« Sans les militaires embarqués, ça aurait été une catastrophe »

  • Dernière mise à jour le 12 octobre 2009.

La visite en Espagne de Michel Goujon, directeur général de Orthongel, l’association qui représente les armateurs de thoniers français, dont un grand nombre pêche devant les très dangereuses côtes de Somalie, coïncide avec la séquestration du bateau espagnol « Alakrana ».

Les armateurs français, qui ont les mêmes problèmes de sécurité au large de la Somalie que leurs homologues espagnols, ont réussi à trouver une solution, puisque le gouvernement a répondu favorablement à leurs demandes. Désormais, ils pêchent avec des militaires à bord. Sans vouloir remettre en cause les décisions du gouvernement espagnol, sur lesquelles il conserve un silence prudent, Michel Goujon explique à ABC le résultat obtenu par sa flotte grâce à la présence de fusiliers-marins et de commandos-marine à bord pour les protéger contre les pirates.

« Plus de vie en danger »

« La situation était très difficile et, ce qui était en cause, c’est qu’on ne pouvait plus continuer à mettre en danger la vie des équipages. Il fallait trouver une solution, puisque, sinon, nous étions obligés d’arrêter la pêche. Nous aurions dû déplacer 5 navires vers l’Atlantique et les 10 autres auraient été obligés d’aller dans la zone de danger. Cela aurait été une catastrophe économique parce que les armateurs n’ont pas envie d’envoyer les bateaux dans des zones dangereuses sans protection ».

C’est ainsi qu’explique Goujon la situation dans laquelle se trouvait la flotte française en avril dernier et qui les a conduit à demander au gouvernement français la protection de la marine nationale. Face à la gravité de la situation, ils ont présenté le problème au gouvernement, avec lequel ils ont réfléchi à la solution la plus appropriée. Contrairement au gouvernement espagnol, la France a écarté de faire appel à des équipes de sécurité privées « parce qu’il y avait un problème légal » et, grâce au ministère de la défense, ils ont proposé d’embarquer des militaires pour assurer leur protection.

Cette solution a été lancée le 1er juillet dernier, dans une opération nationale, indépendante de la mission européenne « Atalanta ». « C’est une opération militaire distincte, basée aux Seychelles, où se trouve le commandement qui dirige la cellule de coordination et est en contact permanent avec le gouvernement. Nous payons le déplacement des militaires et l’entretien, et nous devons respecter une série d’obligations, comme pêcher par paire », explique ce spécialiste.

Le résultat de ce dispositif militaire a été très satisfaisant pour la flotte, « nous pouvons pêcher en toute tranquillité et le plus important, est la confiance des équipages. Pour nous, il n’était pas acceptable que nous n’ayons pas cette sécurité », explique-t-il. En ce sens, il affirme qu’il « faut éviter l’escalade de la violence qu’il y a au large de la Somalie, et les militaires sont les plus adaptés pour ça », indiquant dans le même temps que la sécurité privée « peut être une option, mais pas aussi bonne que les militaires ».

Michel Goujon a précisé que « l’état-major français est disposé à expliquer à l’Espagne les détails de l’opération et à échanger des informations ».

Source : ABC (Espagne)