Quand les marines française et russe s’entraînent ensemble (3è partie)

  • Dernière mise à jour le 13 février 2010.

Lorsque des bâtiments de 2 marines s’entraînent ensemble, ou lorsque des officiers d’une marine embarque sur un bâtiment d’une marine étrangère, ils rédigent un compte-rendu détaillé de toutes les informations qu’ils ont pu obtenir, des enseignements qu’ils en ont tiré, en particulier en ce qui concerne les différences de méthode entre les 2 marines.

Sommaire

C. L’équipage

1. "Les relations entre supérieurs et subordonnés"

Voici un sujet qui intéressa considérablement les officiers français. Sur le destroyer russe, il y eu souvent des cris et des jurons. Les subordonnés furent souvent remis à leur place (même des officiers supérieurs en présence de marins).

Le chef d’état major refusa de parler à un capitaine de corvette Russe chargé des communications qui voulait résoudre un problème, et ce par radio HF (donc diffusé au monde entier). L’interprète français dut traduire cette conversation pour les officiers Français présents. Ceux-ci furent très surpris : "Pourquoi ne veut-il pas de parler à un capitaine de corvette ?"

Selon eux, de telles relations dans la Marine Nationale ne seraient pas tolérées.

2. "Il y a beaucoup d’officiers à bord du navire"

A bord du Tourville, il y a 24 officiers pour une équipage de trois cents. A bord de l’Amiral Chabanenko, il y avait deux fois plus d’officiers malgré un équipage à peine plus nombreux. En comptant les officiers d’état major, ils étaient quatre fois plus nombreux. Les officiers français furent surpris par le nombre d’officiers supérieurs à bord, surtout de Capitaines de Vaisseau. Ils étaient 7 a bord, dont les rôles n’etaient pas clairs (sur le Tourville, il n’y a que le commandant du vaisseau).

3. « Beaucoup de rassemblements

Durant toute la semaine, il n’y eut pas un seul rassemblement général à bord du Tourville. Sur le destroyer russe, les rassemblements se succédèrent les uns après les autres.

4. "Un autre commandant de destroyer de plus haut grade était à bord du Chabanenko"

Durant le briefing, les officiers français demandèrent au chef d’état-major russe (qui commande le destroyer Amiral Kharlamov) : "Comment le commandant d’un autre navire peut-il donner des ordres au commandant du Chabanenko ?" "Comment le commandant du Chabanenko (le Capitaine de Vaisseau S. Grishin) peut-il suivre de tels ordres ?"

D. Les Quarts de Veille

1. Organisation de la passerelle

Les officiers de liaison français, l’officier navigateur (qui joue le rôle d’officier de quart) et l’officier de guerre électronique (qui joue le rôle d’officier de combat) purent passer beaucoup de temps sur la passerelle du destroyer russe. Ils ont note les choses suivantes :

 La présence constante du commandant ou de l’officier en second sur la passerelle, qui commande le navire lui même. C’est lui qui utilise la radio, évalue la situation, commande les manœuvres et les moteurs. L’officier de quart ne joue aucun rôle dans le fonctionnement du navire. Le rôle de l’officier de quart ne fut pas compris par les français.

Dans la Marine française, les navires et les sous-marins sont commandés par l’officier de quart. Le commandant ne prend pas les quarts. Le commandant n’apparaît sur le pont que périodiquement. Les sous-marins font surface sans la présence du commandant. Dans les situations complexes, le commandant est présent mais ne commande pas. Il est là pour soutenir l’officier de quart. L’officier de quart, à son tour, forme son adjoint (un officier marinier). En 2003, durant un ravitaillement a la mer, le Latouche-Tréville s’est présenté deux fois sur le bord de l’Admiral Chabanenko : la première fois, l’officier de quart était aux commandes (conseillé par le commandant), tandis que la deuxième fois, le commandant ne participa pas, laissant l’officier de quart conseiller son adjoint.

 La présence d’un quart de veille supplémentaire

Sur les navires français, le point est fait par l’officier de quart ou par l’un de ses deux adjoints (un officier marinier et un quartier maitre spécialiste en communications). Le point est fait sur la passerelle grâce au GPS. Il est également fait dans le centre d’opérations, sur une carte électronique sur un ordinateur personnel.

 Ordres contradictoires

Il y eu souvent des ordres contradictoires lorsque le commandant du navire, le chef d’état major et le commandant d’escadre étaient sur la passerelle. Les officiers français s’étonnèrent qu’on puisse contredire les ordres du commandant du navire.

 Situation tendue sur la passerelle

Ceci fut particulièrement visible lorsqu’il y avait beaucoup de trafic maritime. Il y eut beaucoup de cris et de jurons sur la passerelle. Même lorsqu’il avait priorité, le destroyer russe exécuta des manœuvres imprévisibles, gênant d’autres cargos qui essayaient de tenir leur cap. Les officiers français s’étonnèrent : "Vous n’avez jamais de trafic maritime dense chez vous ?" [1]

 Les informations pour le quart sont écrites sur du carton

A bord des navires français, toutes les informations (cap, vitesse, indicatif d’appel) sont écrites au marqueur partout sur du verre, y compris sur le pare-brise de la passerelle.

2. "Les rôles des membres du quart de veille ne sont pas clairs"

Les officiers français faisaient sans doute référence au membres du quart de veille supplémentaire, qui attendent dans les couloirs et les trappes d’accès.

3. « Il y a plus de quarts de veille sur le destroyer russe »

Il n’y a pas beaucoup de différences entre les quarts de veille français et russes. Sur le Tourville, le quart est remplace à 0400, 0800, 1200, 1500, 1800, 2000 et 2400. Sur le destroyer russe, il n’y a pas de rotation à 1500, mais à 1600). Mais les français ont quatre équipes de quart (et parfois trois), alors que nous avons deux ou trois équipes de quart.

Traduction : Fabrice

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Notes :

[1Paragraphe entre crochets dans le rapport