Un sous-marin chinois a suivi une escadre américaine sans être détecté

  • Dernière mise à jour le 13 novembre 2006.

Un sous-marin chinois a suivi le mois dernier le groupe de bataille d’un porte-avions américain dans le Pacifique et fait surface àportée de tir de ses torpilles et missiles avant d’avoir été détecté, a appris le Washington Times.

La rencontre surprise souligne les efforts persistants de la Chine de se préparer à un éventuel conflit avec les Etats-Unis, malgré les tentatives du Pentagone d’améliorer les relations avec l’armée communiste de Pékin.

Kitty-Hawk
Photo officielle US Navy

La rencontre du sous-marin avec l’USS Kitty Hawk et son escorte est aussi une gêne pour le commandant des forces américaines dans le Pacifique, l’amiral William J. Fallon, qui est engagé dans un ambitieux programme d’échanges militaires avec la Chine destiné à améliorer les relations entre les militaires des 2 pays.

La révélation de cet incident survient alors que l’amiral Gary Roughead, commandant de la flotte du Pacifique de l’US Navy, effectue sa première visite en Chine. L’amiral 4-étoiles avait prévu de rencontrer des dirigeants militaires chinois durant cette visite d’une semaine qui a commancé ce weekend.

Sous-marin chinois Type 039
Aussi appelé SONG dans la nomenclature OTAN. Photo : Chinese Defence Today.

Selon des responsables de la défense, le 26 octobre dernier, le sous-marin chinois d’attaque à propulsion diesel de la classe Song est resté caché à proximité du Kitty Hawk sans être détecté puis a fait surface à moins de 5 milles du porte-avions.

Le sous-marin en surface a été repéré par un vol de surveillance de routine effectué par un avion du porte-avions. Le groupe d’escorte du Kitty Hawk comprend un sous-marin d’attaque et des hélicoptères de lutte anti-sous-marine qui sont chargés de protéger les navires de guerre de toute attaque sous-marine.

Selon les responsables, le sous-marin est équipé de torpilles à suivi de sillage de fabrication russe et de missiles de croisière anti-navires.

Le Kitty Hawk et plusieurs autres navires d’escorte étaient à ce moment-là déployés en haute mer près d’Okinawa, dans le cadre d’un déploiement d’automne de routine. Les responsables ont indiqué que les sous-marins chinois ont rarement opéré en eaux profondes loin des côtes chinoises ou suivi des navires américains.

Un porte-parole du commandement de la zone Pacifique a refusé de faire des commentaires, indiquant que les détails étaient classifiés.

Les porte-paroles du Pentagone ont eux-aussi refusé de faire des commentaires.

Cet incident est un revers pour le programme d’échange militaire entre la Chine et les Etats-Unis mis en place par l’amiral Fallon, qui a effectué plusieurs voyages en Chine ces derniers mois pour développer les relations.

Cependant, les opposants du Pentagone au programme soulignent que la Chine n’agit pas de manière réciproque et continue de refuser aux visiteurs militaires américains l’accès à ses installations clé, dont un centre de commandement à Pékin. Au contraire, des visiteurs militaires chinois ont été invités à assister à des exercices militaires et à visiter des installations américaines sensibles.

De plus, des responsables du renseignement militaires ont indiqué que l’amiral Fallon avait réduit les activités américaines de recueil de renseignement contre la Chine, craignant que la divulgation de ces activités n’enveniment les relations avec Pékin.

Ces restrictions entravent les efforts visant à mieux connaître le renforcement militaire chinois, ont indiqué les responsables.

"C’est un signe annonciateur d’une réaction chinoise plus forte à la présence militaire américaine en Asie du Sud-Est," a déclaré Richard Fisher, un spécialiste militaire de la Chine au International Assessment and Strategy Center, pour qui l’incident du sous-marin est alarmant.

"Compte-tenu de la longue portée des nouveaux missiles anti-navires chinois pouvant être lancés depuis des sous-marins et de ceux achetés à la Russie, cet incident est très sérieux," indique-t-il. "Cela va probablement se reproduire, simplement parce que les commandants des 40 à 50 nouveaux sous-marins chinois qui entrent en service dans leur flotte, vont vouloir tester leur courage face à la 7ème flotte."

Des responsables du renseignement au Pentagone ont indiqué que le renforcement militaire chinois des dernières années avait produit de grandes quantités de sous-marins et de navires de surface, cherchant à contrôler de plus grandes portions des eaux internationales en Asie, une évolution dont les responsables américains craignent qu’elle puisse entraver dans le futur le transport du pétrole du Moyen-orient vers l’Asie.

Entre 2002 et l’an dernier, la Chine a construit 14 nouveaux sous-marins, dont de nouveaux sous-marins de la classe Song et de plusieurs autres types, que ce soit à propulsion diesel ou nucléaire.

Depuis 1996, lorsque les Etats-Unis ont envoyé 2 groupes de bataille de porte-avions dans les eaux de Taïwan pour montrer leur force, Pékin a aussi envoyé et construit des armements spécifiquement conçus pour attaquer les porte-avions américains et les autres navires d’escorte.

"Les Chinois montrent clairement qu’ils comprennent l’importance du sous-marin dans n’importe quelle stratégie, défensive ou offensive, dans un conflit militaire," a indiqué récemment un responsable du renseignement.

A la fin 2004, la Chine a envoyé un sous-marin de la classe Han dans les eaux proches de Guam, de Taïwan et du Japon. Les militaires japonais ont été placés en état d’alerte après que le sous-marin ait fait surface dans les eaux japonaises. Pékin s’est excusé pour cette incursion.

Le dernier rapport annuel du Pentagone sur l’état de la puissance militaire chinoise indique que la Chine investit beaucoup dans les armes conçues "pour détruire, à longue distance, les porte-avions et les groupes expéditionnaires de frappe qui pourraient être déployés dans le Pacifique Occidental."

Il a été impossible d’apprendre si le gouvernement américain avait adressé une protestation au gouvernement chinois à propos de cet incident ou, d’une autre manière, soulevé la question par des canaux officiels.

Source : The Washington Times