Combien de sous-marins nucléaires russes pour l’Inde — 1 ou 2 ?

  • Dernière mise à jour le 24 juin 2009.

Un haut-responsable du gouvernement russe a démenti les rumeurs parues dans la presse, selon lesquelles la Russie prévoyait de louer plusieurs sous-marins nucléaires à l’Inde. Selon un article, le responsable a déclaré que le contrat ne prévoyait le transfert que du seul Nerpa.

Le K-152 Nerpa est un sous-marin nucléaire d’attaque de la classe Schucka-B (code OTAN Akula-II) qui doit être loué à la marine indienne pour 10 ans. A la chute de l’Union Soviétique, le sous-marin n’avait pas été terminée et sa construction a ensuite repris avec des fonds indiens.

"Nous allons louer un seul sous-marin. A mon avis, l’Inde a besoin du sous-marin, plus pour renforcer son prestige que pour mener des missions précises," aurait déclaré Vyacheslav Dzirkaln, directeur-adjoint du Federal Service for Military-Technical Cooperation, selon RIA Novosti.

Cette déclaration du directeur adjoint du Federal Service for Military-Technical Cooperation va complètement à l’encontre des déclarations qui auraient été faites à la mi-décembre 200_ par le directeur de ce même organisme. (Voir : La Russie va probablement louer des sous-marins nucléaires de la classe “Shchuka-B” à l’Inde).

"Oui, il y a une réelle possibilité de louer pour 10 ans plusieurs de nos sous-marins nucléaires d’attaque du projet 971, classe “Shchuka-B”," avait déclaré selon ITAR-TAS le directeur du service fédéral pour la coopération militaro-technique (FSVTS), Mikhail Dmitriyev.

Le même article citait aussi d’autres responsables disant que le Nerpa (qui doit être mis en service dans la marine indienne sous le nom de INS Chakra) constituerait un important renforcement des capacités navales de l’Inde, ce qui serait maintenant contredit par cet article.

Un achat d’Akula

De précédents articles parus dans la presse russe, en remontant jusqu’à l’été 1998, ont évoqué la visite d’une délégation de la marine indienne dans une base de sous-marins Schucka-B/Akula de la Flotte russe du Nord. Cette délégation avait exprimé son intérêt en novembre de cette même année pour l’achat éventuel de 2 sous-marins de ce type.

Cette demande avait été évoquée par le ministre russe de la défense de l’époque, Igor Sergeev, au cours d’une visite à New Delhi en mars 1999. Des articles avaient indiqué que, à cette époque, les Russes avaient proposé de terminer les coques inachevées de 2 sous-marins Schucka-B/Akula avec un financement indien. Il s’agirait du Nerpa et du Gepard, le premier sous-marin de la classe Schucka-B/Akula II, le Vepr, ayant déjà été mis en service en1995.

Les détails n’ont jamais été rendus public mais il semble que les sous-marins seraient donnés en location parce les lois russes de l’époque ne permettaient pas l’exportation de matériels aussi sensibles que des sous-marins nucléaires. Il fallait aussi garder à l’esprit la sensibilité des Américains et des Chinois, ces 2 pays étaient prêts à crier au fou si les Russes avaient annoncé la location ou la vente de ces sous-marins.

Il faut se souvenir que, en 1999, la Russie était dans une position très vulnérable, après l’effondrement de l’Union Soviétique, et n’était pas intéressée à déclencher des polémiques, en particulier avec les Chinois et les Américains.

1999 est aussi l’année où, par coïncidence, le gouvernement indien a décidé d’augmenter le financement de son sous-marin nucléaire de conception locale, le projet ATV (Advanced Technology Vehicle), à environ 10 milliards de $, avec un financement garanti pour toute sa durée.

Depuis cette époque, aucun détail en Russie n’était disponible en ce qui concerne la vente ou la location de sous-marins Schucka-B/Akula à la marine indienne.

En 2006, une analyse effectuée par un journal économique russe a examiné les annonces du ministère russe de la défense sur ses revenus annuels pour 2005. Elle a révélé une incohérence qui ne pouvait être expliquée que si les Indiens avaient payé de l’argent pour la construction de 2, et non pas 1, sous-marins Schucka-B.

Autour de la même époque, pour rendre les choses plus confuses encore, des articles ont commencé à indiquer que l’Inde avait payé 650 millions $ (460,5 millions €) pour la location d’un seul Schucka-B.

Très probablement, comme cela s’est passé avec tous les contrats payés dans la période 1998-2004, le contrat pour les Akulas — s’il est bien pour 2 — serait maintenant l’objet d’âpres négociations, les Russes déterminés à obtenir un prix plus élevé pour la fin de la construction et la location du second sous-marin, que la somme à laquelle ils s’étaient auparavant engagés.

Un silence discret du côté de New Delhi pourrait être le signe de son désir de ne pas révéler sa stratégies de haute-mer, avant que les moyens de la mettre en place ne soient disponibles.

Alors que la marine chinoise dispose déjà d’une force importante de sous-marins nucléaires, qui lui permet d’étendre facilement ses opérations jusque dans l’océan Indien, la marine indienne n’a pas seulement besoin de la présence ponctuelle d’un unique sous-marin nucléaire, mais du confort du nombre.

On ignore quand l’ATV, qualifié de "baby boomer", pourra enfin naviguer. On ignore aussi si c’est une seule coque d’ATV qui a été construite au chantier naval de Vizag ou 2. Ce qui est certain, c’est que la marine indienne a rapidement besoin d’une force nombreuse de sous-marins nucléaires, compte-tenu du renforcement important des capacités de la marine chinoise et de l’importance stratégique de la région de l’océan Indien.

Tous les conflits de moyenne et de haute intensité du monde, sont situés dans cette région stratégique, y compris la Guerre conduite par les Américains contre le terrorisme. Compte-tenu de la hausse incroyable du prix et de l’importance du pétrole, et de la quantité du commerce mondiale qui transite par la région, la région a pris une importance qui était auparavant, au maximum de la Guerre Froide, l’apanage de l’océan Atlantique.

Il faut remarquer que, particulièrement dans l’affaire du porte-avions Admiral Gorshkov, les Russes ont laissé clairement apparaitre dans la presse leur intention de renégocier les contrats existants pour augmenter leur prix. Il faut aussi remarquer que, après une période de silence, puis de démenti, New Delhi a ensuite été forcée de reconnaître les problèmes qu’ils rencontraient dans un contrat russe "précis".

Source : Domain-B (Inde)