Les options limitées des marines occidentales dans la lutte contre la piraterie

  • Dernière mise à jour le 10 avril 2009.

La recrudescence des attaques de pirates au large de la Somalie ces dernières semaines, démontre les limites des possibilités d’action des marines au large de la Somalie.

Le non-spécialiste peut s’en étonner : alors qu’un nombre important de navires de guerre modernes patrouillent au large de la Somalie, une bande de pirates en guenilles continue de faire régner la terreur sur les mers au large de la Somalie.

Depuis janvier dernier, les pirates ont lancé 66 attaques. Ils retiennent encore 14 navires et 260 marins en otage.

Les raisons de ce qui peut passer pour un échec aux yeux du grand public sont nombreuses. La zone à protéger est tout simplement trop grande et il y a trop de navires de commerce pour pouvoir assurer, avec seulement une vingtaine de bâtiments, leur protection ou leur escorte. D’autre part, l’autorité légale des marines militaires est limitée, même dans le cas de navires de commerce arborant le même pavillon. Et les pirates, qui se font passer pour des pêcheurs inoffensifs, ne peuvent être arrêtés que s’ils sont pris sur le fait.

Selon l’US Navy, il faudrait au moins 61 bâtiments (donc beaucoup plus pour assurer une présence permanente) pour contrôler et protéger la seule route commerciale dans le Golfe d’Aden, c’est une très petite fraction de la zone de plus de 2,5 millions de km² où les pirates opèrent. Au total, en comptant, les différentes forces présentes dans la région, il n’y a qu’un vingtaine de bâtiments de guerre, appartenant à 17 nations différentes, actuellement en patrouille.

Et lorsque la pression des bâtiments de guerre devient trop forte dans un endroit, les pirates changent de tactique et vont tout simplement ailleurs. Au cours de la semaine dernière, les pirates ont lancé des attaques jusque dans l’archipel des Seychelles, à plus de 1.500 km de la côte somalienne.

Des océans de cette taille ne peuvent être surveillés complètement, en permanence, même avec des équipement de détection de très haute technologie.

Il y a aussi la question des règles d’engagement et des aspects légaux : où et comment poursuivre les pirates, quelles éléments seront retenues par les tribunaux pour qualifier un prévenu de pirate, jusqu’à quel point les marines peuvent ou doivent aller pour protéger la navigation commerciale ? D’autre part, on le voit dans les 2 affaires actuellement en cours devant la justice française : les militaires ne sont pas des policiers. La question se pose donc de savoir quelles règles de procédure s’appliquent à eux. Peuvent-ils effectuer les arrestations des pirates, peuvent-ils saisir des preuves ?

Pour certains responsables militaires américains, la seule solution réaliste est une intervention à terre en Somalie, là où l’argent des rançons alimente des activités illégales.

Mais cette option signifie d’intervenir militairement dans un pays souverain, même s’il est défaillant. Cela signifie que, même si le gouvernement de transition est d’accord, il faudra obtenir une résolution du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Et le précédent de l’intervention menée en 1991, qui a justement conduit à la situation actuelle, refroidit fortement les ardeurs, même des plus va-t-en-guerre.

Officiellement, l’US Navy étudie la question d’ordonner des frappes en Somalie. Mais il est peu probable qu’on assiste à une intervention de grande ampleur, avec débarquement des Marines et occupation du terrain.

Source : Associated Press