Une frégate indienne privée d’une partie de ses équipements en raison du conflit à Gaza

  • Dernière mise à jour le 14 août 2014.

Le bombardement par Israël de la bande de Gaza a des conséquences assez inattendues pour la marine indienne. Le conflit, combiné avec la défaillance de l’organisme indien de recherche, a conduit au retard de l’installation d’un système de missiles à bord du destroyer INS Kolkata, un navire dont l’admission au service actif reste cependant programmé pour ce samedi en présence du premier ministre Narendra Modi.

Cette affaire illustre la manière dont des conflits étrangers peuvent affecter l’Inde, en particulier son niveau de préparation militaire : l’armée et la marine indiennes sont très dépendantes des importations et des savoir-faire étrangers.

L’admission au service actif signifie normalement qu’il est opérationnel, prêt à accomplir ses missions. Mais l’INS Kolkata est privé de son système de défense anti-aérienne et de son sonar actif remorqué, un des 2 moyens qui lui permettent de détecter les sous-marins, ont reconnu ce jeudi des officiers de haut-rang.

« Nous sommes inquiets, » a déclaré le vice-amiral A.V. Subhedar, responsable de la construction et des achats de navires. « Mais nous pensons que le missile sera disponible sous peu : les lanceurs sont prêts. »

Le système de défense anti-aérienne devait être développé conjointement par la Defence Research and Development Organisation (DRDO) indienne et par Israel Aircraft Industries selon un accord signé en 2006.

Le contre-amiral A.B. Singh, adjoint au chef d’état-major, a expliqué que le système de lancement du missile Barak NG (pour nouvelle génération) était prêt, mais qu’il ne pourrait être installé à bord du destroyer qu’après que le missile ait été testé en Israël.

Un précédent essai, en février, a échoué « parce qu’il y a eu des oscillations, tous les paramètres n’ont pas été respectés. »

Un essai complet du missile — au cours duquel il sera lancé depuis un lanceur et devra abattre un missile attaquant — ne devrait avoir lieu que vers la fin septembre.

L’essai a été retardé à cause des bombardements israéliens sur la bande de Gaza. De nombreuses compagnies aériennes avaient annulé leurs vols vers Tel Aviv — des roquettes lancées par le Hamas étaient tombées à proximité de l’aéroport — jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu fragile n’intervienne cette semaine.

Le destroyer INS Kolkata, d’un déplacement de 6.800 t, est la tête de série du Projet 15A. 2 autres sont en construction : le Kochi et le Chennai.

Baptisé un “destroyer furtif”, le Kolkata était attendu pour 2010. Il a déjà 4 ans de retard, mais, malgré ce retard, le DRDO n’est pas parvenu à terminer à temps le système de missiles d’une portée de 70 km. Le Barak NG est supposé être le bouclier anti-aérien non seulement de l’INS Kolkata mais aussi de toute la force qu’il protège, dont un porte-avions.

Le Kolkata est aussi le “navire d’essai” pour une autre classe de 4 navires, baptisée le Projet 15B. Ces 4 navires doivent recevoir de nouveaux systèmes, dont la plupart sont développés en Inde, mais l’absence du Barak NG et du sonar actif remorqué peut limiter le rôle de ces navires.

Un autre conflit à l’étranger — la crise en Ukraine — pourrait avoir des conséquences sur le Kolkata : ses moteurs — des turbines à gaz fabriquées par l’usine Zorya en Ukraine — doivent aussi constituer le principal système de propulsion du Projet 15B.

La crise en Ukraine ne devrait pas avoir de conséquences immédiates. Mais la marine indienne est à la recherche d’autres fournisseurs pour les pièces détachées des navires en construction.

Le 23 aout, la marine indienne doit mettre en service un 2è navire, le Kamorta. Caractéristique unique : le Kamorta est une corvette de lutte anti-sous-marine, dont 90% des équipements ont été conçus en Inde.

Mais le Kamorta, comme le Kolkata, ne sera pour l’instant équipé de son sonar actif remorqué. En d’autres termes, la plateforme ASM n’aura pas de senseur de détection de sous-marin.

Le mois dernier, le ministre de la défense Arun Jaitley a annoncé au Parlement qu’il avait retenu une compagnie allemande, Atlas Electronik, pour fournir le sonar actif remorqué, non seulement pour le Kamorta, mais pour tous les navires de 1er rang. La DRDO cherche aussi à développer son propre sonar actif remorqué.

Source : Calcutta Telegraph (Inde)