Les pirates ne seraient pas intéressés par un regain de violence

  • Dernière mise à jour le 14 avril 2009.

Les attaques des commandos-marine français et américains pour libérer des otages de pirates somaliens ont fait craindre lundi pour la sécurité des marins étrangers encore retenus en otage. Elles ont provoqué un débat sur la protection de la navigation commerciale. La conclusion la plus probable, cependant, est que cela ne changera rien au mode d’action des pirates.

Les dirigeants des pirates ont promis des représailles pour la mort de 3 pirates par des tireurs d’élite des Navy SEAL lors du sauvetage dimanche du capitaine américain Richard Phillips. Deux jours auparavant, une action française avait permis de libérer 4 otages mais avait entraîné la mort d’un français et de 4 pirates.

Le Bureau Maritime International a indiqué qu’il soutenait les actions française et américaine, mais aussi qu’il craignait que cela entraîne des représailles de la part des pirates — une crainte partagée par la plupart des 228 otages étrangers retenus en otage.

La principale inquiétude des pirates reste cependant économique, et ils n’ont aucun intérêt dans une escalade de la violence.

Des pirates armés de fusils d’assaut et de lance-grenades ne ruent généralement dans des skiffs vers un navire. Ils utilisent des cordes et des crochets pour monter à bord sans tirer de coup de feu. Au bout de quelques jours, une rançon de 1 à 2 millions $ est remise, par air ou par mer, et le navire et son équipage sont libérés.

Aucun coup de feu n’est tiré. Personne n’est blessé. Certains otages ont même raconté avoir été nourris "somptueusement", les pirates facturant ensuite la nourriture et les boissons aux armateurs.

Cela, et la rançon, sont payés par les compagnies d’assurance. L’an dernier, les primes pour le passage le long de la côte Est de l’Afrique ont explosé en aout et en septembre après une augmentation des attaques, puis sont retombées en janvier lorsque le mauvais temps a réduit les attaques. Les primes devraient à nouveau augmenter avec le dernier pic.

Après l’attaque américaine de dimanche, les pirates ont menacé de lancer des représailles.

"A partir de maintenant, si nous capturons des navires étrangers et que leur pays respectif essaient de nous attaquer, nous allons tuer les otages," a déclaré Jamac Habeb, un homme de 30 ans, auto-proclamé chef des pirates.

Mais les spécialistes pensent que ce sont des fanfaronnades qui s’estomperont si la tension diminue.

Il est beaucoup plus probable que les pirates vont éviter d’attaquer des navires battant pavillon français et américain, a déclaré David Johnson de la compagnie britannique EOS Risk Management, qui forme des officiers de sécurité pour les navires de commerce.

"Les pirates ne veulent pas provoquer une escalade de la violence parce que ce n’est pas dans leur intérêt, ni dans celui des autres pays de la région," a-t-il expliqué.

"Jusqu’à présent, aucun otage n’a été tué," a-t-il rappelé. Un seul otage, un marin taïwanais, est mort dans des circonstances qui n’ont pas été éclaircies.

Cuss explique que c’est remarquable "quand vous pensez aux centaines d’otages qu’ils ont détenu. Ce sont de très, très jeunes hommes qui circulent avec des armes. La probabilité d’un accident, sans même parler d’un meurtre délibéré est élevée."

L’attaque française était la troisième en un an. Pourtant les pirates n’ont pas délibérément ciblé les ressortissants français ou les navires français, a déclaré Hugh Martin, dont la compagnie, Hart Security UK Ltd., assure la protection de navires le long de la côte du Yémen dans le golfe d’Aden.

Les pirates, explique-t-il, ont montré qu’ils ne veulent pas mettre en danger leur sécurité. Ils préféreront aller vers l’option la plus facile.

Source : Associated Press