Plus de sous-marins chinois en mer de Chine du Sud

  • Dernière mise à jour le 10 mai 2008.

Au cours des 20 dernières années, les investissements militaires de la Chine ont augmenté plus rapidement que dans tout autre pays. Le rideau de bambou qui enveloppait auparavant le pays est devenu un rideau de cuivre.

De plus, la Chine est devenu un pays avec lequel il est plus difficile que l’ex-union Soviétique. La tactique de tromper son adversaire ou son concurrent est profondément ancrée dans la culture traditionnelle chinoise, ce n’est pas seulement un aspect de la morale communiste. La capacité de tromper son adversaire est une preuve d’intelligence, pas quelque chose dont on doit se sentir coupable,et c’est une stratégie traditionnelle de l’art chinois de la guerre.

C’est une différence de base, avec laquelle on ne transige pas, entre les pays ayant une culture chrétienne ou bouddhiste et la culture traditionnelle chinoise, mélangée avec l’"éthique" communiste.

Par exemple, la marine chinoise a agrandi son installation sous-marine souterraine à Sanya sur l’île de Hainan et a commencé à y baser des SNLE Type 094, des SNA Type 091 et des sous-marins classiques de la classe Kilo (projet 636M).

Depuis 2002, la Chine a construit le plus important tunnel pour sous-marins à Sanya. Des photos satellite prises en février dernier ont révélé que l’un des derniers SNLE Type 094 était arrivé dans la nouvelle base navale de Yalong à Sanya. Il est trop tôt pour dire s’il est basé là de façon permanente ou si c’est seulement une escale.

La revue Kanwa Defense Review Monthly a obtenu des photos d’un correspondant spécial qui montraient non seulement le SNLE Type 094, mais aussi que des sous-marins diesel Kilo 636M sont basés dans la base sous-marine de Sanya.

La marine chinoise a aussi renforcé sa flotte sous-marine en mer de Chine du Sud, probablement pour bloquer Taïwan et le Japon en cas de guerre, ainsi que pour sécuriser les routes maritimes dans l’océan Indien pour protéger ses approvisionnements en pétrole venant du Moyen-Orient. Bien sûr, la flotte sous-marine est aussi une menace pour les pays d’Asie du Sud qui ont des conflits territoriaux avec la Chine.

Bien que le SNLE Type 094 soit déjà à Sanya, l’édition d’avril de China Defense Daily, une publication officielle de l’Armée Populaire de Libération, a démenti ce fait et publié des photos truquées du sous-marin dont il prétend qu’elles ont été créées et publiées sur Internet pour faire croire que le SNLE était à Sanya. China Defense Daily n’a cependant pas réussi à expliquer en détails comment les photos truquées ont été fabriquées.

L’article critiquait la Kanwa Defense Review pour avoir propagé la théorie de la "menace chinoise" en rapportant de "fausses" informations sur les sous-marines.

Nombreux sont les observateurs militaires occidentaux à penser que l’APL a utilisé pendant très longtemps de nombreuses photos et articles de presse truqués pour soutenir sa guerre psychologique contre le monde extérieur.

L’auteur a eu la possibilité en février dernier de discuter avec des experts indiens et américains à New Delhi des raisons expliquant l’apparition du SNLE Type 094 à Sanya. Les experts américains et indiens croient que le sous-marin ne réalisait pas des essais à la mer. Naturellement, l’expert indien se demandait si le déploiement du 094 était dirigé contre l’Inde. L’expert américain envisageait que le sous-marin puisse avoir été déployé là parce que les eaux de mer de Chine du Sud sont profondes et font qu’il est plus difficile de détecter le 094.

L’expert américain et l’auteur sont tombés d’accord sur le fait que les principales cibles du sous-marin seraient Hawaï et la partie sud des Etats-Unis, si le 094 devait être déployé à Sanya. L’expert indien a suggéré que, si le 094 était effectivement déployé à Sanya, il serait plus facile de disperser les 1ère et 2è flottilles de sous-marins nucléaires. Il serait plus difficile de détruire les 2 flottilles simultanément en cas de guerre.

L’expert indien a aussi indiqué que les observateurs indiens n’avaient pas remarqué la présence en océan Indien de sous-marins nucléaires ou classiques chinois au cours des dernières années. L’analyse de l’auteur est qu’une part importante de l’attention de la marine chinoise se consacre aux préparations d’une "confrontation militaire" contre Taïwan.

Un expert en conception de sous-marins du bureau russe Rubin a déclaré à New Delhi que sa compagnie avait été surprise par la construction à un rythme rapide du SNLE Type 094 et du sous-marin classique classe "Yuan".

"C’est un rythme de construction très rapide, mais la qualité semble moins que parfaite," a-t-il indiqué. La conception globale du 094 est rudimentaire, et la soute missile plus haute que le reste du sous-marin va inévitablement augmenter la résistance dans l’eau et créer un bruit substantiel. Néanmoins, le nombre de trous de drainage dans la coque a été soigneusement calculé et les trous semblent obturables.

L’expert russe, qui a conçu différents types de sous-marins, a expliqué que selon les images publiées jusqu’à présent, le 094 semble équipé d’une antenne sonar remorquée. L’évaluation de l’expert russe rejoint la première idée de l’auteur. L’édition de mars 2008 de la Kanwa Defense Review mentionnait la hâte de la Chine dans la conception et la construction du 094, croyant qu’elle reflète la mentalité dépassée des concepteurs chinois de sous-marins. La conclusion est que le design du SNLE Type 094 pourrait être comparé à celui du SNLE Yankee-II construit dans les années 70 par l’Union Soviétique.

Les experts du bureau Rubin n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la structure extérieure du sous-marin Yuan. Certains experts croient que le design reproduit celui du Kilo 636, ce qui fait que le Yuan ressemble physiquement à une imitation du Kilo. Cette évaluation est compréhensible.

D’autres experts du bureau Rubin ont souligné que, si le dessin de la coque du Yuan reproduisait celui du Kilo, le dessin du kiosque est emprunté au sous-marin classique de la classe Amur.

Le plagiat de la Chine dans la conception du Yuan a donné lieu à de chaudes disputes au sein de l’industrie militaire russe. Avec son rétablissement économique des dernières années, la Russie suit au plus près les pratiques occidentales dans de nombreux aspects et la société russe a commencé à porter une plus grande attention aux questions de propriétés intellectuelles. Cette tendance globale commence à avoir un impact sur l’industrie militaire russe.

Le cas du chasseur J-11B, dont le plan est largement copié du son équivalent russe, a aussi mené à de chaudes disputes sur le plagiat par la Chine de systèmes d’armes russes. Les observateurs militaires à New Delhi ont souligné que la Russie avait exporté des sous-marins Kilo vers la Chine dans un contrat qui ne comportait aucun transfert de technologie. Bien que le cas du sous-marin Yuan soit différent de celui du chasseur J-11B, il pourrait très probablement avoir un impact sur la question des restrictions technologies concernant les exportations d’armements russes vers la Chine.

Une chose certaine est que la Russie et la Chine n’ont pas commencé de nouvelle série de discutions sur l’achat de nouveaux sous-marins de la classe Kilo ou Amur. Cela signifie que la Chine n’a aucun besoin de Kilo supplémentaire, à moins que les performances du Yuan soient considérées comme insuffisantes par la marine chinoise. Actuellement, 2 sous-marins de la classe Yuan ont été lancés et effectuent leurs essais à la mer.


Andrei Chang est le rédacteur en chef de la Kanwa Defense Review Monthly, publiée à Toronto (Canada)

Source : United Press International (Etats-Unis)