Nouveau communiqué de la marine brésilienne suite à un article du journal ‘O Globo’

  • Dernière mise à jour le 17 août 2009.

La marine du Brésil a publié ce 16 aout, un communiqué en réaction à la publication dans le journal "O Globo" de la veille, d’un article sur le sous-marin nucléaire brésilien. La plupart des arguments du communiqué reprenant ceux du précédent communiqué, nous ne reproduisons ici que la partie du communiqué abordant des sujets nouveaux.

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Il faut remarquer, de plus, qu’en ce qui concerne le prix des sous-marins, l’auteur se livre à des simplifications hasardeuses. En retirant du prix total (6,8 milliards €) le prix du chantier et de la base navale (1,8 milliard €), en divisant le résultat (5 milliards €) par 5, il accrédite son calcul du prix de chaque sous-marin classique (1 milliard €). Il s’agit d’une tromperie. Il a oublié que la proposition française porte sur 4 sous-marins classiques, avec les transferts de technologie de construction et de conception de sous-marins, y compris de leurs systèmes de combat et de contrôle automatisé de plateforme ; et le projet et la construction d’un sous-marin nucléaire, dont le cout est bien supérieur à celui d’un sous-marin classique ; et, finalement, l’étude et la construction d’un chantier naval dédié à la construction de sous-marins nucléaires (et classiques), et d’une nouvelle base navale, pouvant les abriter. Cette simplification lui permet de conclure que “chaque sous-marin coutera plus de 2 fois le prix de la précédente proposition d’une entreprise allemande”.

En ce qui concerne les transferts de technologie, un contrat spécifique détaille toutes les technologies qui doivent être transférées par les français. Il y a aussi un accord de compensations (offset), établissant les domaines technologiques qui seront l’objet de transfert pour l’industrie nationale, impliquant, à ce jour, plus de 30 entreprises brésiliennes.

La marine brésilienne préfère d’autres sous-marins

Pour être clair, il faut établir pour commencer qu’il n’existe pas de proposition de HDW (Howaldtswerke Deutsche Werft), faite en octobre 2007, pour “construire 5 sous-marins au Brésil, et moderniser les 5 déjà existants, pour un montant de 2,1 milliards €”. Cette affirmation est si invraisemblable qu’elle ne résiste pas à l’arithmétique la plus élémentaire, et que, un peu plus loin, l’auteur conclut que "chaque sous-marin, pourtant, couterait 437 millions € — un peu plus de 2 fois moins chers que les Scorpène”, ce qui laisse à penser que, selon ces calculs, la modernisation des 5 sous-marins déjà existants serait gratuite. Il semble de mauvais foi, principalement pour essayer de faire croire que quelque chose qui a soi-disant été approuvé par la COFIEX en 2006 (cette date n’a pas été indiquée) puisse d’une quelconque manière avoir un lien avec une proposition faite en octobre 2007. En premier lieu,la COFIEX, en réalité, n’a rien approuvé, puisque rien n’a été publié au Journal Officiel de l’Union. Ensuite,une proposition a effectivement été présenté à cet organisme en ce qui concerne la modernisation des 5 sous-marins existants et la construction de SEULEMENT UN sous-marin. Ensuite, lorsque la marine brésilienne a décidé la modernisation de ses sous-marins avec des systèmes américains, pour un prix inférieur à celui proposé par les allemands, HDW a présenté une proposition remplaçant la modernisation par la construction d’un deuxième sous-marin, en maintenant le même cout initial, à savoir 670,97 millions €. De plus, un fait qui n’est pas mentionné mais qu’il convient de souligner, c’est que le prix des sous-marins allemands ne comprend pas le prix total de la main d’œuvre de construction, puisque ces travaux auraient été effectués ) l’Arsenal de la Marine de Rio de Janeiro (AMRJ), par des fonctionnaires de carrière de la marine, or funcionários de carreira da Marinha, sans que ce cout ne soit compté dans le prix des sous-marins.

D’un autre côté, il est vrai que, en 2005, la marine brésilienne avait opté pour la construction d’un nouveau sous-marin de modèle HDW, et qu’elle avait présenté à la COFIEX une proposition pertinente de financement.

