Position du commandant de la marine brésilienne sur le choix des Scorpène

  • Dernière mise à jour le 23 août 2009.

Entrevue accordée par le commandant de la marine brésilienne, l’amiral d’escadre Julio Soares de Moura Neto, à la revue Forças Armadas.

“A l’heure actuelle, nous nous trouvons dans la phase de signature des contrats pour la construction au Brésil de sous-marins classiques et du premier sous-marin à propulsion nucléaire, qui constitue une priorité majeure du Programme de Réarmement de la Marine.

Sur ce point, il a été nommé le 26 septembre de l’an dernier, un coordonnateur général du programme de développement du sous-marin à propulsion nucléaire (COGESN), au sein de la structure organisationnelle de la direction générale du matériel de la marine. Ce coordonnateur a pour attribution de gérer le projet et la construction d’un chantier naval dédié aux sous-marins nucléaires et de leur base ; de gérer le projet de construction du sous-marin à propulsion nucléaire et de gérer le projet de détail du sous-marin classique devant être acheté par la marine brésilienne.

Le processus de sélection du sous-marin classe Scorpène a été long, exhaustif et judicieux. Il a impliqué des réunions, des visites dans les pays possédant des sous-marins nucléaires et des sous-marins de cette classe, ainsi que des analyses de divers rapports et d’intenses négociations.

Ainsi, pour parvenir à une conclusion sur le meilleur projet de sous-marin classique selon les besoins de la marine brésilienne, nous avons mené une étude complète des différents modèles de sous-marins disponibles, auprès des pays qui les utilisent, pour connaitre les qualités et les limitations de chacun d’entre eux.

Comme tout projet de cette complexité, il est normal qu’il existe des avantages et des inconvénients pour chacune des options examinées, évaluations qui ont été prises en compte dans les rapports et qui ont servi de base pour le choix.

Outre les particularités de projet, le Scorpène a l’avantage d’utiliser les mêmes systèmes (senseurs, système de combat, armement, système de contrôle de plateforme, etc) existants sur les sous-marins nucléaires français. Des modifications logicielles rendent compatibles les différentes nécessités de performance. Du point de vue logistique et de mise à jour technologique, il dispose d’un différentiel respectable.

Ainsi, en considérant la nécessité brésilienne d’abréger les processus — en réalité, de bruler les étapes, mais sans jamais compromettre la sécurité — le choix du projet Scorpène, pour servir de base au développement de notre projet de sous-marin à propulsion nucléaire, résulte d’études approfondies et d’une procédure murie de prise de décision. Pour la marine brésilienne, ce choix constitue l’option pour le moindre risque pour le succès de l’entreprise, qui constitue un rêve bercé par la force navale depuis déjà 30 ans.

Les sous-marins seront construits au Brésil. Dans ce cas, le modèle Scorpène sera adapté par nos ingénieurs. L’indice de nationalisation sera assez élevé, puisque plus de 36.000 éléments seront fournis par plus de 30 entreprises brésiliennes.

L’accord avec la France, pays qui possède une grande expérience sur le sujet et des technologies assez modernes, vise à réduire les étapes de la partie non-nucléaire du sous-marin à propulsion nucléaire, grâce au transfert de technologies de conception et de construction. Il existe aussi un grand intérêt de la marine pour obtenir que des entreprises françaises transfèrent à des entreprises brésiliennes la capacité de produire des équipements importants, qui possèdent des exigences de performance assez rigoureuses, nécessaires pour un fonctionnement dans des conditions extrêmement sévères, comme c’est le cas des sous-marins.

Cet accord est actuellement en phase finale de discutions, mais, il faut souligner que, comme le souhaitait la marine brésilienne, il prévoit le transfert de technologie pour la construction de sous-marins classiques et pour la partie non-nucléaire du sous-marin à propulsion nucléaire. Comme exemples, on peut citer la structure de la coque épaisse, les conditions de performance hydrodynamique, les périscopes, les systèmes de combat et de communication, les essais des hélices dans des laboratoires spécialisés, entre autres domaines.

Considérant la garantie donnée par le gouvernement français pour le transfert de technologies et les expériences positives recueillies sur le sous-marin Scorpène, la marine brésilienne n’a eu aucun doute sur le choix de ce modèle.”

Source : Poder Naval (Brésil)