Mer Noire : les Etats-Unis pourraient neutraliser la flotte russe

  • Dernière mise à jour le 21 août 2008.

Des navires de guerre américains pourraient venir en aide à la Géorgie, ce qui neutraliserait complètement la Flotte russe de la mer Noire, lit-on mercredi dans le quotidien RBC Daily.

Selon l’Etat-major général russe, l’US Navy pourrait entrer en mer Noire d’ici la fin du mois d’août. Dans ce cas, la Géorgie se retrouverait sous la protection des systèmes embarqués de défense antiaérienne américains, et tout le Caucase du Nord serait également à leur portée.

Des pourparlers entre Ankara et Washington sur le passage de navires de guerre américains par les détroits du Bosphore et des Dardanelles sont en cours depuis au moins une semaine. D’un côté, les dirigeants de la Turquie, qui contrôle ces détroits, sont quelque peu fâchés contre les Etats-Unis à cause de leur soutien aux séparatistes kurdes. De l’autre, Ankara reste un allié de Washington au sein de l’Alliance atlantique, et ne devrait pas faire traîner l’affaire trop longtemps.

Selon la convention de Montreux, les navires de guerre des pays qui n’ont pas d’accès direct à la mer Noire ont le droit d’y rester pendant 21 jours au maximum, à condition que leur tirant d’eau total ne dépasse pas 30.000 tonnes. Formellement, cela empêche la VIe flotte américaine en Méditerranée d’envoyer un porte-avions en mer Noire. Toutefois, selon l’expert militaire Konstantin Makienko, même un croiseur moderne avec plusieurs destroyers suffiraient pour neutraliser complètement la Flotte russe de la mer Noire : "Aujourd’hui, ce n’est qu’une collection hétérogène de matériel à demi obsolète".

En théorie, Moscou pourrait envoyer en mer Noire des navires des autres flottes, mais en réalité il n’y a rien à envoyer. "La Flotte du Nord est spécialisée dans la dissuasion nucléaire, a rappelé M. Makienko. La Flotte du Pacifique se trouve trop loin et ne dispose pas de forces appropriées pour une telle mission". La Flotte russe de la Baltique, au contraire, étant assez compacte et équilibrée, possède les ressources nécessaires, mais ses navires seraient vulnérables aux attaques de l’OTAN bien avant leur arrivée en mer Noire.

"Si les Américains s’approchent de Poti et de Batoumi, il ne nous restera qu’à retirer nos navires, a expliqué une source au sein de la Flotte de la mer Noire. Le mandat des forces de paix nous permet de rester dans les eaux de l’Abkhazie, d’autant plus que dans les mois à venir la situation y restera calme. Mais une telle proximité serait cependant dangereuse : des provocations sont tout à fait possibles".

Des experts militaires estiment que la Russie n’a pas le temps de reconstruire sa flotte, et devrait développer dans la région un groupement aérien. "La mer Noire n’est pas un océan, l’aviation peut y intervenir facilement". De plus, la Russie devrait renforcer rapidement les armées de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, et également développer ses systèmes de commandement, de reconnaissance et de communication.

"Si l’Ossétie du Sud avait eu une armée forte, notre intervention aurait pu se limiter à un soutien aérien, estime Konstantin Makienko. La première confrontation avec une armée étrangère pourtant loin d’être parmi les meilleures a montré que les avions, les chars et les systèmes de communication géorgiens étaient meilleurs. Et s’ils avaient eu des avions de chasse et une défense antiaérienne moderne ? Nous avons eu de la chance que le moral des troupes géorgiennes ait été rapidement atteint."

La prédominance des forces nucléaires doit être corrigée d’urgence, concluent de nombreux spécialistes.

Cet article est tiré de la presse et n’a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

© RIA Novosti