire, bien que l’Inde ait été le 5è pays à installer en 1964 une usine de retraitement nucléaire, avant même l’Allemagne et la Chine, Homi Bhabha, père du programme d’énergie nucléaire indien, a annoncé sa réussite qu’après sa mise en service et le début de la production de plutonium, a-t-il souligné.

Nataraja Sarma, ancien physicien du BARC, explique qu’il est logique et prudent de d’abord tester la capacité du sous-marin à aller en mer sans le cœur du réacteur du sous-marin puis d’assembler le réacteur.

“Une fois que les gros composants comme le réacteur, les échangeurs de chaleur et les écrans en plomb (pour protéger l’équipage des radiations) sont installés à bord du sous-marin avant la fermeture de la coque, les autres composants plus petits, comme le combustible nucléaire, peuvent être embarqués plus tard pour terminer la construction,” a-t-il indiqué.

L’Arihant est loin d’être opérationnel, mais la noix de coco qui l’a libéré de la cale sèche de Visakhapatnam était cependant une journée importante pour l’Inde, expliquent les scientifiques.

“Ce qui est important à propos du lancement, c’est que l’Inde a maintenant reconnu publiquement son projet de construction d’un sous-marin nucléaire et qu’elle a montré qu’elle a la capacité de le concevoir et de le construire,” a déclaré Uday Bhaskar, ancien commandant de la marine et désormais dirigeant de la National Maritime Foundation.

Source : Thaindian (Thailande)