Les forces armées anglo-françaises prévoient une plus grande coopération militaire

  • Dernière mise à jour le 28 octobre 2010.

La Grande-Bretagne et la France mettent la touche finale aux projets de coopération sans précédents dans le domaine de la défense, dans les 3 armées, allant des opérations militaires à la simulation des explosions nucléaires.

Ce qui est décrit comme un "ensemble complet" de mesures, y compris un important exercice des armées de terre en Flandre, sera dévoilé lors d’une rencontre au sommet à Londres entre David Cameron et Nicolas Sarkozy, le 2 novembre prochain.

Les 2 pays représentent ce qu’un haut diplomate a qualifié de "masse critique" des capacités militaires en Europe, avec 45% de toutes les dépenses militaires, la moitié du nombre total de militaires et 70% des dépenses en recherche et développement militaire.

Les projets prévoient de synchroniser les patrouilles de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et les missions des porte-avions, des escadrilles d’avions de chasse opérant ensemble et des entraînements de haut-niveau. "L’objectif est de boucher les trous — comment travailler ensemble en opérations," a indiqué une source connaissant les intenses discutions qui se sont déroulées ces dernières semaines entre responsables français et britanniques.

"Le Royaume-Uni et la France font face aux réalités du difficile climat financier. C’est notre intérêt de travailler ensemble pour disposer des capacités dont nos 2 pays ont besoin," a indiqué le ministère britannique de la défense. "Une coopération plus étroite est dans l’intérêt de nos 2 pays."

Le rythme extraordinaire et le détail des travaux menés par les états-majors des 2 pays s’expliquent en partie par des pressions financières similaires auxquelles font face les 2 pays, et la prise de conscience que leurs forces seront beaucoup plus efficaces en agissant ensemble.

Les 2 gouvernements sont très conscients de la sensibilité politique de la coopération militaire. Ils vont insister sur le fait que la souveraineté nationale sera préservée et qu’il n’est pas question de "partager" des systèmes d’armes, dont les porte-avions.

Néanmoins, l’étendue et la profondeur de coopération proposée est la plus importante que les 2 pays aient connu depuis que le général de Gaulle a lancé la dissuasion nucléaire indépendante et quitté dans les années 60 la structure de commandement intégré de l’OTAN.

L’"Interopérabilité" est le principe central cité par les responsables des 2 pays. La Grande-Bretagne et la France veulent 2 porte-avions ; mais tous les 2 ne peuvent s’en offrir qu’un seul. Des responsables citent un scénario dans lequel un porte-avions français effectuerait une mission au large de l’Afrique, par exemple, pendant qu’un porte-avions britannique serait nécessaire plus loin, aux Falklands, par exemple.

Le 2è nouveau porte-avions britannique, le HMS Prince of Wales, doit entrer en service en 2020 lorsque le premier, le HMS Queen Elizabeth, sera mis sous cocon ou vendu. Il sera probablement équipé de catapultes et de brins d’arrêt — ce qui permet d’acheter des avions moins chers.

Le système est déjà utilisé à la fois par les marines américaine et française — une exemple de l’étendue peu connue des liens étroits entre les 2 marines. La France achète ses catapultes aux États-Unis et le porte-avions français, le Charles de Gaulle, est équipé d’avions de guet aérien — les Hawkeye — américains.

Les pilotes français et britanniques s’entraîneraient sur le porte-avions de l’autre.

La flotte diminuée britannique de 19 destroyers et frégates et la flotte équivalente française de 18 bâtiments seraient déployées d’une manière qui serait dans le meilleur intérêt des 2 pays, selon des projets préparés pour le sommet de la semaine prochaine.

Des projets sont en préparation pour monter des simulations communes d’explosions d’armes nucléaires, bien que les 2 parties expliquent les têtes nucléaires réelles resteront toujours sur le territoire national et sous contrôle nationale.

Il s’agit d’optimiser les moyens d’une manière incrémentale et non pas hyperbolique, a expliqué un responsable décrivant le catalogue de propositions.

Source : The Guardian (Grande-Bretagne)