L’Allemagne envisage d’utiliser sa marine pour la protection contre les pirates

  • Dernière mise à jour le 18 août 2008.

Le nombre croissant d’attaques de navires de commerce au large de la Corne de l’Afrique est devenu une source d’inquiétude pour les armateurs allemands et la question a été évoquée devant le Bundestag, qui débat pour savoir si la marine allemande devrait être envoyée dans ces eaux sous souveraineté somalienne.

Des navires de commerce sont fréquemment attaqués par des pirates au large de la Somalie pour extorquer des rançons. Il y a eu officiellement 35 attaques l’an dernier, mais ce chiffre pourrait être en réalité plus élevé puisque de nombreux incidents ne sont pas signalés.

L’Allemagne, qui sa constitution pacifique empêche de participer à des opérations militaires actives à l’étranger, étudie la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU de juin dernier demandant à tous les états de se réunir pour lutter contre la piraterie au large de la Somalie, pour savoir si elle peut être la base d’un déploiement de navires militaires allemands dans la région.

De nombreux politiciens allemands souhaitent que le Bundestag approuve l’envoi de la marine dans la région, mais d’autres expliquent que ce n’est pas nécessaire, puisque d’autres pays comme la France et les Etats-Unis ont déjà des navires qui patrouillent dans la région dans le cadre de la Loi de la Mer de l’ONU.

Des spécialistes navals allemands pensent que la marine ne devrait pas faire la police dans d’autres régions. "Nous ne voulons pas jouer le rôle de police du monde," a déclaré l’inspecteur général de la marine allemande, Wolfgang Nolting.

Mais à Hambourg, les armateurs sont profondément inquiets de la piraterie au large de la Somalie. Ils sont forcés de payer de grosses sommes pour récupérer leurs navires, les équipages et la cargaison.

La rançon payée varie pour chaque navire. Pour un navire africain, elle peut s’élever de 120.000 à 150.000 $. Pour des navires asiatiques, elle peut atteindre plus de 500.000 $. Pour des navires européens, elle se compte en millions de $.

Selon une précédente résolution adoptée par le Bundestag, les forces armées allemandes ne peuvent être utilisées contre les pirates. C’est considéré comme étant le rôle de la police fédérale allemande qui, cependant, ne peut pas opérer en dehors des eaux sous souveraineté allemande. Ce n’est qui s’ils sont attaqués ou assistent à une attaque que les navires allemands peuvent fournir une "assistance d’urgence".

La présence de bâtiments militaires allemands au sein de l’opération "Enduring Freedom" de lutte anti-terroriste a essentiellement un caractère non-combattant.

"La marine est seulement autorisée à fournir une assistance d’urgence si quelqu’un est attaqué," explique Thomas Kossendey, député de la CDU au pouvoir et le plus haut responsable du ministère allemand de la défense. La marine ne peut pas poursuivre les pirates.

Il indique que, lors de certains incidents, la marine allemande a dû assister impuissante à des attaques, sans pouvoir rien faire. Pour changer cela, Kossendey a demandé qu’un article de la Constitution allemande soit modifié.

Cependant, Rainer Stinner du parti libéral FDP explique que le changement de la Constitution n’est pas nécessaire parce que la marine peut être envoyée contre les pirates dans le cadre de la Loi de la Mer, que l’Allemagne a ratifiée en 1994.

Source : Cargonews Asia (Hong Kong)