Lutte contre la piraterie : l’action coordonnée est toujours absente

  • Dernière mise à jour le 13 avril 2009.

Si l’Europe grimace parfois face aux accusations qu’elle devrait plus participer à la guerre en Afghanistan contre les Talibans, elle est plus fière d’avoir pris le premier rôle dans la lutte contre la piraterie en Somalie. Cependant, comme dans la guerre en Afghanistan, cet effort semble inefficace face à des pirates qui s’adaptent rapidement et qui reviennent toujours — malgré des succès comme celui de la libération dimanche du capitaine américain retenu en otage depuis mercredi.

Conduites par la France et la Grande-Bretagne, l’Europe a fait de la lutte contre la piraterie au large de la Somalie une priorité majeure, et a fourni de nombreux navires. Paris, Londres et d’autres nations européennes ont rédigé des résolutions des Nations Unies autorisant l’utilisation de la force pour combattre les pirates somaliens. La France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, le Portugal, l’Espagne et les Pays-Bas ont tous des bâtiments participant à la CTF-150, dont l’une des missions est de prévenir la piraterie. Et dans des opérations similaires au sauvetage du capitaine du Maersk Alabama par des Navy Seals, les commandos de marine français ont mené au moins 3 opérations pour libérer des ressortissants français retenus en otage — dont le raid du 10 avril sur un voilier dont les 5 membres d’équipage étaient retenus depuis quelques jours. Samedi, une frégate espagnole a intercepté 6 pirates présumés à bord de leur embarcations chargées d’armes alors qu’ils se dirigeaient vers un navire de commerce panaméen.

Mais, dans tous ses efforts, l’Europe ne pas montrée plus efficace pour éradiquer la piraterie dans la région que ne l’ont été les Etats-Unis ou les nations africaines.

Lorsque les pirates réussissent à ramener les navires le long de la côte et à débarquer les otages, ils sont pratiquement invulnérables contre toute tentative de libération des otages ou du navire.

C’est exactement la situation que les Etats-Unis voulaient éviter en sauvant dimanche le capitaine du Maresk Alabama. Ou que la France voulait éviter en lançant son opération au cours de laquelle des commandos de marine ont pris d’assaut le voilier Tanit vendredi, dans laquelle 2 pirates et le propriétaire ont été tués. Malgré le risque pour l’équipage, le président Sarkozy a personnellement approuvé l’attaque une fois que tous les efforts pour négocier leur libération — dont le paiement d’une rançon — ont été refusés par les pirates, qui voulaient absolument être autorisés à rejoindre la côte.

Le pic du nombre d’attaques de la semaine dernière est intervenu alors même que l’OTAN venait de redoubler le nombre de ses patrouilles au large de la Somalie. Bien que l’opération Atalante européenne ait été lancé l’automne dernier pour remplacer la flottille de l’OTAN, l’Alliance a décidé depuis de relancer une nouvelle opération, baptisée "Allied Protector", ayant en gros le même rôle, tout en étant indépendante de l’action européenne. Selon la plupart des experts, ces efforts militaires resteront inutiles tant qu’ils ne seront pas le vecteur d’une stratégie bien coordonnée de lutte contre la piraterie.

Mais pour les unités navales au large de la Somalie, la coopération est, dans de nombreux cas, informelles. Par exemple, le seul moyen qu’ont les officiers américains pour communiquer avec leurs homologues chinois, a déclaré le commandant de l’US Central Naval Command, le vice-amiral William Gortney, devant des députés américains la semaine dernière, c’est en envoyant des messages non protégés à leur compte de messagerie Yahoo.

Source : Time Magazine (Etats-Unis)