Naufrage du Koursk : un chercheur américain énervé par les soupçons de complot

  • Dernière mise à jour le 25 juillet 2005.

Quand il a proposé àses éditeurs d’écrire un livre sur le désastre du sous-marin russe, Ramsey Flynn pensait qu’il pourrait s’agir d’une opportunité de déterminer définitivement comment le Koursk a coulé et de clore des années de débats sur divers complots.

Mais Flynn, qui avait une réputation d’écrire des articles sur “que c’est-il réellement passé ?” pour des magazines qui examinent les plus petits détails de grands événements, a déclaré vendredi devant des membres de la Naval Submarine League que son livre, “Cry from the Deep [1], n’avait pas empêché les gens de chercher une explication qui s’appuie plus sur le mystère que sur les faits.

Par exemple, lundi prochain, la télévision canadienne va diffuser un documentaire français qui soutient que l’USS Memphis, dont la Navy a reconnu la présence dans la région lors du naufrage du Koursk, lui a lancé une torpille Mark 48.

Les théoriciens du complot prétendent que le Memphis était très proche lorsque le Koursk a ouvert les ports de ses tubes lance-torpilles pour un exercice, qu’il a confondu la manoeuvre avec un acte hostile et tiré sur le Koursk pour se protéger.

Flynn indique que la “preuve” présentée à l’appui de cette thèse est un petit trou dans la coque, qui est en fait un trou laissé lorsqu’un élément de structure, entre les coques intérieure et extérieure du Koursk, a été éjecté par la force de l’explosion qui a complètement détruit l’avant du sous-marin - une explosion qui selon toutes les preuves a été causée par un accident avec l’une des propres torpilles du Koursk.

A un moment de ses recherches, il a interviewé un amiral russe qui essayait d’expliquer une autre théorie, à savoir que le Memphis pourrait être entré en collision avec le Koursk, qui est 3 fois plus gros que lui, endommageant le Koursk mais sans laisser aucune trace sur le Memphis.

La théorie de l’amiral, qu’il expliquait à l’aide de maquettes, était que le Memphis serait venu vers le Koursk à l’envers de façon que ses gouvernes renforcées pourraient avoir heurté le Koursk.

“J’essayai de garder un visage impassible, puis j’ai commencé à craquer”, raconte Flynn. “Je lui ai dit, ‘Cela n’a aucun sens.’” Mais, aujourd’hui encore, certains adhèrent à la théorie de la collision.

Flynn indique qu’au lieu d’essayer d’imaginer la cause de l’accident, il a battu le pavé à Moscou et dans d’autres villes russes, ainsi qu’aux Etats-Unis, effectuant plus de 300 entretiens et parcourant des milliers de pages de documents, dont le résultat des expertises médico-légales russes et la transcription des conversations entre le Koursk et son navire de commandement.

Une chose qu’il a appris est que le Koursk a effectué un exercice incendie la veille de l’accident, qui, étrangement, reproduisait la scène qui s’est déroulée dans la salle des torpilles 24 heures plus tard. Donc, le commandant du Koursk semblait conscient qu’une explosion et un incendie étaient possibles dans la salle des torpilles.

“J’ai trouvé ça très fascinant, qu’ils aient effectué une répétition”, indique Flynn.

Flynn ajoute que le héros de la saga était le conseiller à la sécurité nationale de l’époque, Sandy Berger, qui a essayé de contacter le président russe, Vladimir Poutine, durant le weekend de l’accident pour proposer de l’aide, mais s’est vu répondre que Poutine ne serait pas joignable avant le lundi.

Flynn précise que le responsable qui est alors sorti, l’air malade, était le ministre de la défense américain de l’époque, William Cohen, qui a été informé de l’accident le samedi, dès que l’information est arrivée à Washington, mais qui n’a même pas informé ses spécialistes dans le sauvetage des sous-marins au Pentagone.

“A ce moment-là, tout le monde à bord était déjà probablement mort”, indique Flynn.

Flynn ajoute que la manière dont Poutin a conduit l’enquête, rendant public la plupart des détails, semblait de bonne augure pour la démocratie qui commençait à prendre en Russie. Depuis, il semble que le pays a glissé de nouveau vers le totalitarisme, même s’il pense qu’au final, la Russie va prendre une “troisième voie”.

“Je ne pense pas que cela sera la démocratie telle que nous la connaissons”, indique Flynn. Il pense plutôt que le gouvernement qui va émerger va museler la population, mais pas au niveau atteint sous Staline, “une dictature plus souple, plus gentille”.

Par Robert A. Hamilton

Notes :

[1Un cri des profondeurs

Source : The Day