Depuis 2004, vers la fin de la construction du Tikuna, le dernier des sous-marins construits sur modèle allemand, la marine, afin de maintenir la construction de sous-marins, pour ne pas perdre les technologies et pour améliorer ceux dont elle diosposait déjà, a effectué des études afin de choisir un projet de sous-marin qui répondrait mieux à ses exigences stratégiques. Après des analyses approfondies des projets existants, 3 projets ont été retenus, qui de façons différentes, répondaient à ces exigences : l’AMUR 1650 russe, l’U-214 allemand et le Scorpène français. Tous appartiennent à la même génération technologique.

De ces études, il en est résulté que le meilleur pour la marine était le Scorpène, non seulement parce qu’il était technologiquement plus moderne, mais aussi pour une série d’autres caractéristiques, en particulier pour un intervalle plus grand entre les maintenances, un facteur primordial pour un pays dont les intérêts maritimes s’étendent, en priorité, dans l’immensité de l’Atlantique Sud.

Dans le même temps, il n’y avait à cette époque aucune perspective concernant le programme nucléaire, — objectif majeur de la marine — , qui était maintenu, grace à des financements exclusivement internes, depuis 1996 dans un état quasiment végétatif. Dans ce contexte, la marine s’est vue contrainte de choisir une solution palliative, à savoir la construction de seulement un sous-marin supplémentaire. Dans ce cas spécifique, prenant en compte l’existence de 5 sous-marins allemands, il a été décidé de choisir le projet U-214, de HDW, cherchant d’un côté à maintenir une même ligne logistique, et d’un autre côté, éviter que le choix d’un modèle différent pour la construction d’un seul sous-marin, ne puisse conduire à des représailles des allemands, au travers du boycott des pièces détachées pour les sous-marins existants par exemple. Au début 2006, la décision a été rendue publique, conduisant, comme cela a déjà été indiqué, à la demande de financement auprès de la COFIEX.

Après la prise de cette décision, l’administration navale a bien communiqué ces faits à son seul public interne, au moyen de la publication de ces informations dans le Boletim de Ordens e Notícias, comme il est de coutume dans l’institution.

Cependant, au début 2007, le président Lula, après avoir eu connaissance d’informations plus détaillées sur le programme nucléaire de la marine, au cours d’une visite des installations du centre technologique de la marine à ARAMAR, a décidé de garantir des financements pour terminer le programme, rendant possible la reprise du processus qui au final conduirait à la construction d’un sous-marin nucléaire.

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Il faut insister sur le fait que, seul un pays qui construit des sous-marins nucléaires peut transférer les technologies nécessaires pour cela. Il ne suffit pas de savoir construire des sous-marins, comme le démontre le cas de la France pour qui, alors qu’elle construisait déjà des sous-marins, il s’est écoulé 29 ans entre la décision de construire un sous-marin nucléaire et la mise en service du premier. L’Allemagne ne construit pas de sous-marins nucléaires et, par conséquent, n’est pas en mesure de transférer de telles technologies. Peut-être donc, l’auteur de l’article imagine-t-il qu’il soit possible de les construire à l’AMRJ, en plein centre de la ville de Rio de Janeiro.

A ce propos, il faut préciser que, contrairement à ce qu’indique l’article, selon qui, en plus des 4 sous-marins classiques, la marine brésilienne achète “une coque supplémentaire qui — d’ici 20 ans — va recevoir un réacteur développé par le Brésil”, en réalité, le prototype de réacteur sera prêt en 2014 et le sous-marin nucléaire brésilien en 2021. Quelque chose de différent de “d’ici 20 ans”. Ici, il faut souligner que le réacteur nucléaire et ses dispositifs de contrôle, qui seront installés à bord du sous-marin nucléaire, seront totalement conçus et fabriqués par le Brésil, sur la base du prototype construit par la marine. Cette technologie ne sera pas transférée par la France.

En ce qui concerne l’aspect présenté comme curieux, à savoir que la France ne dispose pas de Scorpène, en fait, la France, comme la plupart des pays occidentaux qui disposent de sous-marins nucléaires, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France ou la Russie, n’utilisent plus de sous-marins classiques. Seule la Chine dispose des 2 types de sous-marins.

Quant à l’opinion exprimée par le député Julio Delgado, la marine se tient la disposition du parlementaire, depuis le 5 aout dernier, pour une présentation complète de tout le projet, de façon à ce que tous les éclaircissements lui soient donnés et éliminés tous les doutes. A ce jour, le député n’a pas trouvé de place dans son agenda.

Source : centre de relations publiques de la marine du Brésil

Source : Poder Naval (Brésil)