Le chantier naval russe de l’Amur renationalisé

  • Dernière mise à jour le 12 mai 2009.

Le plus important chantier naval russe de la côte Pacifique, le chantier naval de l’Amur, a été renationalisé pour une somme symbolique et va recevoir des centaines de millions de roubles en aides d’Etat, a indiqué lundi le Premier Ministre russe, Vladimir Poutine.

Le chantier naval installé à Komsomolsk-on-Amur, qui construit des sous-marins nucléaires et s’est trouvé à la limite de la faillite, va être transféré à United Shipbuilding Corporation, la holding contrôlée par le gouvernement russe qui réunit l’industrie de construction navale du pays, a expliqué Poutine.

Le chantier naval, qui emploie 15.000 personnes, a accumulé une dette de 36 milliards de roubles (821 millions €), dont 13,6 milliards (310 millions €) à la seule banque publique Sberbank, a déclaré Poutine lors d’une visite du chantier naval, selon une transcription de sa réunion avec les salariés du chantier disponible sur le site du gouvernement.

"Il y a 2 jours, Sberbank et un groupe d’actionnaires privés ont signé un accord pour vendre 59% des actions à Sberbank," a indiqué Poutine, ajoutant que Sberbank vendrait les actions à USC, qui est détenu à 100% par l’état russe.

Après cet accord, l’état russe contrôlera 77% du chantier.

Le vice-premier ministre, Sergei Ivanov, a déclaré aux journalistes à Komsomolsk-on-Amur que Sberbank avait payé aux actionnaires privés plusieurs centaines de milliers de roubles — "10 fois moins que le prix d’un billet d’avion" entre Moscou et Amur.

"La compagnie était en faillite. ... Personne n’a forcé qui que ce soit," a-t-il expliqué.

Le chantier naval ne révèle pas la structure de son actionnariat sur son site officiel. Selon un article de Kommersant publié en 2007, les actionnaires privés comprennent les compagnies Stigma-Trust (17%), Torgovo-Finansovaya Gruppa (15) et Polar Alliance (9,8%). Il y a aussi des personnes privées parmi les actionnaires, avait indiqué Kommersant, sans donner le nom d’aucun d’entre eux.

Poutine a déclaré lundi que le gouvernement allait verser au chantier 2,5 milliards de roubles (57 millions €) pour restructurer les dettes et 400 millions $ (292 millions €) pour sur les 10 prochaines années pour relancer la production.

Le chantier naval a construit 97 sous-marins, dont 56 nucléaires. Lundi, Poutine a vu le sous-marin nucléaire inachevé du projet 971 Bars, dont la construction a été stoppée en 1996 par manque de financement.

Poutine a indiqué que le chantier naval ne pouvait pas exécuter les commandes, dont celle du ministère russe de la défense, parce que l’argent versée sur ses comptes avait été envoyé directement aux créanciers, dont Sberbank. Cette pratique va s’arrêter, et le ministère de la défense va verser 201 millions de roubles (4 millions €) à l’usine "d’ici une semaine" et 380 autres millions (8 millions €) avant la fin mai, a précisé Poutine.

Certains des travailleurs du chantiers, cités dans la transcription du site, ont demandé à Poutine que le gouvernement reprenne le contrôle du chantier.

Ivanov s’est interrogé sur le fait qu’une compagnie exécutant des commandes sensibles dans le domaine de la défense, y compris des sous-marins nucléaires, ait fini dans des mains privées dans les années 90.

Le chantier a fait la première page des journaux en novembre dernier lorsqu’un accident avec un système d’extinction des incendies, pendant des essais à la mer du sous-marin Nerpa, a tué 20 personnes, dont 17 employés du chantier. Le Nerpa a été construit pour la marine indienne.

Lundi, le directeur général du chantier, Nikolai Povzyk, a déclaré que le sous-marin avait été entièrement réparé et serait remis aux Indiens vers la fin de l’année, a indiqué Itar-Tass.

Source : Moscow Times (Russie)