Il y a 20 ans, le sous-marin soviétique Komsomolets coulait en mer de Norvège

  • Dernière mise à jour le 8 avril 2009.

Le 7 avril 1989, le plus moderne des sous-marins soviétiques, le seul de son type, le Komsomolets, coulait en mer de Norvège après un incendie. 42 sous-mariniers disparaissaient pendant qu’un avion de surveillance norvégien tournait autour du sous-marin en train de couler.

Le Komsomolets
Image prise le 1 janvier 1986 par un avion américain.

Le Komsomolets rentrait à sa base de Zapadnaya Litsa dans la péninsule de Kola Peninsula après une patrouille dans les eaux nordiques, au matin du 7 avril.

Le sous-marin, surnommé le "Poisson d’Or" parmi les officiers de la Flotte du Nord, était le seul exemplaire de la classe Mike, un sous-marin dont la coque était en titane, admis au service actif en 1984. Le Komsomolets pouvait plonger profondément, tr-s profond. Pouvant plonger à 1.000 m de profondeur, il était impossible à détecter par les satellites américains ou par les systèmes de détection sous-marine. Les analystes de la Guerre Froide ont dit que le Komsomolets était la réponse de l’Union Soviétique au programme de Guerre des Etoiles Ronald Reagan. Alors que les Américains allaient plus haut dans l’espace, les Soviétiques descendaient plus profond avec leurs armes nucléaires.

Naviguant à 1.000 m de profondeur, il pouvait échapper aux systèmes anti-sous-marins de l’OTAN et emmener ses missiles, dont certains à tête nucléaire, juste devant la côte est des Etats-Unis. Pour son dernier voyage, le Komsomolets était armé de 2 torpilles à tête nucléaire.

En ce matin d’avril, tout était normal à bord. L’équipage s’apprêtait à débarquer après 37 jours de mer. Sur le quai de la base de Zapadnaya Litsa, leur épouse ou petite amie, peut-être des enfants, des proches et des amis, attendaient que l’équipage rentre. Comme à de nombreuses reprise. Zapadnaya Litsa est la base sous-marine située la plus à l’ouest dans la péninsule de Kola. Elle est située à seulement 50 km de la frontière avec la Norvège.

Puis, à 11:03 (heure de Moscou), la sonnerie d’alarme a retenti. L’équipage s’est précipité aux différentes postes et tâches d’urgence. Ils l’avaient déjà fait à de nombreuses reprises au cours d’exercices. Mais ce matin-là, ce n’était pas un exercice. Un incendie s’était déclenché arrière du sous-marin.

Lorsque l’alarme a retenti, le Komsomolets se trouvait par 160 m de fond, à quelques 180 km au sud de l’île aux Ours. Onze minutes après que l’incendie ait été détecté, le Komsomolets effectue une remontée d’urgence en surface.

Arrivé en surface, le commandant envoie des signaux de détresse au quartier-général de la Flotte du Nord à Severomorsk. L’incendie avait provoqué des courts-circuits dans le système électrique et les systèmes d’urgence du réacteur nucléaire s’étaient déclenchés et le réacteur était arrêté. Le feu s’est propagé à d’autres compartiments et les tentatives de l’équipage pour éteindre les flammes ont échoué.

Le sous-marin a perdu toute source d’énergie et a manqué d’air comprimé nécessaire pour maintenir le sous-marin en surface. A 17:00, le Komsomolets a manqué de flottabilité et de stabilité. L’équipage a commencé à mettre les canots de sauvetage à l’eau. Mais il n’y en avait pas assez et ceux qui étaient accessibles ne flottaient pas correctement.

A 17:08, le Komsomolets a coulé.

Dans l’heure qui a suivi, 42 sous-mariniers ont perdu la vie dans la mer froide. L’équipage d’un avion norvégien de surveillance qui survolait l’endroit a assisté à la tragédie.

Juste après 18:00, les premiers navires sont arrivés. Les survivants sont montés à bord du chalutier soviétique Oma et du cargo Aleksandr Khlobystsov. A ce moment-là, l’équipage évacué du sous-marin était resté dans l’eau glaciale pendant plus d’une heure.

Les survivants frigorifiés et les corps des victimes ont été emmenés à Severomorsk sur la péninsule de Kola à bord du croiseur nucléaire Kirov.

25 des 67 membres d’équipage du Komsomolets ont survécu. Le sous-marin, son réacteur et 2 torpilles à tête nucléaire, repose au fond de la mer par 1.685 m de fond.

A la suite de la tragédie, les familles des disparus n’ont été informés des décès que le 10 avril, 3 jours après l’accident. A aucun moment, le commandement de la Flotte du Nord n’a demandé l’assistance des autorités norvégiennes. La Guerre Froide régnait encore.

La raison pour laquelle le Komsomolets a coulé après l’incendie n’ont jamais été éclaircies. Deux enquêtes, l’une menée par une commission d’état de l’URSS, l’autre indépendante, n’ont pas réussi à établir de preuves expliquant pourquoi l’accident est survenu et pourquoi il y a eu autant de morts. Les survivants et les familles des disparus n’ont toujours pas les réponses qui pourraient au moins amener la compréhension.

La commission d’état de l’URSS a conclu que personne n’était responsable du naufrage du sous-marin. La commission indépendante a suggéré qu’il y avait des raisons de croire que le Komsomolets souffrait de problèmes de construction. D’autres prétendent que l’équipage n’était pas assez formé pour mettre en œuvre ce sous-marin moderne.

Source : Barents Observer (Norvège)