A bord du Tonnerre, encore

  • Dernière mise à jour le 20 octobre 2007.

Je pense avoir maintenant utilisé tous les moyens imaginables pour embarquer àbord du Mistral et de son jumeau, le Tonnerre, les nouveaux bâtiments de protection et de commandement de la Marine Nationale, des navires de 21.000 tonnes et 200 mètres de long. En anglais, on les qualifie de navires porte-hélicoptères (LHD pour helicopter landing docks) mais ce sont plus précisément des navires amphibies multi-fonctions.

Le Tonnerre

La première fois, c’était en engin de débarquement et en remontant la rampe en Méditerrannée au large de Toulon sur le Mistral ; la deuxième fois, c’était à bord un bateau rapide sur l’Atlantique au large de Lorient, suivi par l’ascension, manquant de dignité, d’une échelle de corde, toujours sur le Mistral, et en début de cette semaine, c’était à bord d’un Puma dans le détroit entre la Corse et la Sardaigne sur le Tonnerre.

Vol àbord d’un Puma

Cette fois, cependant, le groupe de journalistes invité par la Marine Nationale pour assister à la fin de l’exercice Noble Midas a passé la nuit à bord. Je peux donc faire le rapport suivant :

 Premièrement, on ne souvient qu’on se trouve à bord d’un navire en mer que très occasionnellement, par un léger mouvement sous les pieds.

 Deuxièmement, comme tous les navires modernes, celui-ci a très peu de hublots. La plupart du temps, il est donc difficile de savoir quelle heure du jour (ou de la nuit) il est.

 Troisièmement, il nous est gentiment rappelé très souvent de bien vouloir noter que la plupart des déchets produits à bord sont recyclés : les poubelles dans chaque cabine ont 3 compartiments : un pour le papier, un pour le métal, un pour tout le reste, et près de chaque large coursive, il y a un conteneur pour les piles usagées.

 Quatrièmement, chaque cabine possède sa propre salle de bain avec une douche efficace (et beaucoup d’eau douce chaude), toilettes et lavabo (les quelques 15 officiers de l’équipage permanent ont chacun leur propre cabine, les invités sont 2 par cabine, les marins 4 par cabine, les forces embarquées sont 6 par cabine et il y a 5 cabines VIP que je n’ai pas réussi à visiter !)

 Cinquièmement, tout le monde à bord est remarquablement poli. Je n’ai pas croisé une seule personne sans entendre un “Bonjour Madame.”

 Sixièmement, je ne fume pas. Donc je n’ai pas visité le seul endroit du navire, quelque part à l’extérieur sur le 4è pont, réservé aux accros !

 Septièmement, même à la fin d’un exercice OTAN, le navire n’est pas bondé.

 Huitièmement, il y a toujours du café et des biscuits au carré des officiers et la nourriture est bonne. Mais il n’y a pas, ou peu, de choix.

La Royal Navy àbord du Tonnerre

Et neuvièmement : ces types ont un sens de l’humour. Vous savez, ou pas, qu’il se déroule actuellement la Coupe du Monde de Rugby et que la nation organisatrice est la France. Samedi dernier, c’était la quart de finale entre la France et l’Angleterre (la France a perdu). Donc, bien que l’on soit au milieu d’un exercice militaire, un grand écran a été installé dans le poste de commandement pour que tout le monde puisse le regarder. Mais il y avait 2 membres de la Royal Navy à bord. Un coin a été dégagé juste pour eux, avec 2 fauteuils au milieu. J’ai donc demandé à l’un d’entre eux : “Qu’est-il arrivé à la fameuse “entente cordiale ? Les autres vous parlent encore ?” “Non,” a-t-il répondu en riant mais je savais qu’il mentait.

Source : Defense Technology International (Etats-Unis)