Chasse au sous-marin sur la Loire en 1979

  • Dernière mise à jour le 1er juillet 2005.

Lorsque j’étais poursuivi par mes études maritimes à"l’Hydro" de Nantes, en 1979 le Chantier Naval travaillait encore. Entre autres réalisations de précision, il construisit un certain nombre de sous-marins Diesel-électrique pour l’exportation, d’un type similaire àceux de la Royale.

Evasion en Loire ?

Cette année là, il s’est passé une histoire rocambolesque qui conduisit le Chantier et le Port Autonome à organiser la chasse au sous-marin en Loire ! C’est arrivé il y a déjà 26 ans.

D’autre part, assister au lancement d’un navire était (à Nantes comme ailleurs) un spectacle aprécié par le bon peuple. Le premier lancement auquel j’ai assisté fut celui d’un sous-marin, dont on tenta l’organisation dans la discrétion mais sans succès.

En effet, on ne voulait pas le montrer pour des raisons politiciennes :

Il fut conçu et construit pour l’Afrique du Sud, dont il était même interdit d’importer et de consommer l’excellentissime vin à l’époque, pour ne parler que de cela.

Finalement, ce fut le Pakistan qui l’acheta car les ventes d’armes au régime de l’Apartheid furent interdites au début de 1979. Malgré cette tentative de clandestinité, la rumeurs Nantaise fit qu’il y avait énormément de monde en soirée sur le quai à l’heure "H".

Son entré dans l’eau fut parfaitement exécutée, c.à.d. "en souplesse". Un sous-marin étant naturellement léger, ce ne devait pas être un "cas" trop difficile pour les hommes de l’art.

Le Chantier Dubigeon-Normandie de Nantes connaissait certainement de vrais soucis avec le terrain sur son site, déjà bien avant l’aventure dangereuse de l’Esterel le 26 Septembre 1980, car si ce sous-marin réussit parfaitement son lancement, ce sauvage tenta étrangement par la suite de "s’évader" tout seul du chantier...

En effet, il fut quelques jours plus tard comme prévu échoué sur le dock flottant spécialement installé pour les finitions à quai, près des rampes de lancement.

Par une nuit sans lune en effet, ce quai s’effondra soudainement en rompant ses amarres de ce fait. Le dock flottant et sa charge sont donc joyeusement et tranquillement partis au fil de l’eau, au milieu de la nuit.

Il fallut donc appeler d’urgence les remorqueurs pour partir à la chasse au sous-marin en Loire. Cela pouvait très mal tourner, car n’importe quel navire se trouvant à quai en aval risquait un sacré réveil collectif en fanfare cette nuit là...

Pour la petit histoire (selon une rumeurs "hydro" venue du remorquage) :
Durant la nuit fatale le chantier travaillait au ralenti à l’époque. Nous savons pourquoi hélas. Il se trouvait donc fort peu de monde au chantier durant chaque nuit.

L’un des gardiens aurait entendu le quai s’effondrer, mais n’aurait rien vu d’anormal en allant jeter un coup d’oeil dehors, car il ne pensa pas une seule seconde que ce bruit étrange pouvait venir du côté du quai ! Il pensa à une tentative d’intrusion par la rue.

L’alerte à l’évasion ne fut donc pas donnée très tôt et ceux qui eurent à constater (avec horreur) l’absence du dock et du quai (!) de surcroît, ont dû se frotter les yeux longtemps avant de réagir !

C’est la fatigue sans doute, je ne vois plus le sous-marin, ni le Dock, ni le quai...

Je ne doute donc pas que les appels téléphoniques pour faire "bouger" les gars du remorquage aient été plus ou moins difficiles.
J’en ai reçu un beau jour la confirmation suivante par un ex-lamaneur en retraite. Les appels téléphoniques pour faire "bouger" les gars du lamanage et du remorquage furent effectivement très difficiles.

Aucun mouvement de navire n’était prévu sur Nantes-amont cette nuit-là. Etre réveillé à cette "heure-là" par des gens qui vous racontent de pareilles sottises, cela ne fait pas plaisir :
Vous pensez ! Un dock flottant et un sous-marin à bord qui disparaissent en emportant le quai, tout ça n’est pas sérieux ! Surtout la nuit...

Il fut même pensé sur le moment (à tort) que c’était un coup tordu de la marine Sud-Africaine, tel un mauvais "remake" des vedettes de Cherbourg... Ce gag n’était pas encore si lointain qu’en 2005 en effet.

Le responsable du chantier de permanence fut réveillé par téléphone, mais il insulta tout le monde et raccrocha.

Un autre appela à l’aide la Marine Nationale. Mais chez celle-ci, trop habituée à ce qu’on se paie sa tête, l’accueil fut à la mesure :

"- Et le paquebot France, il remonte l’Erdre ???"

Il fut donc au début concret de la "chasse", assez difficile de savoir jusqu’où le dock flottant et son sous-marin neuf) était allé.
Certains habitants riverains téléphonèrent cependant parfois au Port Autonome de Nantes St Nazaire, en se déclarant fort inquiets de voir passer un truc pareil sans feu ni personne de visible à son bord.
Pour un sous-marin qui devait être livré dans la discrétion, ce fut un peu dur car il gagna la première page des journaux locaux le lendemain...
Il s’est certainement passé des tas d’autres anecdotes surréalistes à cette occasion.

Maintenant, vous en savez autant que moi.

C’est arrivé au chantier naval Dubigeon-Normandie de Nantes, situé au centre ville en 1979.

Je dois préciser que les quais de la Loire étaient très fragilisés à l’époque par la sur-exploitation forcenée du sable en amont de Nantes, selon les écologistes. (il s’agit là d’un phénomène pas très simple à expliquer)

Ces écologistes avaient semble-t-il raison, mais comme tjrs lorsque c’est le cas, on ne les écoutait pas.

Mais quand les écologistes "déconnent", tout le monde les écoute !

Bien navicalement

Thierry Bressol OR1