Le porte-avions français navigue sans arme nucléaire

  • Dernière mise à jour le 5 août 2009.

La France n’envoie plus d’armes nucléaires sur son porte-avions Charles de Gaulle, dans des circonstances normales, mais stocke les armes à terre, selon des responsables français.

Le porte-avions Charles de Gaulle avec ses avions sur le pont

Le Président Nicolas Sarkozy avait déclaré en mars 2008 que la France “pouvait et devrait être plus transparente en ce qui concerne son arsenal nucléaire que n’importe qui l’a jamais été.” Mais, alors que les autres puissances nucléaires ont déclaré depuis longtemps que leurs armes navales ont été débarquées ou démantelées après la fin de la Guerre Froide, une annonce similaire n’a — à la connaissance de l’auteur — pas été faite par la France.

L’annonce française marque la fin du déploiement en mer en temps de paix d’armes nucléaires à courte portée.

On ignore quand a eu lieu le débarquement ; il pourrait s’être produit il y a des années. Mais il termine un retrait mondial des armes nucléaires à courte-portée des océans du monde qui, il y a 20 ans, comprenaient plus de 6.500 missiles de croisière, missiles anti-sous-marins et anti-aériens, bombes, torpilles et charges de profondeur, britanniques, françaises, russes et américaines.

Le porte-avions Charles de Gaulle

Le porte-avions à propulsion nucléaire Charles de Gaulle emporte une escadrille de chasseurs Super Étendard équipés du missile de croisière nucléaire ASMP. A partir de 2010, ces appareils seront remplacés par le Rafale F3 (version Marine), équipé d’un nouveau missile de croisière nucléaire, connu sous le nom ASMP-A. L’arme entrera en service l’automne prochain sur les Mirage 2000N de l’armée de l’air et l’an prochain sur le Rafale F3.

Un missile ASMP sur Super Étendard
Un Super Étendard se prépare à décoller d’un porte-avions avec un missile de croisière ASMP factice sous son aile droite.

La France disposait précédemment de 2 porte-avions, le Clémenceau et le Foch, à capacité nucléaire. Initialement armés de bombes nucléaires, les 2 navires ont été équipés à la fin des années 80 de l’ASMP, mais ils ont été désarmés respectivement en 1997 et 2000. Des projets visant à les remplacer par 2 porte-avions à propulsion nucléaire ne se sont pas concrétisés ; seul le Charles de Gaulle a été construit.

Un missile ASMP-A sur Rafale F3
Un Rafale F3 avec un missile de croisière nucléaire ASMP-A factice installé sur le pylône central.

Avec une portée de seulement 300 km (500 km pour l’ASMP-A), le missile de croisière correspond, strictement parlant, à la catégorie des armes américaines et russes non stratégiques, mais la France qualifie ses missiles de croisière de stratégiques ou pré-stratégiques. Techniquement, le rayon d’action de l’appareil lançant le missile de croisière étend la portée à 2.000-2.500 km, similaire à celle du missile de croisière nucléaire américain Tomahawk (version attaque terrestre) et du SS-N-21 russe. Mais cela suppose que l’appareil sera capable de pénétrer les défenses aériennes du pays cible. Quoi qu’il en soit, les adversaires potentiels se préoccupent probablement moins de la terminologie que du fait que l’arme soit nucléaire.

Dans des circonstances normales, les missiles de croisière sont stockés à terre, peut-être dans une zone de stockage d’armes proches du port-base du porte-avions à Toulon. Les soutes de stockage des armes sur le Charles de Gaulle sont entretenus et l’équipage s’entraîne régulièrement et est certifié pour stocker et mettre en œuvre le missile, de façon à ce qu’ils puissent rapidement être embarqués si la décision est prise de les déployer.

En ce qui concerne la mission de frappe nucléaire du Charles de Gaulle, elle peut difficilement être qualifiée d’essentielle. Au cours de la période prolongée où le porte-avions est en entretien (18 mois), la France n’a pas de capacité de lancer depuis la mer des missiles de croisière nucléaire.

Source : Federation of American Scientists (Etats-Unis)