Morbilivirus : le mal de la mer

  • Dernière mise à jour le 15 mars 2008.

Soixante- huit dauphins échoués ; depuis janvier,
sur les plages de Méditerranée
françaises, une épidémie laisse des
traces.

Dauphins
© Préfecture maritime de la Méditerranée

Habituellement, 45 dauphins se retrouvent sur le rivage de la belle bleue chaque année. Les chiffres ont explosé. Les scientifiques pointent du doigt le morbilivirus et parlent aujourd’hui d’épidémie.

Ce virus est baptisé en 1990, suite à une série de contaminations au large de l’Espagne. Une hypothèse émerge : le morbilivirus circulerait à l’état endémique chez les grands cétacés, dans les océans. Porteurs d’anticorps, ils ne développeraient pas la maladie mais la transmettraient aux mammifères marins lorsqu’ils franchissent Gibraltar.

Principale victime : le dauphin bleu et blanc, espèce la plus nombreuse en Méditerranée. Le mal se manifeste par des lésions sur le tube digestif, le système nerveux ou les poumons. Des problèmes respiratoires et neurologiques entraînent le décès des mammifères. Poussés par un vent soufflant vers les terres, beaucoup terminent leur dernière danse sur le sable.

Tous les cadavres autopsiés sont porteurs du morbilivirus. Bien que non transmissible à
l’homme, cette maladie préoccupe les professionnels de la mer car elle est un indice
de la pollution en Méditerranée.

« Je ne suis pas inquiété par l’épidémie en elle-même ; elle devrait s’arrêter bientôt,
estime le docteur Franck Dhermain, responsable des commissions échouages. Mais
je reste soucieux. En 2003, une étude effectuée sur les tissus de 7 dauphins semble indiquer que la Méditerranée serait polluée, plus que les mers ouvertes. Il faut rester vigilant quant aux questions de pollutions ».

Lors de l’épidémie de 1990, les dauphins touchés par la maladie montraient des taux
élevés de pesticides et de métaux lourds dans leurs tissus, affectant leurs défenses
immunitaires. La pollution fragiliserait les mammifères marins.

« Des produits polluants tels que le PCB (polychlorobiphényle) sont des cofacteurs
permettant au virus d’agir. Jean Michel Bompard, président du GECEM (Groupe
d’Etude des Cétacés de Méditerranée), accuse la pollution. Rejeté par des transformateurs électriques ou des incinérateurs, le PCB s’infiltre dans les sols ; drainé ensuite par la pluie, il glisse vers la mer avant d’être absorbé par les mammifères. Il s’accumule dans les graisses et crée un déficit immunitaire »

Les prélèvements effectués ces dernières semaines devraient corroborer la thèse du
cofacteur polluant. Aucune solution n’existe pour soigner les dauphins bleus et blancs. Seul un respect plus grand de l’environnement leur permettra de mieux résister à ce virus.

Nelly Moussu

Source : Préfecture maritime de la Méditerranée