La France et l’Allemagne luttent pour vendre des sous-marins au Pakistan

  • Dernière mise à jour le 21 juillet 2009.

Le Pakistan semble perdre patience avec l’Allemagne à propos d’un accord d’1,5 milliard € destiné à renforcer sa flotte de 10 sous-marins. Ou alors il joue un Berlin réticent contre Paris.

Un accord pour la fourniture de 3 sous-marins U-214 n’attendrait plus que la signature définitive de l’Allemagne après que les derniers détails aient été réglés lors de la visite en Allemagne d’une délégation navale pakistanaise en avril dernier. Citant des sources du gouvernement pakistanais, le Financial Times Deutschland indique que le président pakistanais Asif Zardari pourrait aller à l’encontre de la préférence de son armée pour les sous-marins allemands, pour accepter une "meilleure offre" française.

Les Français auraient proposé de fournir 3 sous-marins et d’améliorer l’accord en modernisant et réparant les anciens sous-marins qui font déjà partie de la flotte pakistanaise. Il y a 2 ans, le président Jacques Chirac aurait écrit personnellement au président du Pakistan, le général Pervez Musharraf, lui demandant d’acheter français et lui offrant la perspective d’un soutien français et de financement pour de nouveaux hôtels et d’une usine de construction de voitures.

Les sous-marins allemands proposés seraient construits par ThyssenKrupp au chantier naval Howaldtswerken à Kiel. La vente, qui s’accompagnerait de financements à faible taux d’intérêt par l’entreprise publique KfW, est politiquement controversée en Allemagne et exige l’approbation du Conseil de Sécurité Nationale, qui supervise les ventes de matériels militaires sensibles et d’autres équipements, en particulier vers les régions en conflit ou instables.

En réponse à une demande préliminaire en 2006, le Conseil avait donné à l’éventuelle vente de sous-marins au Pakistan un feu vert provisoire. Cette approbation avait déclenché une tempête de protestation politique par crainte qu’une telle vente n’accroisse la course actuelle aux armements entre l’Inde et le Pakistan. L’an dernier, des organisations non gouvernementales avaient protesté contre la fourniture au Pakistan de drones et de torpilles. Le Pakistan est aussi intéressé par l’achat de chars et de véhicules blindés allemands.

En Allemagne, les inquiétudes provoquées par la vente d’armements au Pakistan — une puissance nucléaire — augmentent, attisées par la crainte que le pays puisse être déstabilisé ou même tombe entre les mains de militants islamistes. Il y a de fortes inquiétudes sur la fiabilité des forces armées, dont une partie aurait des sympathies envers les Talibans.

La question pourrait provoquer des divisions au sein même de la coalition gouvernementale d’Angela Merkel. En 2005, le ministère de la défense conduit par Franz Josef Jung — un Chrétien Démocrate, de centre-droit, le parti de Merkel — a négocié un large accord de coopération dans l’armement avec le Pakistan. La déclaration d’intention correspondante a été bloquée par l’opposition du ministre des affaires étrangères, Frank Walter Steinmeier, un Social Démocrate, candidat de son parti au poste de Chancelier pour les prochaines élections, prévues le 27 septembre prochain.

La vente d’armes au Pakistan est actuellement une patate chaude politique — et elle ne peut que devenir encore plus chaude — le Conseil Fédéral de Sécurité a refusé de prendre une décision sur la vente, en attendant les élections.

Dans le même temps, l’Inde se prépare à lancer un sous-marin nucléaire, en utilisant des technologies françaises, rejoignant le club très fermé des pays disposant d’une flotte de sous-marins nucléaires. Actuellement, ce club ne comprend que les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU : Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne.

Source : United Press International (Etats-Unis)