Les navires de la marine indienne sont sous-équipés

  • Dernière mise à jour le 25 août 2014.

La confiance que la marine indienne a dans ses propres capacités à la suite de la mise en service de 3 nouveaux bâtiments — le porte-avions Vikramaditya en juin dernier, le destroyer Kolkata et la corvette Kamorta la semaine dernière — serait entièrement justifiée. Ce sont des bâtiments impressionnants. Ils représentent aussi une amélioration significative par rapport aux navires qu’ils remplacent.

Le Vikramaditya, un porte-avions de 44.500 tonnes, est très différent du Viraat, un porte-avions obsolète de seulement 28.700 tonnes. Le Kolkata est formidable dans tous les sens du terme, et le Kamorta élargit la définition d’une corvette, ayant la taille et les capacités d’une frégate. Le Kolkata et le Kamorta ont un certain niveau de furtivité et de nombreux équipements sont de conception et construction locale. Ce sont aussi les premiers exemplaires de types de navires dont on espère que les suivants seront livrés au rythme d’un par an. Lorsque le premier ministre indien déclare, lors de l’admission au service actif du Kolkata qu’aucun pays n’oserait défier l’Inde après sa mise en service, ce sentiment peut se comprendre.

Mais en réalité, la mise en service de chacun de ces navires cache une réalité plus problématique. La saga de la remise en état et de la modernisation d’un ancien porte-avions russe pour le transformer en Vikramaditya pour un prix 3 fois plus élevé qu’au départ et après des retards considérables, a été largement rapportée. Et pourtant, le porte-avions devra encore attendre 3 ans pour disposer de son système de défense aérienne à longue portée (missiles LR-SAM), attendu au départ pour 2011. La mise en service du Kolkata était prévue au départ pour 2008, elle n’est intervenue qu’après 6 ans de retard. Le destroyer doit utiliser les mêmes missiles LR-SAM, une évolution du missile russe Barak-8, toujours en cours de développement par la Defence Research and Development Organisation (DRDO) en commun avec les Israéliens.

Le Kolkata a l’incapacité supplémentaire de ne pas encore être équipé de son sonar actif remorqué, afin de pouvoir détecter les sous-marins. La DRDO a essayé pendant 20 ans de développer ce système, avant de finalement abandonner. Trouver un substitut a pris du temps et est une saga en soi. Le Kamorta ne disposera pas lui non plus de sonar actif remorqué, un équipement pourtant vital puisque la corvette est supposée assurer la lutte anti-sous-marine. La situation est pire encore puisque le complément indispensable pour la lutte ASM — un hélicoptère ASM — n’est toujours pas prévu.

En d’autres termes, la marine indienne met en service des bâtiments sans leurs équipements essentiels à bord : missiles, sonar et hélicoptères. Même si on peut penser qu’un porte-avions n’est pas grandement handicapé par l’absence de système de défense anti-aérienne à longue portée, puisqu’il opérera au sein d’un groupe avec des destroyers et des frégates, la réalité est que même ces destroyers et ces frégates n’ont pas de système de défense anti-aérienne. Et lorsque des destroyers et des corvettes doivent aussi naviguer sans sonar adapté, de sérieuses questions doivent être posées sur le séquencement des processus d’achat, et pourquoi il n’y a pas de synchronisation des livraisons.

La construction navale est sujette à des retards et des dépassements de cout dans tous les pays, mais le cas de l’Inde est particulièrement grave. La DRDO a été pointée du doigt par le premier ministre pour des retards sans fin de certains projets. Les chantiers navals ont leur propre part de responsabilité, et les changements de spécifications par la marine indienne, à mi-chemin de la construction, n’aident pas les choses. Si le niveau de préparation navale de l’Inde doit être augmenté, tous ces problèmes doivent être corrigés. Des navires complètement équipés doivent être construits en 6 ou 7 ans, et pas en 10 ou 12.

Source : Business Standard (Inde)