Pourquoi la coalition anti-pirates est impuissante face à de nouvelles attaques

  • Dernière mise à jour le 8 avril 2009.

La dernière semaine, la coalition navale internationale anti-pirates a été sous pression au large de la Corne de l’Afrique. Les pirates somaliens ont changé de tactiques et obtiennent des succès dans les zones où les bâtiments militaires ne se trouvent pas. Les pirates attaquent aussi plus de bateaux yéménites pour les utiliser comme plateforme pour lancer de nouvelles attaques.

De nombreuses forces navales sont actuellement présentes au large de la Somalie et dans le golfe d’Aden : SNMG 1, opération européenne Atalante, CTF-151, ainsi qu’une demi-douzaine de marines asiatiques. Pourtant le nombre d’attaques — et de détournements réussis — augmente.

Le New York Times résume très bien le problème :

Le Lt. Nathan Christensen, un porte-parole de l’US Navy, a qualifié d’“incroyable” l’augmentation du nombre des attaques.

Il a indiqué que la Navy concentrait ses efforts dans le golfe d’Aden, mais la zone au large des côtes de Somalie faisait plus de 2,5 millions de km².

“Nous ne pouvons être partout,” explique-t-il. “C’est la même chose que, lorsque les flics ne sont pas là, les voleurs y vont.”

Ce qui est embarrassant, ce n’est pas seulement que c’est tout à fait croyable, c’est que c’était tout à fait prévisible. Les tactiques et les capacités des navires déployés au large de la Somalie sont celles qu’ils utiliseraient s’ils devaient se battre les uns contre les autres, plutôt que d’être guidés par la nature de l’environnement et l’exploitation tactique que l’ennemi (les pirates) peut en faire. La nature des opérations anti-pirates au large de la Somalie sont défensives et réactives, pas offensives ou proactives. Dans ces conditions, il est certain que les pirates vont continuer à gagner.

Soyons clair. Les règles d’engagement et les principes légaux appliqués pour combattre la piraterie en Somalie ne sont pas suffisants pour cette tâche. Dire le contraire reviendrait à dire que les puissances navales du 21è siècle sont tout à fait inadaptées pour sécuriser les voies maritimes au large d’un état défaillant, alors que les voiliers en bois des 16, 17, 18 et 19è siècles arrivaient tout à fait à le faire.

La piraterie en Somalie est, et de beaucoup, plus forte qu’en 2008. Malgré toute la puissance navale rassemblée dans cette zone. Les données semblent indiquer que le seul facteur expliquant le calme apparent du début de l’année, serait la météo. Suggérer que la seule présence navale peut faire la différence, c’est ignorer l’évolution tactique que les pirates pouvaient choisir, et qu’ils ont choisi, à savoir déplacer les attaques du golfe d’Aden (au nord de la Somalie) vers l’océan Indien (à l’est et au sud-est de la Somalie). Au 6 avril 2009, il y avait déjà 8 détournements de navires de commerce de grande taille contre 4 à la même période de 2008. Sans compter les détournements de bateaux de pêche et de yachts.

Alors qu’il y a dans la région 27 bâtiments militaires de toutes nationalités, le nombre d’attaques de pirates est déjà 3 fois plus élevé en 2009 qu’en 2008. Il faut néanmoins souligner que les forces navales ont une utilité, sans leur présence, beaucoup d’attaques qui ont échoué auraient fini en détournement.

Les pirates ont changé de tactique. Combien de temps faudra-t-il pour que la coalition navale s’adapte ?

Malheureusement, la lutte contre la piraterie ne réussira probablement pas à juguler le problème parce qu’il n’y a pas la structure de force pour le faire, parce que la politique a imposé des règles d’engagement restrictive, et qu’il n’y a pas la volonté politique de réussir dans le cadre de la structure actuelle.

Source : Information Dissemination (Etats-Unis)