La marine indienne s’inquiète de la coordination de la lutte contre les pirates et de l’espionnage

  • Dernière mise à jour le 24 novembre 2008.

De nombreux bâtiments militaires sont rassemblés au large de la Somalie et dans le golfe d’Aden pour lutter contre la piraterie. La frégate indienne Tabar est venue s’ajouter avec fracas la semaine dernière à ce nombre, en s’attaquant à un bâtiment pirate dans une première action en dehors des eaux territoriales indiennes.

Mais, malgré les acclamations qui ont salué l’action navale indienne, il n’y a pas d’unanimité sur la manière dont les opérations devraient être conduites. La marine indienne elle-même est confuse parce qu’il n’y a aucun mécanisme prévu pour se coordonner avec les autres bâtiments déployés dans la région.

Parmi les forces présentes au large de la Corne de l’Afrique, on trouve la Combined Task Force 150, une “coalition volontaire” organisée par les Etats-Unis lorsqu’ils ont commencé l’opération Enduring Freedom en Afghanistan en 2001. Elle rassemble des bâtiments des Etats-Unis, du Danemark, de France, Allemagne, Canada, Grande-Bretagne et Pakistan. De plus, la 5è Flotte américaine, basée à Bahreïn, participe aussi à la CTF 150.

L’Inde ne peut rejoindre ce groupe parce que la task force participe à l’opération Iraqi Freedom, la guerre américaine en Irak, contre laquelle l’Inde a diplomatiquement pris position.

D’autre part, une force de l’OTAN, avec des bâtiments de Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Turquie et des Etats-Unis est présente jusqu’au mois de décembre. L’Inde n’est ni un membre de l’OTAN, ni considérée comme un “allié ne faisant pas partie de l’OTAN”.

De 4 à 6 bâtiments de l’Union Européenne soutenus par 4 avions de patrouille maritime vont se joindre aux opérations dans le golfe d’Aden.

La semaine dernière, une frégate de la Flotte russe de la Baltique, le Neutrashimy, a commencé une patrouille indépendante au large de la Corne de l’Afrique. Et maintenant, une frégate indienne est sur le chemin.

L’action du Tabar a été accueillie par des acclamations — depuis l’Australie, où un journal a écrit que l’action de l’Inde était la “référence” pour la bataille contre la piraterie, jusqu’au Bureau Maritime International, qui a demandé aux autres marines de suivre l’exemple de l’Inde, et aux Etats-Unis où le porte-parole du Département d’Etat a félicité l’Inde.

A l’état-major de la marine à New Delhi, cependant, l’optimisme provoqué par l’action du Tabar est tempéré par une inquiétude sur la manière dont la marine indienne va s’intégrer dans le réseau naval complexe dans le golfe d’Aden. Il y a aussi une inquiétude que la présence d’autant de bâtiments venant du monde entier conduise à de l’espionnage électronique — des actions destinées à évaluer le potentiel des bâtiments de guerre des autres marins, et à enregistrer la signature électronique de leurs radars et de leurs moyens de communication.

C’est la raison pour laquelle la marine indienne ne veut plus communiquer sur l’envoi d’un second bâtiment dans la région, après, dans un premier temps, indiqué qu’un destroyer de la classe Delhi serait au large de la Somalie dans 4 jours. La marine indienne dispose de 3 destroyers de cette classe — l’INS Delhi, INS Mumbai et l’INS Mysore.

“Il y a près d’une vingtaine de bâtiments là-bas, appartenant à au moins une dizaine de pays différents,” a déclaré un officier à Delhi. “Nous devons savoir comment nous coordonner avec eux.”

Ironiquement, le nombre d’attaque de pirates a augmenté malgré la présence croissante de bâtiments de guerre. L’attaque la plus importante s’est produite pendant le weekend sur le Sirius Star, un pétrolier saoudien, qui faisait suite à l’attaque d’un cargo ukrainien transportant 33 chars.

En termes purement militaires, il y a une énorme asymétrie sur le champ de bataille du golfe d’Aden. Les pirates sont équipés d’AK-47s, d’embarcations rapides et de “bateaux mères”, généralement de simples dhows, alors que les marines alignent frégates, destroyers, croiseurs et hélicoptères. Pourtant, ils n’ont aucune idée, en l’absence de coordination et de leadership, de ce qu’il faut faire pour sécuriser les voies maritimes.

Source : Telegraph (India)