Mystère de l’Arctic Sea : un navire de commerce attaqué par des pirates dans les eaux européennes ?

  • Dernière mise à jour le 12 août 2009.

Pendant que leurs homologues modernes, armés de Kalashnikov, répandent la terreur au large de la Corne de l’Afrique, les pirates avaient disparu des côtes européennes depuis des siècles. Cependant, des gardes-côtes britanniques enquêtent maintenant sur ce qui pourrait être le premier cas de piraterie en Europe de mémoire d’homme.

Le mystère entoure l’Arctic Sea, un cargo de 98 m, avec un équipage russe, qui a quitté le 23 juillet la Finlande, transportant du bois, en direction du port algérien de Bejaia.

Aux premières heures du lendemain, en mer Baltique près de l’île suédoise d’Oland, le navire a été abordé par 10 hommes armés, portant des uniformes de la police, selon des informations de l’agence russe Tass.

Les attaquants ont attaché l’équipage pendant qu’ils fouillaient le navire, et volé peu de choses, dont un téléphone satellite, avant de s’enfuir à bord de leur embarcation gonflable. 3 membres de l’équipage auraient été blessés. Curieusement, l’attaque ne semble pas avoir été signalée immédiatement. Elle n’a été rendue publique que 10 jours plus tard, lorsqu’Interpol a publié une alerte.

Mais à ce moment-là, le cargo immatriculé à Malte avait disparu. Son dernier contact avec le monde extérieur remonte au 29 juillet, lorsqu’il a appelé les gardes-côtes britanniques, au niveau du détroit du Pas-de-Calais, pour indiquer sa destination : l’Algérie. Des signaux du système automatique d’identification du navire (AIS) ont confirmé la position.

"C’est tout ce qu’ils ont dit — où ils étaient et où ils allaient," a expliqué Mark Clark, de la Maritime and Coastguard Agency. "Ils n’ont dit qu’ils avaient été abordé ou détourné, ce qui semblerait un peu curieux. S’ils avaient été attachés par des pirates, on aurait pu pensé qu’ils en auraient parlé."

Selon sites qui surveillent les signaux AIS, l’Arctic Sea a disparu au nord de Brest aux premières heures du 30 juillet. Cela ne signifie pas nécessairement que la balise a été éteinte, puisque que la couverture du réseau a des zones d’ombre. Le navire a ensuite été repéré dans un avion de patrouille maritime au large du Portugal, indique Clark.

Et ensuite plus rien — le navire et son équipage semblent s’être évanouis sans laisser de traces. Le cargo était attendu à Bejaia il y a plus d’une semaine, mais n’est jamais arrivé. Des informations espagnoles indiquent qu’il n’a jamais passé le détroit de Gibraltar, ce qui pourrait laisser penser qu’il a descendu le long de la côte ouest de l’Afrique.

La marine russe a envoyé des navires de sa Flotte de la mer Noire en Atlantique à la recherche de l’Arctic Sea, selon le ministère russe de la défense, pendant que le Portugal mène ses propres recherches.

"Nous ne savons pas ce qui s’est passé, mais il est possible que le navire ait été attaqué par des pirates," a indiqué un porte-parole du Maritime Rescue Co-ordination Centre de Lisbonne. "Nous menons des recherches avec des avions et des bateaux, mais pour l’instant, il n’y a aucune trace de lui."

La communication avec les gardes-côtes britanniques reste un mystère, indique Clark. "Il est possible que les pirates aient encore été à bord. Même s’ils n’y étaient pas, il reste qu’un gros navire a semble-t-il disparu, ce qui est suffisamment inhabituel. Il est possible que la personne qui a parlé était soit un pirate soit un membre de l’équipage parlant sous la menace."

S’il s’avère qu’il s’agit effectivement d’un cas de piraterie, ce serait une situation sans précédent, selon Jeremy Harrison, de la Chamber of Shipping de Grande-Bretagne. "C’est hors du commun. Cela ne s’est jamais produit. Ce sont des eaux très surveillées," a-t-il expliqué.

Si les pirates ont éteint la balise AIS, retrouver le navire pourrait être très difficile, a ajouté Harrison. "Il peut s’écouler beaucoup de temps avant de retrouver un navire en difficulté, même lorsqu’on connait sa position approximative. Si le navire n’a pas coulé et qu’il essaie de se cacher ... eh bien, la mer est grande."

Source : The Gardian (Grande-Bretagne)