La mise en service du Nerpa masque le grand âge des sous-marins russes

  • Dernière mise à jour le 30 décembre 2009.

Le sous-marin nucléaire Nerpa K-152 a été admis au service actif dans la marine russe. Ce nouveau sous-marin du Projet 971U devrait être ensuite loué à l’Inde, pour laquelle il devrait naviguer dès l’été prochain. Un équipage indien va s’entraîner à bord avant la cérémonie de transfert.

Ses essais, qui ont commencé en 2008, ont été interrompu par un tragique accident le 8 septembre 2008, lorsque la diffusion non-autorisé d’un gaz d’extinction des incendies a tué 20 personnes et en a blessé plus de 20 autres. Cet accident a provoqué un retard dans les essais et le sous-marin a rejoint la marine russe plusieurs mois après la date prévue.

La location du sous-marin à l’Inde semble être une conclusion prévisible, mais inspire aussi quelques réflexions sur l’âge des unités de combat de la marine russe. Le dernier sous-marin nucléaire d’attaque est entré en service en 2001. Il s’agit d’un sister-ship du Nerpa, le Gepard. A ce jour, la marine russe possède 12 sous-marins de ce type, sans compter le Nerpa. Leur âge moyen est de plus de 15 ans. La marine russe dispose aussi de SNA d’autres types — 4 671RTMK (Victor III), 3 945 (Sierra I et II) et 9 sous-marins du anti-aériens du projet 949A (Sierra II)s. Au cours des 10 à 15 prochaines années, ils devront être désarmés parce que trop vieux.

Deux SNA du Projet 885 (Granay) sont actuellement en construction, le premier de série — le Severodvinsk — devant prochainement être mis à l’eau. Mais les projets actuels ne prévoient actuellement que la construction de seulement 6 sous-marins de ce type pour les 10 prochaines années, et ils ne pourront clairement pas remplacer tous les 28 SNA en service. Par conséquent, à moins que certaines mesures rapides ne soient prises, les sous-marins nucléaires russes seront d’ici 15 ans une force incapables d’accomplir des missions de combat.

Les SNLE ont aussi un morne aperçu. Les chantiers navals construisent actuellement des SNLE du projet 955 (Borey). 8 exemplaires sont prévus d’être construits, mais l’échec des essais du missile Bulava retarde leur mise en service. Et pour rester en formation compacte, ils doivent disposer d’une escorte de protection, dont des SNA.

Il y a peu d’optimisme du côté des sous-marins classiques. Leur âge moyen approche d’un niveau critique. Actuellement, la Russie construit une série de sous-marins du Projet 677 (Lada), bien que le premier de série — le St. Petersburg — dont les essais à la mer ont commencé en 2007, n’est toujours pas mis en service. Il est clair que les installations de construction disponibles ne respectent visiblement pas les exigences de la marine.

On ignore encore si un nouveau programme d’armement pour 2010-2020 permettra de résoudre le problème. Pour maintenir l’inventaire actuel exigé par la marine, il est nécessaire d’accroitre fortement le nombre de construction, et par dessus tout les SNA et les classiques. Mais rien ne semble augurer une telle augmentation.

D’une certaine manière, le problème pourrait être réglé en réparant et en modernisant les sous-marins existants, mais les réparations n’excluent pas de nouvelles constructions.

Compte-tenu du coût élevé des sous-marins du Projet 885 actuellement en construction, une voie de sortie serait un SNA à faible coût, plus petit et avec moins d’armes que le Severodvinsk de 13.000 t et lourdement armé. Les Etats-Unis ont pris une décision de ce type dans les années 90 lorsqu’ils ont choisi des sous-marins plus petits et moins couteux, les Virginia, que les énormes et très chers Sea Wolf.

De 12 à 15 sous-marins de ce type, couplés avec la construction d’un nombre plus petit de Projet 885 et la modernisation des plus récents sous-marins de construction soviétique, pourraient maintenir le potentiel de la force sous-marine russe.

Selon les informations disponibles, des plans pour un tel sous-marin sont actuellement dessinés au bureau d’études Malakhit, mais on ignore si le ministère prévoit d’en construire un.

Des problèmes liés à la rénovation des sous-marins classiques pourraient, selon des spécialistes, être résolus en commandant des sous-marins du Projet 636M (Kilo), qui ont déjà été construits en grand nombre, qui possèdent des caractéristiques intéressantes et son actuellement proposés à l’exportation. La construction de 8 à 10 sous-marins de ce type pourrait permettre de régler des questions liées à la construction des sous-marins du Projet 677.

Mais l’élément-clé nécessaire pour construire une marine de haut-niveau, y compris sa force sous-marine, est la compréhension du rôle de la marine et de son importance pour la Russie par les hauts dirigeants du pays et leur volonté politique de traduire cette compréhension en actes.

Par le commentateur militaire de RIA Novosti, Ilya Kramnik. Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celles de RIA Novosti.

Source : RIA Novosti (Russie)