Prêt pour la semaine de 4 jours ?

  • Dernière mise à jour le 4 janvier 2009.

Il y a 10 mois, l’US Navy a commencé à expérimenter sur un de ses destroyers la semaine de travail de 4 jours. L’objectif était de fidéliser le personnel en leur donnant un jour de repos supplémentaire, sans remettre en cause l’état de préparation et d’entraînement du bâtiment. 10 mois plus tard, premier bilan.

Il y a 10 mois, le destroyer Donald Cook est passé à la semaine de travail de 4 jours. Parker, le commandant du Norfolk, explique que cela n’a pas seulement augmenté le temps de repos de l’équipage lorsque le bâtiment est à quai. Cela a aussi fortement réduit le nombre de punitions infligées à l’équipage. L’état du bâtiment, propreté, préparation et entraînement n’en a pas pâti pour autant.

L’objectif de l’US Navy est de conserver les bonnes personnes dans les bons postes. Elle a donc pris des mesures pour améliorer les conditions de travail et de vie, des mesures dont les amiraux pensent qu’elles feront de la Navy un “employeur de choix” et que de nombreux marins aux compétences de haut niveau choisiront de rester en son sein.

Le Cook a subi depuis le mois de juin — date à laquelle il a mis en place la semaine de 4 jours — 20 inspections de divers types, sans aucune observation. Parker explique que l’équipage, un résultat direct de ce nouveau calendrier, est devenu plus efficace dans la planification et dans l’exécution des tâches au port. Et comme il n’y a pas de semaine de 4 jours en mer, ils sont mieux préparés lorsqu’ils naviguent.

Le commandant reconnait que les résultats peuvent en surprendre plus d’un. “On ne penserait pas qu’en donnant plus de temps libre à l’équipage, on obtiendrait ce résultat, et pourtant c’est ce qui arrive.”

Le bâtiment ne fixe pas une journée de repos dans la semaine. Les officiers conçoivent un planning de travail et les marins négocient leur jour de repos avec leurs chefs en fonction de ce planning.

Et plus important : le jour de repos supplémentaire est un privilège, pas un droit. Ainsi, les marins sont poussés à mieux travailler pour ne le faire que 4 jours.

Pour que l’expérimentation se poursuive, le commandant veut que les inspections soient passées avec succès, que le navire soit propre et en condition InSurv à tout moment. “InSurv” fait référence au très rigoureux Board of Inspection and Survey que tous les navires doivent effectuer régulièrement.

Par exemple, un service par semaine subit une inspection rigoureuse. Tout est passé en revue, depuis la maintenance préventive, l’entraînement et la formation individuelle à la disponibilité du matériel.

“On ne peut pas prévoir les pannes, mais en entretenant le matériel chaque jour, vous pouvez travailler pour réduire les urgences — parce que lorsque quelque chose tombe en panne, la priorité immédiate est de le réparer.”

De plus, l’entraînement du navire est une priorité. Le commandant a choisi une journée — le mercredi — où tout le monde doit être à bord.

Seuls les marins qui ne réussissent pas à obtenir leurs qualifications ou ceux qui ont été punis au cours des 30 derniers jours ne bénéficient pas de ce jour de repos supplémentaire.

Pour tout le reste de l’équipage, le jour de repos est obligatoire.

“Pour que cela fonctionne, tout le monde doit prendre son jour de travail, du haut en bas de la hiérarchie, et cela me comprend, moi aussi,” explique le commandant. “Si les chef de service voient que le commandant en second ne prend pas son jour de repos, alors, ils ne vont pas le prendre non plus. Et rapidement, cela se propage dans tout l’équipage et plus personne ne prend son jour de repos.”

Il est parfaitement conscient qu’il y a des circonstances exceptionnelles — et il faut son autorisation. Si cela se produit, le jour de repos est repoussé d’une semaine.

Et les marins ne travaillent pas 4 journées de 10 heures. Tout le monde doit être au travail ) 6 heures du matin et part à 15 heures. Ceux qui doivent travailler après cette heure doivent avoir l’accord du commandant.

“Nous ne travaillons pas plus d’heures, nous travaillons plus dur lorsque nous sommes là,” explique le commandant. “Tout le monde travaille plus efficacement lorsqu’ils sont là — Ca peut sembler bizarre mais c’est vrai.”

Pour faire fonctionner le système, des adaptations ont été apportées depuis le départ.

Par exemple, au début, tout le monde travaillait de 7 à 16 heures.

Mais les marins se plaignaient de perdre trop de temps dans la circulation, jusqu’à une heure pour certains. Après consultation de l’équipage, l’embauche a été avancée d’une heure pour éviter les embouteillages.

Et cela donne plus de temps, même pendant les jours de travail, pour être avec leur famille.

Une autre solution pour gagner du temps a été trouvée en répartissant les travaux à effectuer la veille : ainsi, les marins ne perdent pas de temps à changer d’uniforme pour mettre le bleu de travail.

Certaines conséquences sont assez inattendues.

Comme le commandant en second doit prendre un jour de repos, chaque semaine, un chef de service a la possibilité d’être le commandant en second du jour. Et c’est aussi vrai pour chaque marin qui a la possibilité d’acquérir une expérience nouvelle.

Comme la charge de travail n’a pas changé, les membres de l’équipage, même les moins gradés, ont dû développer leurs compétences en gestion du temps.

Les marins sont motivés pour cela : soit ils sont bons en gestion du temps, soit ils perdent leur jour de repos. Maintenant, ils prévoient mieux à l’avance le travail qui doit être fait.

Et comme ils ont ce jour de repos supplémentaire, il y a beaucoup moins d’autorisations d’absence pour aller immatriculer sa voiture ou effectuer d’autres formalités administratives.

Source : Navy Times (Etats-Unis)