La Navy veut réduire de moitié sa dépendance au pétrole d’ici 2020

  • Dernière mise à jour le 15 octobre 2009.

Les responsables du département de la Navy ont rendu public mercredi une série de nouveaux projets ambitieux pour renforcer l’efficacité énergétique de la Navy et du Corps des Marines, y compris l’objectif de mettre en place un groupe de bâtiments entièrement "sans pétrole" surnommé la “Great Green Fleet” (la Grande Flotte Verte).

Le secrétaire à la Navy, Ray Mabus, a rappelé la “Great White Fleet” du président Théodore Roosevelt, qui avait annoncé l’arrivée de la puissance maritime américaine en effectuant le tour du monde en 1907. Pour lui, la nouvelle attention portée à l’énergie pourrait devenir un point tournant aussi important pour la Navy.

Mabus veut que la Navy démontre en 2012 qu’elle peut faire naviguer une “Great Green Fleet” et l’envoie en mission en 2016, a-t-il déclaré, pour prouver que les Etats-Unis peuvent exercer une influence en mer sans avoir besoin de pétrole étranger. Il a comparé l’impact d’une flotte de demain, économe en énergie, au passage de la voile au charbon, puis du charbon au pétrole.

Le porte-avions et les sous-marins de cette "flotte verte", déjà en service, seraient à propulsion nucléaire. Les bâtiments de surface d’escorte disposeraient soit d’une propulsion hybride — comme celle que la Navy a installé à bord du navire d’assaut amphibie Makin Island, et qu’elle prévoit de tester à bord de destroyers de la classe Arleigh Burke — ou d’utiliser un bio-carburant dans les moteurs d’origine. Et les appareils de la flotte aérienne, y compris les chasseurs et les hélicoptères, n’utiliseraient eux-aussi que du bio-carburant, a déclaré Mabus.

Bien que cela démontre que la Navy puisse naviguer sans pétrole importé, la flotte ne serait pas “verte” au sens où de nombreux groupes écologistes utilisent le terme : ses navires à propulsion nucléaire produisent des déchets nucléaire et ses avions et navires classiques produiraient encore des gaz à effet de serre.

Les ingénieurs de la Navy ont démontré mardi à la base aéronavale de Patuxent River, qu’un moteur à réaction peut fonctionner à pleine puissance avec du bio-carburant. D’ici l’année prochaine, les responsables veulent faire voler un F/A-18 Hornet avec du bio-carburant, un appareil que la Navy a surnommé le “Green Hornet.”

Les autres objectifs du secrétaire Mabus :
 Rendre obligatoire que l’utilisation de l’énergie, l’efficacité énergétique, le cout sur la durée de vie et d’autres facteurs de ce type, soient pris en compte dans les décisions prises par la Navy lors de l’acquisition de nouveaux systèmes ou équipements, ainsi que l’efficacité et la politique énergétique des vendeurs.
 Réduire de moitié d’ici 2015 la consommation de pétrole dans la flotte de véhicules commerciaux de la Navy, en remplaçant les anciens véhicules par des hybrides.
 Obtenir d’ici 2020 la moitié de l’électricité des installations à terre de la Navy de sources alternatives — dont l’éolien ou le solaire — et, lorsque c’est possible, renvoyer l’excédent de production sur le réseau général, comme le fait actuellement la Navy sur la base d’essai des armes de China Lake (Californie). De son côté, le commandant du Corps des Marines, le général James Conway, a déclaré mercredi qu’il voulait que les bases du Corps situées sur le sol américain finissent par ne plus acheter d’électricité externe, et revendent l’excédent lorsque c’est possible.
 Parvenir à ce que la moitié de l’énergie utilisée dans l’ensemble du département de la Navy, à bord des navires, des avions, des véhicules et dans les bases à terre, proviennent d’ici 2020 de carburants alternatifs ou de sources alternatives. Aujourd’hui, ce pourcentage est d’environ 17%.

Mabus a déclaré qu’on lui avait dit que 40% était un objectif plus réaliste pour 2020, même s’il est difficle. Mais, pour le secrétaire, “la Navy et les Marines n’ont jamais reculé devant un défi.”

“Je ne demande pas l’impossible,” a-t-il expliqué.

Cependant, Mabus, Conway et le chef des opérations navales, l’amiral Gary Roughead, ont tous reconnu les importants défis, tant technologiques que financiers, qui doivent être relevés pour parvenir à leurs objectifs.

La volonté d’équiper un destroyer de la classe Arleigh Burke, par exemple, n’en est qu’aux tout premiers stades des études. Il n’y a aucune estimation de ce que couterait la mise en place de la “Great Green Fleet”, ou de remplacer les véhicules d’aujourd’hui par des hybrides. Le plan espère une avancée significative dans les carburants alternatifs, qui deviendraient économiques et efficaces. Et, bien que la Navy porte une attention nouvelle à la consommation de carburant et les couts d’usage lorsqu’elle achète de nouveaux équipements, elle va continuer à utiliser ses navires et avions très gourmands en carburant, y compris ses 55 LCS (littoral combat ships).

Mabus a indiqué qu’il n’était pas question de changer la conception du LCS, qui utilise 2 turbines à gaz et 2 moteurs diesel principaux, et qui ne peut atteindre sa vitesse maximale qu’en avalant voracement du gasoil. Cela va continuer, a-t-il indiqué, mais la flotte du futur utilisera des carburants alternatifs, qui rendront la Navy indépendante du pétrole étranger.

Mabus a reconnu que, aujourd’hui, il faut autant ou plus d’énergie pour produire un litre d’éthanol à partir de maïs qu’il n’en produit, ce qui réduit à néant les objectifs d’efficacité, mais il se dit persuadé que les bio-carburants de l’avenir, tirés des algues ou d’autres sources, pourraient résoudre le problème.

Même si peu de chiffres ont été donnés concernant le coût des nouveaux projets énergétiques de la Navy, il est clair que certaines des idées des dirigeants pourraient impliquer des millions de dollars. Par exemple, l’amiral Roughead a indiqué que la Navy étudiait la possibilité d’équiper ses vieux bâtiments du même système de propulsion hybride (diesel, électrique et à turbine à gaz) que le Makin Island, ce qui serait une modification très complexe.

Mais Mabus se dit persuadé que, si la Navy devient un leader dans l’innovation pour la conscience et l’efficacité énergétique, elle attirerait le savoir-faire — et tout aussi important, l’argent — pour parvenir à ses objectifs.

“Roosevelt avait envoyé la Great White Fleet faire le tour du monde sans argent pour les faire revenir,” a rappelé Mabus. “Mais il était certain que le Congrès voudrait le retour de la flotte, don, il savait que l’argent arriverait. Et il est venu. Personne n’est jamais parvenu à une grande réussite en étant timide.”

L'analyse de la rédaction :

La Navy et le Corps des Marines organisent les 14 et 15 octobre un forum sur l’énergie, destiné à explorer de nouvelles possibilités d’économiser les carburants et protéger l’environnement.

Source : Navy Times (Etats-Unis)