La Grande-Bretagne et France discutent de l’entretien des têtes nucléaires britanniques Trident

  • Dernière mise à jour le 8 octobre 2010.

Un accord en cours de négociations entre la France et la Grande-Bretagne, aurait pour conséquence que les têtes nucléaires britanniques seraient entretenues par des scientifiques français. Cela mettrait ainsi fin à un demi-siècle au cours duquel aucun des 2 pays n’a collaboré sur sa dissuasion nucléaire indépendante.

Avant un sommer prévu dans 3 semaines, les 2 gouvernements sont proches d’un accord qui prévoit que la Grande-Bretagne utilise un laboratoire français pour entretenir ses 160 têtes nucléaires, indiquent des responsables des 2 pays.

Un accord pour partager les secrets de leurs programmes nucléaires renforcerait fortement la collaboration de défense entre les 2 pays et leur permettrait d’économiser de l’argent à un moment où leurs budgets de défense sont fortement contraints.

La Grande-Bretagne et la France utilisent des systèmes de dissuasion nucléaire complètement différents dont tous les détails sont gardés secrets. L’accord donnerait à la Grande-Bretagne accès pour la première fois au Commissariat à l’Energie Atomique, qui entretient les près de 300 têtes nucléaires de la force de frappe française.

En effet, le CEA entretiendrait les têtes nucléaires britanniques, ce qui provoque l’inquiétude parmi des politiciens des 2 pays que leurs gouvernements puissent abandonner le caractère indépendant de leur dissuasion.

Selon une personne familière avec les négociations, la Grande-Bretagne a consulté les Etats-Unis sur la décision proposée. Un traité américano-britannique interdit en effet à la Grande-Bretagne de partager ses secrets nucléaires avec un autre pays parce que la dissuasion britannique, basée sur le missile Trident D5, est en grande partie basée sur des technologies américaines.

François Heisbourg, un spécialiste français de la défense, indique que, partager la recherche sur les têtes nucléaires signifierait que “la Grande-Bretagne rompe sa relation très spéciale avec l’Amérique dans ce domaine”. Cela exigerait une “confiance considérable sur la part américaine”.

Les responsables de la défense ont écarté des idées comme des patrouilles communes de sous-marins des 2 pays. Londres et Paris pensent que collaborer sur les têtes nucléaires aurait plus de sens.

La France et la Grande-Bretagne sont tous les 2 signataires du Traité d’Interdiction complet des essais nucléaires et s’interdisent par conséquent d’effectuer des tests destructifs.

Comme les têtes vieillissent ou sont modifiées, les scientifiques ont besoin d’établir par une simulation informatique comment leur fonctionnement potentiel a changé.

La France ferait payer la Grande-Bretagne pour l’accès aux installations du CEA. Mais la Grande-Bretagne éviterait de devoir construire ses propres laboratoires couteux de simulation pour maintenir l’efficacité des têtes qu’elle possède.

“Si nous ne partageons pas certaines de ces capacités, nous allons les perdre,” explique un responsable britannique.

“Mais faire des progrès est plus facile maintenant que cela ne l’a été. La France a réintégré l’OTAN et de nombreuses questions qui nous ont divisés par le passé — comme la guerre en Irak — ont maintenant disparues.”

Source : Financial Times (Grande-Bretagne)